Mon pépé est triste d’être heureux.

Toutes les nuits, il rêve d'elle en se répétant comment trucider la mémé que j'aime par-dessus tout, dilemme des plus coronariens. Oui, je l'ai dit, mon pépé est très con. Ne lui viendrait jamais à l'esprit que l'on puisse aimer ceux que l'on aime, sans même les occire pour autant. Que voulez-vous de toute sa vie, il n'a appris qu'à détester autrui, comment pourrait-il savoir que l'amour passionnel et la haine viscérale sont les deux états extrêmes qui cheminent sur la même chaîne sentimentale, comme la glace et la vapeur sont quand même de l'eau. La banquise au nord est nuage à l'équateur.

Il vint me voir un soir, en amoureux transit, pour glaner des conseils de séductions.

-         Fiston, dis-moi, toi qui n'est pas comme moi, comment courtiser une femme ?

-         Ecoute ton cœur, il te dira mieux que n'importe quel conseilleur.

C'est ainsi qu'après un tête à tête avec son cœur, le pépé décatit alla cueillir des fleurs jolies dans les prés pour en faire un bouquet guilleret. Et c'est en cherchant ses belles fragiles qu'il eut cette révélation tardive :

« Que de temps perdu dans ma vie, mais que de temps perdu… mais quel con, je suis ! »

Celui qui n'a jamais osé ne sait rien de l'intrépidité.