Navigation (5)

inta

Le capitaine a la joue marquée d’une tâche de méduse. Ses cheveux sont longs, défaits, suspendus sur le chemin de l’air. Dans la brume, il estime, dévalise les faciès des brouillards maritimes.

C’est de là qu’il verra bientôt ce qu’il attend, l’autre navire, celui qui n’a pour gouvernail que les vents d’océan.

Il ne pouvait pas croire que des impossibles mystères, celui là, plus intangible encore, celui qui relève les âmes à hauteur de vigie, seraient là pour lui.

De ses voiles en méandre de pavillon-pirate, de sa proue balancée par les tangages au sud, le navire est proche et si loin. Il partage, paisible, le trouble des albatros, et le cri silencieux des abysses qui pleurent.

Il vient.

Le capitaine aux mains tendues, aux cheveux longs, défaits, suspendus sur le chemin de l’air, ouvre, ses yeux longtemps fermés, sur l’horizon et happe sans y penser les cordages tendus.

Il embarque, pour suivre la route qui n’était pas écrite, celle qui va de royaume en misaine, sans rien dire de ce qui la guide.

Il embarque et la brume s’échappe.

Signaler ce texte