Ode à l'été

Turkan Kocer

Le soleil dans ma tête bouscule la tempête bretonne, le gris du ciel qui n'en finit pas.

Sur cette plage déserte, j'ouvre le coquillage. 

Il est vide, creux en son sein. Son écrin lisse et immaculé a pourtant bien un jour abrité une vie. Telle la Terre, il fut habité. Vêtu de particules, d'atomes, il déploya un jour cette énergie pour se nourrir, se multiplier.

Je m'ennuie sur cette longue langue de sable blanc.

Il coule, il court sous mes doigts. Chatouille ma peau. M'échappe. Comme le temps, il file.

Le ciel de son bleu pastel, offre à l'océan ses mille et une nuances. Le soleil complète l'oeuvre. De ses scintillements, l'astre dépose en milliers de baisers son éclat sur l'eau.

La brise caresse ma nuque offerte à son étreinte. Doucement, elle m'emporte vers le liquide tiède. 

L'écume fragile et fugace, tâtonne sous mon pied. M'invite à creuser de mon orteil la vase.

Lentement je m'enlise dans le bleu profond de la Mer. Sans hésiter, audacieuse, elle ceint ma taille. 

Ses épais doigts translucides traversent mon épiderme. Leur course haletante saisit ma silhouette. 

Je me laisse porter, comme le fœtus dans l'antre liquoreux. Sécurisant. Vital.

Je me sais dans mon habitat. Je suis l'enfant de la Mer, qui me berce de son chant de sirène. Je flotte dans ce ventre nourrissant. Réchauffant. 

Unique, je suis enfin moi. Loin du tumulte, mon esprit s'abandonne dans cette péninsule de plénitude. 

Seule je m'étends, grisée de lumière, irriguée de chaleur. 

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