Oh Cherry Pink, Feel the Blue.

Juliet

Quand il s’agit d’amour je fais de la dyslexie,
mes mots partent toujours en désordre ;
ils bloquent mon cerveau et voilà l’apoplexie,
c’est l’hameçon auquel je viens mordre.
Je préfère me taire à jamais que de parler de toujours,
l'éternité a cette notion dégoûtante de mort.
Si quelqu’un veut jouer avec le feu je lui laisse mon tour,
et qu’on laisse ma raison décider seule de mon sort.
Non mais vous n’avez pas l’impression d’avoir tort ?
À toujours vouloir trouver le seul ou la déesse ;
des gens sur ces milliards il y en a pléthore
qui pourraient défier celui qui vous tient en laisse.
Vous croyez tous pouvoir trouver le meilleur,
comme si d’évidence vous le méritiez !
Même Dieu vous dirait d’aller voir ailleurs
s’il avait pour vous un tant soit peu d’amitié.


Quand il s’agit d’amour je suis paralysé ;
mon corps ne suit jamais les pensées de l’autre,
mais trouver sa moitié est tant médiatisé
comme but ultime qu’on oublie le nôtre.
Déjà de moitié je n’ai jamais eu besoin,
idiots, parce que je suis entier en tant que moi-même.
Je préfère tant être seul pour aller loin
car c’est un bâton dans les roues que de savoir qu’on m’aime.
Si vous n’aviez pas cru aux contes de fées,
vous n’auriez tenté de les transposer dans le réel ;
mais vos neurones ont été bien défaits
et voilà que vous pleurez de voir ce monde cruel.
Il ne fallait pas penser que c’était votre destin
avec vos évidences absurdes de mégalomanes.
Et vous faites tous du cœur des autres votre festin
pour remplacer je crois le vôtre qui est tombé en panne.
Mais vous n’obtiendrez jamais rien de cœurs morts,
laissez donc vos poitrines pleines de vos vides !
Il est vain de vous construire des remords
quand vous pleurez de vos yeux tout aussi avides.
Vous ne serez jamais capables de changer,
car la nature humaine est de n’être pas humaine ;
vous n’avez surtout aucune envie d’échanger
vos coins de Paradis auxquels l’harmonie amène.


Quand il s’agit d’amour je suis handicapé ;
j’ai comme une atrophie du cerveau qui m’empêche de comprendre.
Et vos soins d’urgence dont je suis rescapé,
je jure que si j’en entends à nouveau parler je fais pendre
le premier lâche qui refuse de regarder en face
la vérité qu’ils me contraignent à des illusions.
Ma vie n’a pas besoin de lettre d’amour comme préface,
pardonnez-moi si vous méritez tous ma dérision ;
il faut dire que vous n’êtes pas crédibles
à parler d’amour quand vous ne faites que haïr,
et tous vos pleurs forcés me sont inaudibles
au point parfois que j’en suis tenté de me trahir
pour mettre enfin un terme définitif
à votre jeu où personne ne s’amuse.
Vous devriez aimer à l’impératif
plutôt que de confondre âme sœur et muse.
D’ailleurs mon âme n’a pas besoin de jumelle ;
il me suffit de savoir qui je suis avec un miroir.
Non mais de quoi donc est-ce que je me démêle
lorsque je m’empêtre dans vos histoires que je dois croire !

Quand on parle d’amour moi je fais la grimace,
car c’est de l’eau de rose qui me passe en travers de la gorge ;
et puisque vous semblez tous être à la ramasse,
je subirai vos rires tranchants jusqu’à ce qu’ils vous égorgent.


(écrit le 10 avril 2012)

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