Once Upon a Time

Alex De Querzen

PUBLIÉ SUR http://www.alexanderdequerzen.com/texte/once-upon-a-time/

Il était une fois.
C’est ainsi que commence tous les contes de fées.
Donc…

Il était une fois un resto pas loin de chez moi.
Un resto où j’allais souvent. Et où je me sentais bien. Un peu comme une cantine en mode resto.
Pas de serveurs ou de serveuses se prenant pour le nombril du monde.
Pas de prix excessifs pour de la bouffe de merde.
Pas d’incitation à la débauche de consommation.
Non. Rien de tout ça. Juste un endroit où manger, où discuter avec des amis. Où pouvoir passer des heures à discuter, en s’entendant, reliés au monde mais coupés de tout…

Et c’est là que je l’ai vue.
Au départ, juste une serveuse plus souriante que les autres.
Au départ, juste quelqu’un qui maîtrise plus la psychologie humaine que les autres : une nana qui sourit à un mec a déjà fait la moitié du boulot, une nana qui sourit à une nana à déjà régressé…
Au départ, un sourire.
Puis une attitude.
Puis une impression de relaxitude qui se dégageait d’elle, incitant à la conversation.
Incitant à la discussion.

Le physique attire.
Le mental accroche. Où décroche.

Bizarrement, pour la première fois en … un an ? Un an et demi ? Bizarrement disais-je donc, je me suis retrouvé dans la position inconfortable du chasseur. Non plus du chassé, qui n’a pas à lever le petit doigt, qui a juste à être lui-même, qui se fout complètement de savoir si ” elle ” va appeler, répondre, se manifester…
Mais dans la position inverse.
Celle du chasseur.
Sauf que dans ce cas présent… Je ne pense pas que ce soit ça.
Plutôt un chasseur chassé.
Ou un chassé chasseur.
L’alchimie parfaite entre les deux.
Pas parfaite au sens ” panthère rose ” du terme.
Plutôt dans le sens ” relation éventuelle “.
Le juste milieu. Celui où vous vous dites ” bordel, mais on me comprend ! ”

Pardon ?
Les gens vous comprennent ?
Pas moi. Je bosse 16h par jour, 8h professionnellement, 8h personnellement, consacrant le reste aux tâches courantes : manger, boire, fumer, dormir, me laver, me bouger…
Et le pire ? C’est que ça me plaît.
Ça me convient parfaitement.
Je me vide la tête, me concentre sur ce que je sais faire, personne à appeler à midi pour dire que je me suis bien brossé les dents, que j’ai bien mangé et que ” Oui oui ma chérie je serai de retour à 19h pour l’apéritif avec les voisins “.
Erk.
Train train quotidien, routine… Ce ne sont que la rustine d’un truc qui fonce droit dans le mur s’il n’y a pas d’action personnelle (dans le sens solitairement seul(le) du couple duo).
Bref, rien d’intéressant.
Mais là….

Reprenons la chronologie.
Attirance. C’est un fait, c’est purement animal : la parade sexuelle du paon est remplacé par la parade vestimentairement monétaire.

Et pis un beau jour…
(ça y est j’y arrive enfin, le fameux once upon a time…)

Je m’baladais sur l’avenue,
Le cœur ouvert à l’inconnu,
J’avais envie de dire bonjour à n’importe qui,
N’importe qui et ce fut toi,
Je t’ai dit n’importe quoi,
Il suffisait de te parler pour t’apprivoiser.

Bon, pas vraiment le trip.
Mais c’est venu d’un coup d’un seul, je te vous promets jure que je ne recommencerai pas.
En tout cas, je me baladais et passant près d’un café avec l’idée de boire rapidement un verre, je tombais sur ” elle “.
” Elle ” qui me dit bonjour, m’invitant par la même à boire un coup.
Ce que j’acceptais avec grand plaisir.
Et je commençais à parler avec.

Et je retombais en enfer.
Je croyais être doué.
Je croyais être mature.
Je croyais être intelligent.
Je croyais être insensible, ou du moins ‘insentimentable’.
Et je me suis trompé.

Mais alors là du tout au tout.
Passant du mode ” je n’ai besoin de personne sur ma Harley Davidson ” (enfin, dans mon cas, il s’agit plutôt d’une trottinette Micro) au mode ” tout tout pour ma chérie “.
Mais ce n’était pas ma chérie

Juste quelqu’un qui comprenait (ou du moins avait l’air de comprendre) mes soucis.
Juste quelqu’un qui pouvait me bâcher… Et que je ne prenais pas mal.
Juste quelqu’un de relax, tranquille, vivant comme moi…
Mais pas tout à fait.
Des détails me semblaient attirants.
Ces mêmes détails qui pourraient m’éloigner.

En tout cas, j’ai parlé comme jamais je n’ai parlé à quelqu’un que je connaissais depuis 2 heures seulement.
Et ça m’a fait un bien fou.
Et (plus important), son regard, ses gestes, sa posture m’ont donnés envie de la connaître.
Chose impossible à priori.
Chose possible à fortiori.
Essayez pendant les 30 secondes qui suivent de ne pas penser à un ours blanc aux yeux bleus.
Maintenant, dites moi si vous y êtes arrivés !

Parce que moi, j’ai beau me dire de ne pas penser et analyser, je me sens comme Jim Phelps (version plus de 25 ans) ou comme Ethan Hunt (version moins de 25 ans), c’est une mission : impossible.

J’arrive pas à zapper.
J’arrive pas à oublier.
J’arrive pas j’arrive pas j’arrive pas j’arrive pas j’arrive pas…

Là où ça fout vraiment la zone. Mais alors là où ça fout grave le bordel dans le merdier, c’est le simple point de détail suivant : alors que je ne crée que quand je vais bien ou mal. Et alors que mon cerveau est occupé (en partie infinitésimale) par ” elle “…. Je n’ai jamais eu autant envie de créer que… maintenant, merci pour ceux du fond qui suivent.
Allez comprendre le schmilblick.

Wait and see disait l’indien.
I can’t wait and i don’t see lui répondrais-je.
Impatient dans la patience.
Patient dans l’impatience : je ne contrôle tout simplement pas le truc.
Mon cerveau est ailleurs, mon cœur, ou du moins ce qui pourrait plus ou moins s’en approcher est comme un chat, il a envie de (re)jouer.
Même joueur joue encore.

Signaler ce texte