Par Dessus Tout

gill

Je m'adresse à ton pardessus posé là, sur l'accoudoir de mon canapé, lui qui ne connait que mes pelures, la nuisette jetée à la hâte, le peignoir moite de mes odeurs, mon manteau parfumé des mille et un remugles de la rue.........


Ton pardessus posé là depuis la veille.


Il ne livre aucun secret, replié comme il l'est sur lui-même, il semble pourtant satisfait d'être là, sans pourtant prendre l'aisance qui lui est permise en ce lieu.


Je ne vois que lui dans cette pièce qui m'est totalement dédiée, posé comme attendant un cintre pour mieux se faire oublier, alors qu'il me semble tout faire pour le contraire, justement.


Posé, nu, vide de sa substance, elle-même assise face à moi, détricotant à l'envi des petits pans de vie, cocktails que ma curiosité assoiffée déguste, encore, j'en veux encore ; je tire un autre bout de fil, un autre pan se déroule, pas envie de te voir partir, pas encore.


Le pardessus patiente, se fait oublier, pas jaloux, il te partage du moins, me semble-t-il.


Au bout de sa manche sans vie, j'imagine une main que j'aimerais saisir et garder, le temps de lui donner ma chaleur, le temps de prendre la sienne, juste un instant.


En passant, je laisse trainer ma main sur lui, comme je le ferais sur toi, mais avant que j'ose, ton pardessus se râpera sans doute !


Encore des mots, quelques éclats de fossettes, le pardessus devient marron triste, il est temps qu'il retrouve sa substance, qu'il reprenne vie, qu'il t'emmène vers d'autres pans de vie qu'un jour prochain tu dérouleras face à moi.


Bizarre impression que l'accoudoir gémit

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