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Isabelle Gabriel
Sur le monticule de tes ossements séchés
J'ai marché, j'ai couru, j'ai dansé jusqu'au sang.
Tu avais fait, pauvresse, de l'effroi ton amant
Et il t'a recouverte de haillons variolés.
Sous mes pieds la douleur de ton crâne brisé,
J'ai marché, j'ai couru, j'ai dansé jusqu'aux transes,
J'ai laissé ton cimetière, la fosse aux mésalliances :
« Adieu Pauvresse ! Il est grand temps de te quitter ! »
Dans mes bras en nacelle j'ai blotti mon passé,
Nourrisson insolite, étrange et silencieux,
Pour une ultime berceuse, pour un dernier adieu,
Il s'est endormi pour ne plus se réveiller.
Aux nymphes écarlates je l'ai alors confié
Il a vogué lentement au travers des ombres
Et a regagné sa place, ses heures sinistres et sombres,
Sa fade solitude, ses phtisiques nausées.
Je deviendrai ce soir la brodeuse aux pieds nus
Marchant, courant, dansant jusqu'aux velours glaciaires
Pour festonner la nuit d'anémones lunaires
Telle une petite main folâtre et ingénue.
J'aimais beaucoup cette formule des deux premières strophes, comme un refrain intégré: "J'ai marché, j'ai couru, j'ai dansé..." Son côté percutant et lancinant à la fois était très efficace pour bousculer et provoquer l'émotion juste. Il me semble que l'on perd cela au final, à cause du futur qui n'y gagne rien, et du participe présent qui n'apporte pas grand chose. Votre dernière strophe mériterait la puissance des premières, et plus encore même!
· Il y a environ 8 ans ·Frédéric Clément
Beau et terrible à la fois !
· Il y a environ 8 ans ·Louve
Je cherche depuis tout à l'heure le mot ou la formule, mais j'y étais.
· Il y a environ 8 ans ·Loxias