Petit conte en vers : L'enfant et le soldat

Paul Stendhal

L'enfant et le soldat

 

Un soldat recouvert d'un papier de soie bleue,
Sommeillait sous une couette de fortune.
Dans la boîte ainsi posée, il semblait heureux,
Et se mit à rêver qu'il était sur la Lune.


Il sortit de son lit de carton pour la voir,
Et d'un bon, il se trouva debout sur du sable,
Qui projetait des reflets bleutés plein d'espoir,
Le réconfortant d'une peine inconsolable.


Triste et troublé de ne plus voir sa belle amie,
Il ne put se retenir de verser des larmes,
Tombant de ses joues en fines gouttes de pluie.
Elles n'ôtaient rien au chevalier de son vrai charme.


D'un revers de main, il s'essuya le visage,
Et regarda devant lui le beau paysage.
Un océan de couleurs brillait à ses yeux,
Révélant la beauté d'un magnifique lieu.


La Lune rendait son rêve si merveilleux,
Qu'il se sentit alors d'un coup bien valeureux.
S'avançant sur des chemins parsemés de fleurs,
Il aperçut au loin une belle lueur.


Elle venait d'une maison au toit de chaume,
D'où une cheminée répandait sa fumée.
En frappant à la porte, il entendit des psaumes,
Et reconnut la voix claire, de sa bien-aimée.


Dans une robe de soie bleue, elle apparut,
Ses deux grands yeux verts brillants, embrumés de pleurs.
Mais reconnaissant son preux chevalier sur l'heure,
Son visage s'éclaira d'être enfin secourue.


Le valeureux soldat, dans ses bras l'étreignit,
Si content d'être à nouveau en sa compagnie.
En dormant, la belle enfant laissa choir sa main,
Libérant le paladin pour un long chemin.


Se cognant dans sa chute, il se mit à rêver,
Près de la veilleuse où il avait atterri,
Voguant seul dans ses songes, pour la retrouver,
Prenant ce fanal pour l'astre d'une Icarie.


Au crépuscule venu, quand la Lune est brillante,
Dans le bleu firmament, passe une étoile filante.
A bien y regarder, on peut y voir, heureux,
Une belle enfant, et un fier soldat, entre eux.
 
© Paul Stendhal
CANNES le mardi 19/07/2011
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