Petit éloge de la bêtise...

Vissé devant ce miroir, dégoulinant de rage, de pudeur indécente, tu cherches le sermon pathétique que tu crois mériter. La seule chose que tu mérites, c'est que s'abatte, sur le pâle de ta face, mille gifles assassines au goût valeureux de la correction véritable. Si tu aimes à croire que la raison t'est acquise, il est de plus humbles, de plus nobles et de plus vrais avis qui n'ont l'art, au réel, que de te remettre les pieds sur terre. Si, par respect, tu voulais bien écouter la voix de la raison, tu saurais que le nombre de fois où tu t'emportes sans honte et à tort n'a, finalement, d'égal que le ridicule de ton âge avancé.

La vois-tu cette image aux grimaces délicieuses? La vois-tu tenter de te rendre les réponses qu'elle seule connaît? Car du haut de ton orgueil, tu n'as de cesse de manquer la justesse de ses efforts, les instants valeureux qu'elle soumet à ton regard alors même que tu la prives d'autres moments utiles. Car, oui, tu es incapable d'une conscience des plus évidentes et si tu n'avais que le tiers de son intelligence, de sa générosité, alors tu saurais que ce qu'elle offre est des plus précieux quand, toi, tu penses que cela t'es du. Te voilà, pauvre, sombre, usé par une de ces nuits sans sommeil propice à l'introspection. Te voilà malheureux de tant de bêtise, car c'est bien de cela qu'il s'agit, n'osant pas courir, ramper, te jeter à ses pieds afin d'implorer la clémence dont elle te couvre depuis toujours. Je te plains insensé, que grâce te sois faîte pour qu'un jour tu réalises que cette miraculeuse aubaine t'est offerte de la plus délicate des façons quand mille et mille âmes se battent, éprouvées, pour avoir la joie de s'approprier un seul dixième de ta chance.

Tu pleures et tu as raison car il n'est d'autres images qui te toucheront comme celle-ci, reconnais-tu la douceur de son regard? Je sais que tu as peur, peur d'être éloigné, peur de rester seul, sans l'indescriptible essence de ce bonheur mais justement, ne devrais-tu pas combattre la bêtise qui découle de trop d'arrogance, de trop d'exigence quand tu devrais savoir que, de son mieux, elle t'offre un temps précieux? Je t'en conjure, prends garde et ne sois que celui qui reconnaît ses efforts, sois ce que tu prétends être, autre et nouveau. Je ne reviendrais pas, tu n'as droit qu'à une seule de mes visites, je reste dans ton ombre, je te surveille et je la défendrais, contre toi et ta stupidité, alors va, va et ne me déçois pas.