Petits Grains en Collier - Grain n° 5

mls

Grain n° 5 : La Mer

Par une grise et triste journée de printemps,

Dans un passé lointain ou un futur approchant,

Tel un corps échoué sur le sable de la plage,

L’homme pensait, les yeux perdus dans les nuages.

Il se croyait seul mais il se trompait. La mer

Intriguée chérissait son visiteur amer.

Elle enveloppait sa nostalgie d’un écrin

Qu’elle recouvrait d’un brumeux voile d’embruns.

Elle lui fredonnait doucement le roulis

De ses vagues qui très vivement se replient.

La chanson dégagea l’homme de sa torpeur,

Résonna dans son être perclus de langueur.

Il emplit son cœur du spectacle magnifique

Du mouvement en une valse féérique

De ces déferlantes sombrement azurées,

Bordées d’une écume finement dentelée.

La mer se maquillait en vert, en gris, en bleu,

Se mariant aux nuages qui couvraient les cieux.

Elle était déjà belle, elle se fit sublime

Aux yeux de celui qui revenait de l’abîme.

Il se passa un jour, il se passa mille ans,

La mer le berça comme on console un enfant.

Avec une lenteur langoureuse il reprit

Courage en son cœur et goût à la vie.

L’homme lui dit adieu puis il quitta la grève.

Mais chaque nuit il revit la mer dans ses rêves.

La mer quant à elle resta au même endroit,

Affermissant les âmes, redonnant la joie.

Par une grise et triste journée de printemps,

Dans un passé lointain ou un futur approchant,

J’imprimais à mon tour mes traces sur le sable

Et la mer soigna mes douleurs inguérissables.

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