Plafond des idées supérieures

-         Dis mon poulet, si on profitait de la mauvaise saison pour repeindre le plafond ?

Ici, « plafond » et « saison » riment innocemment, tandis que « on » rimerait plus avec con, même s'il n'est pas cité. Celui qui sera à l'autre bout du pinceau, côté manche, côté couillon, quoi. J'essaie de négocier quand même, mais sans trop y croire.

-         Il vaut mieux attendre les beaux jours pour pouvoir aérer.

-         Plus la peine avec les acryliques.

Ils font vraiment chier à toujours inventer des trucs nouveaux pour me pourrir la vie, les autres, tous les autres et ma femme, en particulier, pour avoir toujours réponse à tout. Elle doit passer ses journées sur le site de Leroy Merlin ou quoi ?

-         Tu trouves qu'il est vraiment sale pour le repeindre, ça peut encore attendre.

-         Ne commence pas ! Dis-moi tout de suite que tu ne veux pas qu'on le repeigne.

-         Pas du tout, je dis juste qu'on… que je l'ai repeint, il y a seulement vingt ans.

-         Justement, il est grand temps de changer de couleur. Car honnêtement ce vert pisseux c'est un truc à ne pas voir la vie en rose, c'est déprimant.

-         La peinture venait directement d'un hôpital psychiatrique. Je l'ai eu gratuitement par le gros Roger qui est maton, là-bas. C'est une couleur anti-stress recommandée par les psys et appréciée des toquets.

-         C'est moi qui deviens dingue de la voir du matin au soir ton antidépresseur. On repeint tout en blanc, c'est neutre !

-         C'est d'un commun ! Vraiment, la neutralité des pusillanimes qui n'ont jamais rien osé artistiquement en déco de toute leur triste vie plate comme une plainte céréalienne pour ressentir en fin de compte, à leur dernier râle, la déception de leur manque d'originalité et de fantaisie. Oh, chérie, que de regrets ! Est-ce vraiment cela, mon poulet, que tu veux pour nous ?

-         (Silence d'enclume.)

OK ! Il ouvre bien à dix heures le Bricorama d'à côté ?