Pluie continue

Il a plu toute la semaine.
On en oublie d'abriter les joies
se diluant sous la terre.

Le soleil a fini par s'enrhumer, et pleurer
Il a fondu et se trouve maintenant
enfoui sous le grand lac bordé d'ombres noires.

Les chemins sont maintenant des rivières
on les parcourt en barque,
et il faut une perche pour atteindre le fond caillouteux.

Il pleut tant,    que ,    les pieds dans l'eau
            je fais corps à la boue,
qui s'étend partout.

Les racines des arbres,      libérées de l'étreinte du sol
sont des serpents gris qui me guettent
dès que je m'endors.

Peut-être mourrais-je étouffé par l'un d'eux.
Ils auront pris tant d'assurance
qu'ils pourraient s'infiltrer par le sous-sol.

Je les imagine desceller les carreaux,
passer par les plus petites fissures.
Etrange tragédie profitant aux plantes vivaces

J'ai vu certains de mes voisins
vidant des seaux par les fenêtres.
Leurs cheveux abritaient de belles mousses aux tons tendres,
 leurs membres se divisaient comme des branches.

Il se pourrait que je me réveille un jour
sentant le moisi,
avec des bourgeons sortant de ma poitrine,
ne pouvant plus me dresser.

J'envisage, mentalement,
le catalogue des mutations lentes .
D'autres s'y sont résignés.

On pourrait par le suite
m'étudier, comme une curiosité botanique ,
ayant vaguement une forme humaine.

Avant que cela ne se produise,
j'aurai pris soin de me prendre quelques photos,
mais survivront-elles à l'humidité ?