Plus que tout...
thalia
Prologue
Je suis à toi à jamais, dans cette vie ou dans la suivante. Certaines choses peuvent survivre à la mort, et l’amour en fait partie. Si la faucheuse nous éloigne quelque temps, elle ne peut pas nous désunir pour toujours. Rien ne le peut.
Aujourd’hui, pour la seconde fois, je me retrouve au Massachusetts Général Hospital de Boston. Mais à l’instant présent, tout est différent. Une angoisse terrible me tenaille et j’ai peur que notre histoire reste enfouie à jamais dans un abîme. J’ai soixante minutes. Soixante minutes qui vont décider de mon existence. Trois mille six cents secondes qui feront de mon amour une chimère ou une magnifique évidence.
Il y a certains moments dans la vie où le temps semble presque s’arrêter. Comme si chaque seconde renonce à basculer vers la suivante et s’étire… s’étire indéfiniment.
Chapitre 1
Trois mille kilomètres me séparent de Miami. Et depuis 124 jours, précisément, je suis à bout de souffle. À bout de vivre.
Un bâtiment ancien se dresse face à moi. Haut de six étages. Sa façade sombre est perforée de plusieurs fenêtres, et une porte noire, monumentale, bardée de ferronneries, indique une entrée que je n’ai aucune envie de franchir. Mon estomac se tord. Je tourne la tête autour de moi et observe la foule qui s’interpelle. Ici, personne ne me connaît. Je suis une anonyme et ça me plait.
— Au premier abord, c’est assez flippant, me marmonne une brune en train de dévorer un donuts nappé de chocolat. Mais je t’assure qu’il y a au moins une bonne raison pour entrer.
— J’en doute, mais dit toujours.
— Les radiateurs. Si tu restes là, tu vas geler sur place, dit-elle avant de disparaître avec le flot d’étudiants.
Mon ventre se noue un bref instant mais je franchis la porte. De grandes boiseries couvrent les murs du sol au plafond et un lustre gigantesque éclaire le hall. Sur ma droite, je lis un panneau indiquant la bibliothèque. Je traverse une galerie et je porte à peine attention aux tableaux et dizaines de trophées, avant de localiser le bureau d’admission. J’attends quelques minutes et je ressors avec mon emploi du temps et un croquis sibyllin du lycée. N’ayant écouté aucune des explications de la secrétaire, je déambule d’étage en étage pendant plusieurs minutes et je finis par trouver ma salle de cours, au sixième.
— Bonjour, je murmure en présentant ma carte d’étudiante. Je suis Stella Forrest.
Irrité par mon arrivée tardive, le prof, un vrai pitbull, me remet une liste de livres et fournitures, écorche mon patronyme et avec un geste impatient ; comme on chasse une mouche, me prie sèchement de m’installer.
Bienvenue à Boston !
La biologie étant loin d’être ma matière favorite, des deux tables libres j’opte pour la plus à l’écart. Je me dirige vers le fond de la classe, qui est toujours l’endroit le plus tranquille, quand une brune s’approche de moi et me stoppe.
— Pas là, me dit-elle en souriant. C’est la place de Sebastian.
— Désolée, je ne savais pas qu’il fallait une réservation.
— Tu peux t’installer à ma table, continue-t-elle en touchant mon bras pour me guider. Je m’appelle Jenny.
À mon contact, elle se raidit légèrement, m’observe quelques secondes et son visage prend une expression indéfinissable qui me met mal à l’aise. Je la remercie et sous des regards curieux je dépose mes affaires. La voix du prof filtre à peine mon nuage cotonneux mais c’est ainsi depuis des mois. Je fais mon maximum pour parler un minimum et à la fin du cours je n’ai pas échangé le moindre mot avec ma voisine. En littérature, une blonde, genre Bimbo, se précipite :
— Pose tes fesses ailleurs. C’est la place de Seb, dit-elle sur un ton prétentieux tout en me détaillant des pieds à la tête.
— Mes fissa te remercient de ta sollicitude, je rétorque en lui adressant un sourire narquois.
Je commets la même bévue en histoire et Jenny me prévient en me fixant étrangement, mais avec gentillesse. Que personne ne puisse utiliser cette place alors qu’elle est libre ne présage rien de bon. Ce garçon doit être le fils d’une huile de Boston ou une sale brute. À la cafétéria, je me dirige vers une table suffisamment isolée et je grignote mon sandwich poulet, seule. La journée s’achève sans que je commette une nouvelle maladresse. Et dés la fin de mon dernier cours, je me rends à la bibliothèque. Il est quinze heures, et je n’ai aucune envie de rentrer chez moi. Et surtout, je ne suis pas d’humeur à subir les nombreuses questions que ma mère ne pourra s’empêcher de me poser.
Je balaye la salle du regard et je vois quelques étudiants dans la section des ordinateurs. Seul résonne le tic-tac bruyant de la pendule. Je passe devant la Bimbo qui me jette un coup d’oeil plein de dédain. Son indifférence tombe à pic depuis plusieurs mois déjà, j’ai rallié la troupe des figurants avec plaisir. Je m’installe discrètement et ouvre un bouquin pour tuer le temps.
— Je peux ? Chuchote une voix.
J’étouffe un soupir agacé avant de répondre.
— À moins que la place ne soit réservée, ne te gêne pas.
— Nous avons des cours en commun et je me demandais…
Je m’immobilise et lève la tête. Effectivement, son visage ne m’est pas totalement inconnu et si ma mémoire est bonne il s’appelle… Mark. Mais je n’ai aucune envie de nouer des liens d’amitié, ou à voir son sourire, plus si affinité.
— Il faut que je bosse.
— Si tu as besoin d’un coup de main, je suis là, rétorque-t-il le sourire scotché aux lèvres.
— Merci, je m’en souviendrai.
Je lui adresse un petit signe et replonge mes yeux dans le bouquin qui ne me sert que de prétexte. Des voix étouffées s’élèvent dans mes oreilles et troublent le silence de la salle.
— Mark ! Tu t’es perdu ou quoi ?
Je lève furtivement la tête et je vois Alexandra, la Bimbo, s’installer sereinement à notre table.
— Je ne connaissais pas cette aile du bâtiment, répond-il.
— Et tu as eu envie de faire une petite visite.
— Mieux vaut tard que jamais. Finalement, ce n’est pas si terrible et je sens que je vais devenir accro.
— Il n’y a pas de BD ici, pouffe Alexandra.
— Qui te dit que j’en cherche. J’ai autre chose…
— SILENCE ! crie une voix du fond de la salle.
J’avais cru trouver un refuge et la quiétude, mais l’arrivée de Mark et d’Alexandra a sonné le glas de mes espérances. Les six coups de la pendule résonnent. Pressée de fuir leurs présences je ramasse mes affaires et je murmure un au revoir auquel mark est le seul à répondre. Puis je file avide de retrouver ma solitude.
Dans le bus qui me ramène, je pense qu’un de plus est passé. 125 jours, aujourd’hui. 125 jours et des milliers de kilomètres, mais je pourrai mettre la distance de la Terre à la Lune que cela ne changerait rien. Il y a des moments dans la vie où la décision que l’on va choisir sera lourde de conséquences. Et la seconde suivante, il est déjà trop tard. Je ne le sais que trop bien.
125 jours auparavant, j’ai pris la mauvaise.
Et Ever est morte…
À suivre...
Intriguant.Trés bon début qui donne envie d'en savoir plus.J'attends la suite....
· Il y a environ 12 ans ·corinne-antorel
Merci Wen, je suis heureuse de savoir que tu suivras la suite des aventures de Stella :))
· Il y a environ 12 ans ·thalia
@Sweety : et ben tu vois qu'il n'y a pas que moi qui te le dis que tu es une lectrice insatiable !
· Il y a environ 12 ans ·Thalia, j'aime énormément ce début. Je pense qu'elle a beaucoup de choses à nous faire découvrir cette Stella et j'en serai dès que la suite sera là. Ça commence parfaitement bien.
wen
@ Sweety effectivement j'ai pu remarquer que tu est une grande boulimique
· Il y a environ 12 ans ·de lecture, tout comme moi, et j'espère continuer à t'intriguer encore un bon
moment.
À très vite :))
thalia
ah mais j'adore lire...et surtout la ton histoire m'intrigue beaucoup...
· Il y a environ 12 ans ·Sweety
Merci Christine, la suite arrive ;)
· Il y a environ 12 ans ·Surtout n'hésitez pas à me faire des critiques pour que
j'essaie de m'améliorer ( je prends toutes les remarques avec un grand sourire )
Il y a sur ce site des textes magnifiques et des auteurs dont j'admire la plume
alors quand ils me font le plaisir de me lire, je suis ravie et si ils peuvent me conseiller
je serai au 7ième ciel. J'écris "ils" mais les femmes font parties de mon constat :))
thalia
c'est un tres bon debut et je vais attendre avec impatience la suite
· Il y a environ 12 ans ·christinej
coucou Sweety
· Il y a environ 12 ans ·Désolée pour l'oubli du partage mais cela me donne le sentiment
désagréable de vous contraindre, mais promis la prochaine je ne
t'oublierai pas :)) ( tu risques peut-être de le regretter )
Un grand merci pour ton passage ;)
PS: de ce pas je vais partager et merci à vous tous :))
thalia
et alors, on partage pas???!!!
· Il y a environ 12 ans ·vivement la suite...
Sweety
Merci Giselle, j'espère que la suite te plaira ;)
· Il y a environ 12 ans ·thalia