« Pourquoi écris-tu, Hervé ? »

Hervé Lénervé

Les motivations inavouées de l’écrivaillon.

Une question, parmi tant d'autres, de mes fans, mes groupies du pianiste. Eh, alors ! Pourquoi n'en aurais-je pas, moi aussi ? Bref je ne répondrais pas à cette question, (d'abord, je ne suis que guitariste) mais je répondais à la première par une pirouette, à mon habitude par un : « Parce que je ne sais pas lire… » Très drôle, très fin, très spirituel, très con, surtout ! Puis par la suite, l'idée dut me trotter par la tête, car je finis par me poser sincèrement la raison de ce qui me poussait à écrire… de ce qui aurait pu me pousser à écrire ??? Donc la suite de ce texte ne sera qu'une introspection intimiste, (comme si l'introspection pouvait être une histoire de partouze ?) Ceux qui n'en sont pas friands, (pas des partouzes, de l'introspection.) peuvent zapper, dès à présent. Je ne leur en tiendrai pas rigueur, je suis comme eux. J'estime que les sentiments tripailles n'ont pas de place en place public. De plus, ce qui est dans ma tête ne m'intéresse pas outre mesure, pourquoi intéresserait-il quiconque d'autre… à fortiori, un étranger, une étrangère ?  Quoique pour l'étrangère, on peut se tasser et lui prêter parfois un petit coin de tête, mais bref, passons…

Pourquoi écris-je, moi ? Pourquoi écris-je, moi ? Pourquoi n'écrirais-je pas ? D'abord !

Premièrement, je connais la lecture et l'écriture. Donc, fort de cette instruction, je suis capable de formuler, puis de transcrire des phrases. Ces phrases, mises bout à bout, si elles suivent une règle de cohérence, peuvent donner un texte qui a un sens. Ces textes, mis en paragraphes, si une progression dramatique existe, peuvent donner une histoire. Comme la gouttelette suintant de la pierre peut donner une rivière, qui par la force gravitationnelle, pour elle, la force des choses, pour moi, arrivera à la mer, pour elle et arrivera à pas grand-chose, pour moi. C'est de la physique, on ne peut rien faire à cela. Mais diantre, ne nous égarons pas.

Pourquoi j'écris, moi ? Certainement pas parce que j'en ai acquis la compétence. Je sais courir, je ne cours jamais pour autant. Alors, pourquoi ?

Je pourrais dire parce que je ne peux pas faire autrement. Faux ! Je me suis passé d'écrire pendant la plus grande partie de ma vie et cela ne m'a guère manqué. Je ne me suis jamais posé, à cette période, la question : tient ! Il me manque un truc, moi, pour être tout à fait bien. Ah, oui ! L'écriture, ce doit être ça ! Non,  jamais  posé !

Je pourrais dire pour l'argent ! (Il y en a encore qui y croit encore, si, si.) Moi, j'm'en fous, j'suis rentier.

Je pourrais dire pour avoir une petite notoriété ! Là, c'est plus délicat. La notoriété, je dis, m'en foutre aussi, mais sincèrement qu'en est-il au fond ? Bon admettons ou plutôt passons.

Je pourrais dire pour être lu. Certes, si on écrit c'est pour être lu, autrement cela s'appelle un journal intime ou une liste des courses à faire. On peut également écrire à sa mère aussi, mais c'est quand même pour être lu au moins par une lectrice, même si l'on sait pertinemment que sa mère a perdu la vue dans un accident de rue ou qu'on a perdu sa mère de vue à la suite d'un scandale de cul ou tout simplement, même si, on a perdu sa mère de vieillesse par inadvertance ou négligence.

Alors, pourquoi écris-je dans tout cela ? Certainement, parce que cela ne me déplait pas et même peut être que j'aime cela, allez savoir ?

Mais surtout, parce qu'en écrivant des histoires avec des personnages de papier, je m'identifie. Je vis avec eux, je me mets en eux, j'aime mes héroïnes ou je les ai aimées et je les fait revivre dans ma mémoire. Je ne peux écrire que si j'aime mes acteurs, autrement je change de chaîne. Mes romans ne peuvent fonctionner que s'il y a une projection intime avec les acteurs. Je ne parle pas des conneries que je débite à la chaîne dans mes rubriques. De toute façon, mes romans ne fonctionnent pas non plus sur le marché.

Je pourrais dire aussi, j'écris parce que cela m'occupe, mais c'est faux, cela m'occupe trop, car je n'ai plus de temps pour moi. Le  temps, pas celui du ciel, celui de l'argent me semble réduit à celui de l'écriture. Plus de temps pour lire, plus de temps pour peindre, plus de temps pour jouer de la guitare, plus de temps pour faire l'amour (à ma femme), plus de temps pour faire la vaisselle (de ma femme). Je suis un boulimique de l'écriture, j'écris comme je mens.

En fait pour être tout à fait honnête, je ne sais pas réellement pourquoi j'écris, j'écris c'est tout ! D'autre font du tricot, du polo, du gigot au four. On ne leur demande jamais pourquoi ils font du gigot au four ? Pourquoi, à moi qui écris, me le demanderait-on ? J'ai bien le droit d'écrire sans en connaître la raison, je revendique le droit à l'écrivain d'écrire sans rime ni raison.

Ok, je vais arrêter là, car cela ne mène à rien, je n'en apprendrai pas davantage sur mes motivations véritables à l'écriture, je suis un menteur qui se ment et tant pis pour la curiosité inquisitrice de mes fans.

J'aurai pu aussi formuler la question comme suit : « d'où écris-tu, toi, Hervé ? » Mais là, on n'était pas couché.

 Salut les groupies, je vous aime.

  • Un jour comme un autre, une personne m'a posé la question : je n'ai su quoi répondre. Ce que je sais, c'est que petite, en classe, j'ai écrit comme les autres élèves une première rédaction (sur la nature, si je me souviens bien) et là, surprise, l'institutrice a lu mon texte à toute la classe, à grand renfort de compliments. Voilà, cela a commencé ainsi et ensuite au fil des années les profs ont continué à lire mes textes et moi j'étais sur un petit nuage vu que j'étais parfaitement nulle dans les autres matières. Je me sentais valorisée, c'était un peu comme une revanche. En résumé, je dois tourner assez bien mes phrases et il faut que je l'avoue, aimer qu'on me lise ! Faute avouée à moitié pardonnée, n'est-ce-pas ?
    En tous les cas, vous écrivez très bien et très intelligemment, bravo pour ce texte !

    · Il y a environ 7 ans ·
    Louve blanche

    Louve

    • Je veux quand même ajouter que lorsque ça me prend d'écrire, c'est une émotion qui monte, comme une fièvre...

      · Il y a environ 7 ans ·
      Louve blanche

      Louve

    • J’ai suivi un parcours inverse au tien. Quand j’étais petit, je n’étais pas grand… mon style d’écriture était pédant. Je ne faisais pas d’étincelle dans mes rédactions et le plus souvent, en plus d’une mauvaise note, j’avais une appréciation acerbe du prof, ce qui semble aller de pair. Il a fallu que je me frotte à la vie ou plutôt que la vie me polisse, pour écrire en oubliant un peu le « JE ». Ce n’est qu’à la fac, en psycho que mes écrits ont été remarqués et appréciés. Mais j’étais déjà plus un gamin car pour moi, l’enseignement supérieur n’a commencé qu’à trente ans passés. (Péripéties de la vie). Effectivement la valorisation d’une forme de reconnaissance a dû jouer dans le long processus qui m’a amené à l’écriture. La reconnaissance donne à l’apprenti un droit à l’écrit, une sorte d’autorisation de s’épancher par des mots, un laissez-passer au pays du romanesque. Comme mes soixante ans m’autorisent la familiarité de te tutoyer alors que tu me vouvoies. Merci Louve pour tes aimables commentaires, maintenant si écrire te donne la fièvre, prend deux aspirines avant de frapper comme un sourd sur le clavier.

      · Il y a environ 7 ans ·
      Photo rv livre

      Hervé Lénervé

    • Je vais suivre ton conseil pour les aspirines avant de démolir mon ordi ! On peut se tutoyer bien sûr, j'ai plus de 60 ans, hi,hi !

      · Il y a environ 7 ans ·
      Louve blanche

      Louve

    • ...mais il paraît que je ne les fais pas, en tous les cas pas dans ma tête !

      · Il y a environ 7 ans ·
      Louve blanche

      Louve

    • C’est vrai que tu ne les fais pas. Pour moi, c’est pareil, mon entourage me le dit sans cesse. « Hervé, 63, tu ne les fait vraiment pas… tu fais beaucoup plus ! » Ha, ha, ha ! Les cons !

      · Il y a environ 7 ans ·
      Photo rv livre

      Hervé Lénervé

    • Ah, Les rosses ! En tous les cas on vieillit mieux qu'avant mais il faut rester naturel, sans jeunisme !

      · Il y a environ 7 ans ·
      Louve blanche

      Louve

  • J'aime bien l'idée d'écrire comme l'on ment. On invente un univers, des personnages etc... mais pour dire quoi à la fin? Des vérités quoi qu'on en dise ou pense. Bon je n'ai pas inventé le fil à couper le beurre...

    · Il y a environ 7 ans ·
    Coucou plage 300

    aile68

    • C’est la première fois, qu’une de mes chroniques libère une telle passion de commentaires, normal puisque c’est notre passion commune à nous, les écrivants. Ce que j’apprécie dans mes écrits, c’est quand un lecteur me fait découvrir un autre aspect de ce que je voulais dire et quand il surpasse mon idée initiale, c’est le pied. Quand on est un piètre écrivain, il faut avoir des lecteurs brillants, autrement, ça ne le fait pas.

      · Il y a environ 7 ans ·
      Photo rv livre

      Hervé Lénervé

  • Ecrire... Ecrire avec son âme, pour toucher une autre âme. Peut-être...

    · Il y a environ 7 ans ·
    Img 1660

    Marcus Volk

    • On peut toujours essayer, mais je n’ai pas autant de prétention.

      · Il y a environ 7 ans ·
      Photo rv livre

      Hervé Lénervé

  • Moi j'écris pour draguer, mais ça ne marche pas trop pour le moment. Mais je joue aussi de la guitare, et là ça marche beaucoup mieux ! J'ai deux trois groupies...

    · Il y a environ 7 ans ·
    P1000170 195

    arthur-roubignolle

    • Ecrire pour draguer, elle est bonne celle-là ! Ça ne m’était pas venu à l’esprit.

      · Il y a environ 7 ans ·
      Photo rv livre

      Hervé Lénervé

    • Ah mais l'humour, ça marche toujours avec les femmes et si tu joues de la guitare en te marrant c'est encore mieux.

      · Il y a environ 7 ans ·
      1338191980

      unrienlabime

    • J’ai déjà du mal à jouer en grimaçant s’il faut rire en plus.

      · Il y a environ 7 ans ·
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      Hervé Lénervé

  • Sur le tricot, je m'inscris en faux voyez "le père Noel " est une ordure Annemone son tricotage avait un but n'est ce pas (je m'arrête la je ne vais pas me lancer dans les raisons de cuire un gigot au four je n'ai pas que ça à faire non plus)
    à la question pourquoi vous lire , une réponse simple , pour le plaisr bien sûr

    · Il y a environ 7 ans ·
    Photo0250

    ciel-d-ete

    • Merci beaucoup. Je prends du plaisir à écrire en espérant en donner aussi.

      · Il y a environ 7 ans ·
      Photo rv livre

      Hervé Lénervé

  • J'écris pour tuer la solitude grouillante et abolir le silence fracassant.
    Moi aussi je suis une tueuse et pas une groupie.
    Continue à écrire si ça te fait du bien.

    · Il y a environ 7 ans ·
    1338191980

    unrienlabime

  • Continuez, ça me fait du bien. On n'est pas loin de la guérison miraculeuse :)
    'Lève-toi et lis !'

    Ps : je ne suis pas une groupie.

    · Il y a environ 7 ans ·
    Black

    le-droit-dhauteur

    • Guérison, guérison, c’est vite dit ! Je parle pour moi, attendez le texte de demain et vous verrez que ce n’est pas gagné.

      · Il y a environ 7 ans ·
      Photo rv livre

      Hervé Lénervé

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