Prom’nons nous dans les bois ou les aventures du P’Tit Chap’ron, suite.

J’me prom’nais dans le bois, pour voir si Léo y était pas. Comme le loup y était, ben je l’ai mangé…J’me disais : si Léo y est pas, au moins j’me s’rais fait un bon p’tit repas !

Le ventre bien plein de ce délicieux festin, je parcourais les caillouteux chemins à la recherche de notre poète-écrivain. Toute affairée que j’étais à tenter vainement de retirer quelques poils de la bête coincés entre mes dents, je ne vis point d’abord le drôle de petit engin posé au creux du chêne. Toutefois, le hasard faisant plus que souvent bien les choses, je me senti soudainement l’âme bucolique et décidai sans plus attendre de m’asseoir promptement sur la terre hivernale pour sentir l’odeur des sous-bois et de la vie endormie en devenir.  C’est alors que j’entendis pour la première fois le léger cliquetis. Clic, clic, clic, faisait l’étrange petit animal caché dans l’arbre au dessus de moi.

Toute à la terre et à ses effluves boueuses, l’intensité de mes ressources mentales dédiées à ma contemplation olfactive, je mis dans un premier temps ce titillement auriculaire de côté. Mais c’était sans compter ma curiosité sensitive naturelle qui me pousse à explorer toujours plus avant ce qui vient effleurer mes interfaces au monde. Le bruissement circulaire s’accompagnait d’une sorte de ronronnement, ou était-ce un souffle, un vrombissement ? Quelle intrigante bête pouvait donc être que cela ? Quittant à regret mon bain d’effluve argileuse, je déplaçais maintenant mon esprit vers mes oreilles et mes yeux. Je remontais la piste, le long des sinuosités rugueuses du tronc pour apercevoir une anfractuosité dans l’écorce et le bois.

Une terreur soudaine m’étreint : et si cette gaucherie inhérente à toute humanité faisait fuir le petit être ?  Me rendant la plus légère possible - après tout, n’est pas Petit Chaperon qui veut, mais je venais tout de même d’avaler un bon gros loup tout rond, ça alourdi un peut les princesses ça madame – j’osais un regard furtif dans l’ombre du creux végétal. Le néant, pas un mouvement, pas un souffle. Pourtant, à travers le vrombissement maintenant nettement audible, cette vibration, ce frémissement à lisière de conscience persistait.

Bon, c’était pas tout ça, c’est bien beau la poésie mais la nuit commençait à tomber et si je voulais avoir le temps d’aller chez mamie pour qu’on mange tranquille la galette – c’est vrai ça, pas encore pris mon dessert moi ! – il fallait que je me décide. Donc, ni une ni deux, même pas peur, main aventureuse fourrageant prestement le trou de l’arbre, je partis à la recherche de la p’tite bête, qui monte, qui monte, qui monte…ou pas. Ce fut froid malgré les vibrations, anguleux malgré le doux ronronnement. Foin de poils, plumes ou écailles, mais du lisse, du plein, du rigide…Sans peur et sans reproche - bah oui, je n’ai rien fait de répréhensible jusque là ce me semble !- Je sorti la chose de sa niche, pour découvrir, oh horreur, que ce n’était pas vivant !

Animal qui n’en était pas un, plutôt un objet venu des temps anciens, du temps ou le numérique n’existait que dans les textes d’Asimov et qu’on mangeait les disques dans nos trucs en plastique de couleur vive (le mien était rouge, et le vôtre ?). Une petite lumière verte clignotait, posée négligemment sur un lit de touches coiffées de petits symboles blancs. J’en pressai une au hasard et la voix qui sorti alors de la machine me fit sursauter. Je lâchais bien malgré moi l’engin venu d’ailleurs et, chassant les tressaillements bien indignes d’un Chaperon tel que moi, me concentrais sur la douce voix qui répandait son écho viril à travers la forêt :

- Bonjour très chers amies et amis. C'est ainsi que dans quelques heures nous allons passer à une nouvelle année. J'en suis un peu peiné car cette fin d'année 2010 m'aura permis de réaliser un grand rêve, celui d'être écrivain. Quand j'étais petit, j'adorais Woopi Goldberg et "Sister Act" m'avait beaucoup fait rire. Dans l'un de ces "épisodes" elle disait à une de ses élèves qui doutais de ses capacités à chanter : Si tu te lève le matin et que la première chose que tu ait envie de faire est de chanter ALORS TU ES CHANTEUSE... Cette phrase me faisait rêver et j'étais par ailleurs très peiné de ne pas avoir de passion comme le chant. Aujourd'hui, j'en ai une c'est l'écriture.

En venant ici je ne savais pas que l'écriture s'imposerait à ce point comme une passion et je me sens aujourd'hui un peu plus réalisé encore. Ma résolution pour 2011 ? Continuer tout pareil et ça c'est cool :-)

 A vous toutes et tous, un grand remerciement, pour ces émotions partagées, du rire aux larmes et de notre belle amitié qui est un véritable trésor, alors avant d'être noyé dans les festivités, je voulais vous adresser mes meilleurs voeux pour 2011 parce que je ne pense me remettre de ce soir, que d'ici à dimanche soir ! Je m'en vais de ce pas à la taverne boire un ultime verre avant 2011 en votre honneur, en famille, avec tous mes écrivains préférés.

 Bisous et à l'année prochaine !

 BONNE ANNEE 2011 !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

 Bippppppppppppppppppppppppppppppppppppppppppppppppppppppppppp 

L’intégralité de la faune qui n’avait pas eu la chance de pouvoir migrer sous les tropiques s’égaya en un feu d’artifice volant, sautant et déguerpissant ! Le bruit strident me fit sursauter moi aussi. Mais je repris bien vite mes esprits : au diable la grand-mère, je devais sans plus attendre me rendre à la taverne ! Avec un peu de chance il s’y trouverait encore. Je faisais confiance à Lap’ et à Lez’ pour le resservir et le retenir dans la chaleur de leur antre. Qui sait, peut-être voudraient-ils manger un peu de galette ? Et puis j’avais un message urgent à transmettre à Léo.  Je le lui hurlerais au visage s’il le fallait, du haut de mon même pas mètre soixante : je t’en prie mon Léo, ne nous laisse pas orphelin de tes mots, ils enfantent bien trop de plaisir, de jubilation, de crispations abdominales et de pétillements synaptiques pour que nous puissions nous résoudre à continuer nos chemins sans eux !

Oui, bon, pour un Petit Chaperon Rouge, vous me direz, ce n’est peut-être pas une attitude très digne de se hisser comme ça sur la pointe des bottes (bah oui, l’hiver, la boue, vous avez déjà oublié ?) mais parfois nécessité fait loi, et il faut savoir sacrifier un peu de sa fierté au bonheur commun !!!