Psychorigide

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En un mot comme en cent : je suis psychorigide.

Je l'assume, j'aime que les choses soient à leur place, que tout soit rangé et net, j'ai horreur de l'imprévu. J'essaie toujours de tout contrôler, jusqu'au moindre détail.

Mes dernières vacances commencent à n'être plus qu'un lointain souvenir et cette journée ne s'annonce pas sous les meilleures hospices : une nuit tourmentée par une alarme de voiture bien trop stridente, mon mari en déplacement pour quelques jours, ma charmante progéniture énervée par le passage à l'heure d'été... j'ai su rester stoïque, au prix d'un bien grand effort.

Arrivée sur le quai de la gare après avoir déposé qui chez l'assistante maternelle, qui à l'école, et la voiture sur un parking assez éloigné, je me délecte par avance de la lecture d'un essai historique qui me fera oublier qu'aujourd'hui, je suis attendue de pied ferme à mon travail pour traiter un dossier rébarbatif, fastidieux mais incontournable...

Une fois convenablement installée dans le train, je me plonge dans les délices de la lecture et arrive à la dernière page de mon livre. A la dernière page ? Impossible ! Je ne peux pas finir ce livre maintenant ! Comment est-ce possible ? Le train s'est immobilisé sans que je m'en rende compte. Comprenez bien : en bonne psychorigide, lorsque je commence à lire un nouvel ouvrage, je me donne deux jours pour calculer ma vitesse de lecture, qui varie en fonction du style, de l'auteur et de la typographie. Cela me permet d'anticiper la fin du livre pour prévoir son relai, magazine avec du contenu, achat d'un nouvel ouvrage ou emprunt... Il est impossible que je finisse ce livre sans rien avoir d'autre sous la main ! Il me reste encore trois stations et tout le trajet du retour, c'est insupportable ! Je n'ai jamais autant eu l'impression de perdre mon temps ! Je hais définitivement les compagnies de transport !

Mon trajet retour n'aura été accompagné que d'un journal gratuit, maigre placebo que j'avoue avoir agrémenté de quelques larmes...

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