Que fait la police de mes caractères ?
petisaintleu
Quelquefois, de plus en plus souvent même, j'ai honte en me relisant. Me relire, c'est un peu comme le flux et le reflux d'une marée. Pour ceux qui ne fréquentent pas la mer, je pourrais prendre la métaphore d'une nausée. L'envie de gerber habite votre esprit mais le hoquet libérateur ne vient pas. J'avoue avec fatuité qu'à la relecture d'un vieux texte, je peux m'étonner d'en être l'instigateur. Deux lectures plus loin, je me mettrais des claques d'avoir osé écrire de telles platitudes et c'est alors que me viennent les haut-le-cœur.
J'aimerais une bonne fois pour toute assumer et revendiquer ce que je crois être un style qui m'est propre. Le souci est que je ne me sens pas légitime. Parfois, c'est très étrange comme sensation, je me sens habité ou hanté. C'est un peu comme être dans un désert des hauts plateaux andins. Les cieux sont dégagés. Je suis en mesure de percevoir le moindre détail à des kilomètres à la ronde, d'être dans une précision d'écriture flaubertienne. Puis tout se couvre. Je me sens pris d'une constipation. L'inspiration se bloque. J'agonise. La grande aire des idées a disparu vers des sommets qui ne sont plus miens. J'ai alors la certitude que je ne serai plus en mesure d'écrire la moindre chose, d'avoir fait le tour de tous les abysses, des moindres recoins. La géographie de mes idées a forcément une fin, à défaut d'une finalité. Je me dis que je ne tiens par la route.
J'alterne les paysages, sans juste milieu. Aux tsunamis succèdent les déserts. Un jour, je me noie sous les flots de mots que je ne peux contenir. Le lendemain, je m'assèche et j'enrage de n'avoir pas su endiguer les vagues de mon esprit pour en conserver quelques gouttes et traverser la canicule.
Il m'arrive de me raisonner. Je me dis que l'alphabet est limité par le dictionnaire ou, pour les plus aventureux, par des néologismes qui permettent de repousser les frontières. Mais il est impossible de pouvoir en imaginer toutes les combinaisons. Je me fais alors astrophysicien. Mon esprit se fait quantique pour embrasser un univers de possibilités. Je reprends espoir et tout s'enchaîne de nouveau pour créer des planètes, des systèmes solaires et des galaxies. Et souvent je rechute. C'est bien joli de jouer au Créateur mais suis-je assez cohérent dans mon écriture pour qu'un lecteur, dans ce vide intersidéral, soit en mesure de me trouver et de comprendre ma cosmologie ?
Allo Apollo, il serait temps de revenir sur Terre ! Je sais que la capsule est difficile à avaler mais jouer au Pierrot n'est pas la solution pour se sortir de mes idées lunatiques. Il ne sert à rien de brûler la chandelle par les deux bouts. Apaise-toi pour que tes rêves retrouvent la mer de la Tranquillité. Éloigne-toi d'Hécate et de son ombre létale.
Je m'arraisonne avant de couler et de perdre pied. Pour surnager, je sors ma botte secrète de vingt mille lieux communs. À la tête d'une armada, je deviens alors le Capitaine Desmots. Je me jette à l'eau, fort d'un filet dérivant, pour racler les parois baignées de mon liquide rachidien. De ma pêche, je parviens toujours à extraire quelques lambeaux qui m'éviteront la panne sèche pour que l'encre imprègne le papier.
Une fois la ligne remontée, à supposer qu'elle ne cède pas, ce qui ferait perdre le fil de mes pensées, il ne me reste plus qu'à débarquer le fruit d'amères paroles ou à jouer au poisson clown, c'est selon.
L'essentiel n'est-il pas que cahin-caha, après avoir lutté pied à pied pour aligner des phrases, j'arrive enfin au bout de ma chronique ? J'ai désormais tout loisir pour me pourrir le reste de la journée à pleurer sur les banalités que j'ai rédigées, le résultat d'un incompressible besoin de me sentir exister au travers de signes typographiques.
Amusant de relire les "vieux" textes. Merci Google. Là, quand je te lis, je me dis qu'il serait de bon ton que d'autres aient autant de scrupules que tu n'en as. Notamment ceux qui nous infligent des banalités comme si c'étaient des pépites :)
· Il y a presque 9 ans ·Mario Pippo
Le " métier " d'écrivain est un long cheminement pour celui qui n'écrit pas d'instinct. Comme le disait notre " ami "Boileau :
· Il y a environ 10 ans ·"Cent fois sur le métier remettez votre ouvrage ...
Hâtez vous lentement sans perdre courage ... "
etc, etc, etc
Tu n'as surtout pas à avoir honte de tes écrits, ils ont évolué au fil du temps, ta plume est belle, fluide, l'aisance est là, ton style, tu le trouveras petit à petit et je vois que l'inspiration est toujours au rendez-vous. Allez courage !!!
marielesmots
Quel panache cher capitaine Desmots ! Point de lieu commun, aucun écueil. Il n'est guère amer de te lire quand tu te montres aussi brillant qu'un phare dans la nuit ! C'est excellent ! Je te félicite !
· Il y a environ 10 ans ·veroniquethery
Merci madame
· Il y a environ 10 ans ·petisaintleu
De rien monsieur !
· Il y a environ 10 ans ·veroniquethery
quel rythme ! et des images en pagaille, un vrai atelier de presse
· Il y a environ 10 ans ·Laure Cassus
Merci !
· Il y a environ 10 ans ·petisaintleu
Tu rames ou tu pagayes??? Mon pti tamic Oups !Je coule!...kiss
· Il y a environ 10 ans ·vividecateri
Ca part en coule !
· Il y a environ 10 ans ·petisaintleu
;oD roucoule alors
· Il y a environ 10 ans ·vividecateri
;-)
· Il y a environ 10 ans ·petisaintleu
Je n'ai ni nausée ni ennui à me laisser soulever par vos vagues que je ne qualifierai jamais d'écrivassières et j'embarque volontiers pour d'autres mots-plaisance dans cette caravelle littéraire qui ne nous mène jamais en bateau.
· Il y a environ 10 ans ·akhesa
Ne vous embarquez pas sur ma galère !
· Il y a environ 10 ans ·petisaintleu
Le navire prend l'eau ? OK, je débarque avant d'être obligée d'écoper !!! ;-)
· Il y a environ 10 ans ·akhesa
Un vrai rat !
· Il y a environ 10 ans ·petisaintleu
non, les rats ne quittent pas le navire, mais femmes (et enfants, mais ce n'est plus d'actualité) d'abord ! :-)
· Il y a environ 10 ans ·akhesa