Après le brouhaha, les cris, les tirs, le sang et les sirènes dans la nuit.
Après les éclats de rire, le choc, les décisions, les discours, le deuil.
Pour la première fois depuis des mois, le mal n'est pas sur une carte lointaine géopolitique. Il est au cœur de chez nous, dans nos rues, au pied de nos maisons, massacrant notre jeunesse et sa joie de vivre.
Et avec lui, suit la cohorte inévitable du doute, de la peur, le malaise qui s'immisce subrepticement maintenant dans notre quotidien.
À travers nos larmes cependant, au delà du trouble, voyons clair.
La meilleure réponse à l'horreur, c'est l'ouverture. La meilleure réplique face au terrorisme sourd, aveugle, c'est l'intelligence de la démocratie.
Pendant quelques heures à peine, si j'ose dire, nous avons goûté du bout des lèvres l'amertume de l'enfer, quand ce cauchemar, d'autres, à des kilomètres de là, le vivent jour après jour depuis des années. Et combien d'entre nous les ont jugés, ceux qui ont réussi à s'échapper, qui ont fui la barbarie avec l'espoir d'un nouveau toit, ici ?
Et j'en entend encore qui parlent de prières. « Pray for Paris »...
Assez de prières, par pitié !
Fini la déférence à une entité suprême à qui l'on fait tout dire, au nom de qui l'on peut tout faire, tout tuer, tout exterminer. Depuis des milliers d'année, combien de millions de morts en tout, partout, au nom soit-disant d'un dieu de paix et d'amour !
Ne nous y trompons pas.
La foi est personnelle, la religion est politique. Toujours. Et nous-mêmes, Européens, avons été les premiers à nous en servir quand il s'est agi d'envoyer nos croisés récupérer, piller des terres, évangéliser des malheureux à qui l'on prenait aux passage des soies, de l'ivoire, des épices, tout ça pour enrichir grassement une Église cupide et assassine.
Alors face au carnage, face au fanatisme, je ne prie pas ce soir. Non. Je parle à mes enfants et leur conte un monde meilleur que nous construirons ensemble, demain, et en attendant d'en poser la première pierre avec les débris de notre indolence passée, je veux croire que nos voix, nos bulletins restent nos meilleures armes.
L'absentéisme ne sert que l'extrémisme.
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Ce texte a été choisi comme éditorial par le journal en ligne Tess Magazine.
Bien dit, et l'essentiel est là, j'ai été aussi consterné de voir ce "Pray for Paris" venu de je ne sais ou...Les djihadistes n'attendent que ça, que l'on retourne nous aussi aux superstitions, aux prières dévotes et confites
Je parle à mes enfants aussi. Merci.
· Il y a environ 9 ans ·carouille
Une petite pensée aussi pour eux, à qui nous laissons une planète joliment cassée.
· Il y a environ 9 ans ·Nicole Bastin
Très beau texte. Merci de partager tes angoisses, ta determination et ton espoir :-)
· Il y a environ 9 ans ·yaelka
Merci pour ton commentaire et tes encouragements!
· Il y a environ 9 ans ·Nicole Bastin
un texte parfait. Le fond et la forme se répondent magnifiquement. Un écrit très "pro" d'une grande intelligence, et d'une grande humanité.
· Il y a environ 9 ans ·elisabetha
un texte parfait. Le fond et la forme se répondent magnifiquement. Un écrit très "pro" d'une grande intelligence, et d'une grande humanité.
· Il y a environ 9 ans ·elisabetha
Merci beaucoup! Je suis touchée du compliment.
· Il y a environ 9 ans ·Nicole Bastin
Bien dit, et l'essentiel est là, j'ai été aussi consterné de voir ce "Pray for Paris" venu de je ne sais ou...Les djihadistes n'attendent que ça, que l'on retourne nous aussi aux superstitions, aux prières dévotes et confites
· Il y a environ 9 ans ·arthur-roubignolle
Merci ! Et bonne nuit !
· Il y a environ 9 ans ·Nicole Bastin