Qu'y a t'il après la réalité ?
Caïn Bates
Avant d'aller dormir, ma fille s'est jetée dans mes bras et m'a demandé: " Papa, tu serais triste si je devais mourir ?". J'ai dû la regarder pendant un long moment puisqu'elle a répété la même question. Je lui ai donc dit que oui, évidemment. Elle m'a ensuite demandé si je pensais que sa mère aussi serait triste. Même réponse mais elle m'a regardé d'un regard sombre tout à coup. "Et ma vraie maman, elle serait triste ?", c'est à cet instant que j'ai compris son inquiétude. " Il y a de fortes chances que oui ma puce..." C'est tout ce que j'ai su lui répondre et elle est partie se coucher sans un mot.
Depuis ce moment, un des premiers commentaires que j'ai reçu de Louve m'est revenu en mémoire. C'était à propos de sa fille qui a combattu un mal qui l'a finalement emporté. Et pour cause: la discussion que j'ai eu avec ma fille est bien réelle mais... je n'ai pas de fille. Elle n'est qu'une bribe de mon esprit morcelé qui tente de créer un lien pour me retenir et j'en suis conscient, cette illusion n'en est en fait pas une.
Elle fait partie intégrante de mon quotidien, m'accompagne dans certains moments de ma journée ou certains trajets en voiture et pourtant, cette petite créature avec laquelle je vis, je discute, je partage tout ces bons et mauvais moments n'existe pas. Pourtant, je suis bel et bien persuadé que sa disparition me ferai bien plus de mal que celle d'un être cher qui est tangible, réel. Puisque la peur et la possibilité de la mort ne semble pas m'atteindre, suis je plus sensible à la "mort virtuelle" ? Vais je continuer à sombrer petit à petit jusqu'à ne plus me soucier que des créations de mon cerveau malade ?
Ce témoignage est donc une bouteille à la mer que je vous adresse à tous, avez-vous déjà été plus atteint par le deuil d'un personnage de roman, de film que d'une personne que vous connaissiez réellement ?
Eh oui, nous vivons dans deux réalités, une, massive et contraignante, une autre fantasmée. :o))
· Il y a environ 2 ans ·Hervé Lénervé