Rase Campagne
petisaintleu
Cette nuit, je me suis réveillé en sueur et haletant : quel cauchemar ! J'habitais à Rostrenen. Vous voyez Trifouilly-les-Oies ? Engagez-vous sur la vicinale 5 en direction de Pétaouchnock, deux heures de char à bœufs et vous y êtes.
J'aime la campagne, quinze jours par an, fractionnés en deux. Passé ce délai, je me sens mal. Des rêves de bitume m'assaillent, mes poumons sont oppressés par tant d'oxygène, au point de me prendre pour feu Mickael Jackson dans son caisson.
Et je ne vous parle pas des dangers permanents qui me guettent au coin des bois !
Sur la route, méfiez-vous des faux-plats lorsque vous êtes pied au plancher. Un des rares avantages des trous paumés est l'impression de rouler sur le périph un 15 août à deux heures du matin. À la différence près que vous vous exposez à emplâtrer une 4L ou un Massey Ferguson.
En arrivant dans le bled, je pénètre dans le troquet. Il s'agit du place to be où se rencontrent les indiens du patelin, entre le bar à vin et le Starbucks, avec des spécialités, telles que les autocollants tue-mouches accrochés au plafond ou le port de la casquette. On me scrute et je fais profil bas. Cette condescendance que je perçois dans les regards est-elle liée aux traces de boue sur mes Weston ? Quelle bande de bégueules… Je me vois contraint de quémander une bière, tant pour faire couleur locale que parce qu'il y a rupture de Petrus. Mes intestins se nouent à l'idée qu'un verre crasseux ne vienne me transmettre la fièvre de Malte. Il serait con de crever d'une anthropozoonose inoculée par un bovin, engendrée par tous les risques pris au contact de grosses vaches que j'ai labourées de mes gros sabots, sans avoir traversé la Lorraine ou l'Auvergne.
Le plus difficile, c'est le couvre-feu à dix-neuf heures, dix-huit heures trente en hiver. Que faire sinon finir sa grille de mots fléchés ou mater France 3 et les actualités régionales en jouant à l'anthropologue ? J'apprends que le syndicat mixte pour l'aménagement hydraulique de l'Elorn va à vau l'eau et que la fête de l'andouillette a battu des records de fréquentation en réunissant quatre mille abrutis. Concernant la météo, laissez tomber. Il faut être du cru afin de saisir les subtilités entre ondée, crachin et bruine. Il en serait de même au Groenland, les Inuits possèdent plus de cent termes désignant la neige.
Accessoirement, après la soupe, je peux m'endimancher et me rendre à la métropole, à Carhaix, cette Sodome et Gomorrhe du sud des Côtes-d'Armor et bastion des très progressistes Bonnets rouges. Si j'ai la chance de ne pas me perdre dans cette cité tentaculaire, j'accéderais au bowling avant sa fermeture à vingt-deux heures. Par hasard, je croiserais une de ces beautés indigènes qui a bâti la réputation du canton : un maquillage masquant un corps de ferme me rappelant vaguement une blonde d'Aquitaine. Si nous sommes un samedi soir, je pourrais en inviter une au Spot. Non pas qu'il s'agisse de LA discothèque branchée, mais c'est la seule dans un rayon de deux heures en tracteur. Le défi serait ensuite de lui faire comprendre que, non, je ne suis pas amoureux, que mon unique motivation est assez proche de ce qu'elle a pu observer dans l'exploitation familiale et que mon objectif n'est pas de la mener au vêlage. Nous nous collerions sur un slow de Johnny et elle serait fière de me dire qu'elle a obtenu un autographe de l'idole des jeunes septuagénaires lors du festival des Vieilles Charrues. La classe inter-cantonale …
Heureusement, il ne s'agit que d'une illusion. Dès que je serai d'attaque, je retrouverai mon urbanité. Insulter la nana qui a eu son permis dans un baril de Bonux, me plaindre d'avoir attendu cinq minutes quinze à la caisse de Monop, envoyer péter un touriste qui me demande son chemin dans le métro et qui me fait manquer ma rame. La vie, quoi.
Et maintenant j'ai cette chanson en tête...bon tu change le nom pour Rostrenen... J'espère que tu vas bien dormir... Merci!... Kiss et je te défends de me flanquer une baffe!
· Il y a plus de 10 ans ·Ma famille habite dans le Loir et Cher
Ces gens-là ne font pas de manières.
Ils passent tout l'automne à creuser des sillons,
A retourner des hectares de terre.
Je n'ai jamais eu grand chose à leur dire
Mais je les aime depuis toujours.
De temps en temps, je vais les voir.
Je passe le dimanche dans le Loir et Cher.
Ils me disent, ils me disent:
"Tu vis sans jamais voir un cheval, un hibou."
Ils me disent:
"Tu viens plus, même pour pécher un poisson.
Tu ne penses plus à nous.
On dirait que ça te gêne de marcher dans la boue,
On dirait que ça te gêne de dîner avec nous.
On dirait que ça te gêne de marcher dans la boue,
On dirait que ça te gêne de dîner avec nous."
vividecateri
Tu changes
· Il y a plus de 10 ans ·vividecateri
Non, je ne change pas, malgré le succès ;)
· Il y a plus de 10 ans ·petisaintleu
Monsieur redevient humble !!
· Il y a plus de 10 ans ·marielesmots
;)
· Il y a plus de 10 ans ·petisaintleu
Auto-critique cela doit valoir le déplacement !!
· Il y a plus de 10 ans ·marielesmots
Oui, 0 concession !
· Il y a plus de 10 ans ·petisaintleu
Toi alors et ton côté provoc !! tu adores forcer le trait !! cela a le mérite de faire sourire, je me dis que parfois il y a des claques qui se perdent !! :)
· Il y a plus de 10 ans ·marielesmots
Ben, tu n'as encore rien lu ;) Attends la prochaine ! Là, je m'attaque à ... moi !!
· Il y a plus de 10 ans ·petisaintleu
C'est un poil méprisant, bien qu'humoristique. mais j'ai bien ri alors...la classe intercantonale …
· Il y a plus de 10 ans ·jasy-santo
Oui, c'est du second degré, vous l'aurez compris.
· Il y a plus de 10 ans ·petisaintleu
J'étais à Rostrenen hier ;)
· Il y a plus de 10 ans ·petisaintleu
en tout cas, comme tu nous decris cet endroit (j'avoue c'est loin de chez moi je ne connais pas), on s'y croirait! J'ai bien aimé la confusion meteo!
· Il y a plus de 10 ans ·jasy-santo
Merci ! Et si tu habites Guéret, c'est assez ressemblant mais en plus paumé. C'est pas peu dire. ;)
· Il y a plus de 10 ans ·petisaintleu