Rasht au Nord de L'Iran dans les années 50
Pawel Reklewski
Rasht au Nord de L'Iran dans les années 50
Mes parents habitaient à Rasht, dans une villa, avec un jardin et deux entrées. Deux portails , un pour chaque rue, celui de droite par le quel sortait la voiture et l'autre , le mien celui qui connait sur un trottoir. Un trottoir et ... une tente, une tente qui servait d'usine à coudre les cahiers.
Dans cette tente des pilles de cahiers et des femmes qui les cousaient.
Comme un agent secret je m'échappais discrètement de la maison pour rejoindre ces femmes et passais sur leurs genoux quelques instants privilégiés. Comment ne plus les aimer comment est-il possible de ne plus aimer les femmes ?
Sourires et rires , je me souviens de ces moments de belle humeur alors que je n'était qu'un encombrement pour elles ... un boulet en forme de tête blonde , aux yeux bleus où verts, je ne sais toujours pas, je suis un agent secret daltonien mais j'allais vers la chaleur, j'avais un détecteur de douceurs ... j'étais un dérangement, un ange venu d'ailleurs souriant et séducteur...
Elles m'appelaient et la plus séduisante à mes yeux avait ma préférence et je venais me blottir contre elle, je sentais sa douceur et cachais ma tête dans ses seins si doux, si doux... Parfois un baiser venait combler mon cœur. En cachette je venais là , je laissais le portail entre ouvert, et venais chercher l'amour des femmes, comme elles étaient jolies...les femmes d'Iran laï laï ...
De douceurs en douceurs , toujours cachées et sucrées, je goûtais ce qu'était le bonheur des femmes, moi petit étranger blond aux yeux clairs... Je me serais certainement laissé kidnapper, emporter, je les aimais et pouvais vivre avec elles tout autant qu'avec mes parents. C'est incroyable si elles savaient que je vis encore avec elles, se seraient des éclats de rires, des rires édentés mais qu'importe l'âge!!!
Mouflet je n'avais pas beaucoup de besoins, un sourire rassurant, de la gentillesse et être l'objet de toutes les préoccupations... Voilà c'est tout... Des baisers et des caresses mais aussi des yeux qui m'aiment... Et qui me sourient...
Je ne crois pas avoir été dérangeant où capricieux, je vivais avec et pas contre quelque chose où quelqu'un...
Un Jour, j'imagine que c'était la responsable , me tendit un cahier qu'elle venait de coudre et elles éclatèrent toutes de rire, heureuses d'offrir. J'en était tout gêné , elle m'offrait son travail et déjà j'en avais la notion, je gardais ce cadeau pour l'utiliser à l'école... à Rasht...
A Rasht il n'y avait pas d'école française, mais il y avait des Français qui travaillaient avec mon père et parmi ces expatriés un dont l'épouse avait été institutrice en métropole.
Ayant accompagné son époux, elle était donc disponible.
Les Français se réunirent discutèrent, et prirent la décision de créer une école française ...
Une villa fût louée et l'école commença, une vrai petite école, tout était là jusqu'au bureau où bien souvent je me retrouvais dessous par punition.
Sous le bureau non loin des genoux de la maîtresse... un coin idéal pour rêver ... Comme quoi je n'étais pas exigeant et déjà mes parents commençaient à s'arracher les cheveux au vu de mes performances scolaires.
Paul est un rêveur... Ben vi !!!
Paul n'apprend pas ses leçons...! Ben vi...!
Paul ceci Paul celà...!
Paul! le bonnet d'âne... Ben vi aussi... Mais Paul s'en foutait, Paul avait d'autres préoccupations bien plus scientifiques : le bassin où coulait éternellement de l'eau de source.
Ce bassin était fréquenté par les petites filles de bonnes familles avec leurs dinettes qui parfois tombaient au fond du réservoir au moment de la vaisselle juste avant de reprendre place dans la classe . A la récréation Paul allait se poster là, le menton sur le poing et le poing sur le bord du bassin. Une tête pleine de rêves et d'observations si lointains des préoccupations scolaires... Paul est un rêveur...
Aujourd'hui du fond des eaux on remonte les épaves et tout le reste avec des ballons gonflés de gaz et moi j'avais déjà compris la chose à quatre où cinq ans... dans les années cinquante. Pourquoi et comment ?
C'est simple, la fontaine permanente du bassin fournissait l'air qui sous forme de bulles tapissait les parois du bassin les quelles étaient recouvertes d'algues sombres et glissantes.
Les dinettes qui étaient au fond du bassin se recouvraient de bulles, et bien sûr qui était là pour observer ? bien évidement pas l'institutrice qui aurait pu commenter les évènements...
Non il y avait un ingénieur en culottes courtes qui jour après jour venait observer l'évolution, cinq où six bulles avant hier et aujourd'hui beaucoup plus et deux jours plus tard il y avait plein de bulles , tant il y en avait que même aujourd'hui je ne saurais les dénombrer.
Patient je venais et regardais , le soleil éclairant les scènes du fond du bassin quand je vis une coupelle s'élever lentement, très lentement, un trajet incertain , une bulle se détacha et la coupelle redescendit en vacillant à gauche à droite, jusqu'à rejoindre le fond.
L'équilibre était à la bulle près, c'était là une première leçon de vie: la goutte qui fait déborder ... une autre façon d'expliquer ... les excès... je n'ai jamais su vivre autrement...
Le lendemain je retournais à mon observatoire et sous le rayon solaire qui devait chauffer les bulles instables je vis la coupelle remonter, elle avait attendu que je vienne l'observer et cette fois-ci remonter lentement jusqu'à la surface la nature avait besoin de son témoin. A l'heure au rendez-vous j'étais aux premières loges de la découverte...
Je récupérais délicatement l'objet de mes observations pour fièrement le rendre à sa propriétaire, c'est ainsi que je récupérais tout ses jouets au fil de l'année scolaire de cette école hors du monde...
L'Iran était un pays merveilleux, en tout cas dans la campagne et les petites villes, le caviar était là les lendemains où mon père allait rendre visite au directeur des pêcheries, les esturgeons me donnaient leur vie et moi je ne suis rien en mesure de faire pour eux pour les remercier. Le sacrifice final, comment l'honorer?
Liane Dheilly bonjour Pawel , mon ami , jeviens de lire , et c'est beau doux câlin et sensuel a la fois , tellement bien d'ecrit , qu'on s'y croirait, bisous
· Il y a presque 13 ans ·Il y a 3 heures · J’aime
Pawel Reklewski
un texte magnifique, emplit de souvenirs et de sensations, de chaleur et de mouvements.
· Il y a presque 13 ans ·j'aime beaucoup!
Karine Géhin
version concours wannabe
· Il y a presque 13 ans ·Pawel Reklewski