Qui suis-je? (version concours wannabes)

Ceci est, à l'origine, un texte absolument pas destiné à être soumis à un concours.

Je vous le livre donc, à peine modifié, et vous retrouve à la fin pour le commentaire de l'auteur, autrement dit: moi!

Je ne sais pas pourquoi j'éprouve le besoin, aujourd'hui, non pas d'écrire un texte sur un sujet tiré de mon, parfois trop fertile, cerveau, mais d'écrire sur moi.

Une fois n'est pas coutume, rassurez-vous!

Je suis tantôt une femme, tantôt un homme, une nymphomane, une femme battue, une fleur, une sœur, plusieurs fois une tueuse sans scrupule, mais au final qui suis-je?

Quand je suis arrivée sur WeLoveWords, je me suis "baladée" (original quand on a les fesses posées sur un canapé!) sur le site et j'ai été surprise. J'y ai découvert tant de gens différents: Vous. Des plumes maladroites, mais qui ont tant de choses à dire, des plumes habiles, qui m'ont laissée sans voix, des mélancoliques, des agités, des comiques…

J'ai noué avec certains une sorte d'amitié née des mots qui m'a surprise. Entre lecture, écriture, commentaires, je me suis laissé embarquer et je suis devenue totalement "addict".

Mais qui suis-je?

Je suis une femme, ça déjà, vous pouvez en être sûr. Je vis en couple, je n'ai pas d'enfants et j'adore écrire. J'écris depuis longtemps. Tout, n'importe quoi. Et surtout, uniquement pour moi. Les personnes qui savent que j'écris sont trois. Ma mère, ma sœur, mon chéri.  Lui, d'ailleurs, ne s'intéresse pas vraiment à ce que j'écris, pour lui c'est un passe-temps, une occupation, comme si j'allais à la piscine en quelque sorte. Je lui ai lu deux ou trois textes, pas plus, et à un moment, j'ai même cru qu'il allait bailler. Pas la peine de s'acharner…

Ma sœur a découvert le poème écrit à son intention sur le site. Elle en a pleuré m'a-t-elle dit. J'en ai été ravie, vous pensez bien, c'était un peu le but! Mais depuis, aucunes nouvelles. Je ne sais pas si elle est revenue lire autre chose, je ne sais pas ce qu'elle en pense, rien.

Quant à ma petite maman, pour elle, je suis un écrivain, ni plus ni moins. J'écris "trop bien", mais où vais-je "chercher tout ça"?  etc… pas une déesse, mais pas très loin. Très objectif, le point de vue d'une mère…

Mais surtout, hier, elle a eu cette phrase qui est à l'origine de tous mes questionnements. Alors que je viens de lui lire "Les battements du cœur d'Alix", elle est sans voix, elle me regarde comme si elle me voyait pour la première fois. Et elle me dit: "T'es douée. T'aurais pu faire quelque chose de bien, quand même!". Pour le coup, c'est moi qui en ai perdu mon habituel sens de la répartie.  Quelque chose de bien? QUELQUE CHOSE DE BIEN?  Parce que j'ai 37 ans tout de même. Des trucs bien j'ai dû en faire quelques-uns, non? Tout ce que j'ai trouvé à répondre c'est "Ah, ben, merci…", et bien évidemment j'ai eu droit à "Mais non, ce n'est pas ce que j'ai voulu dire!". J'ai changé de sujet. Parce que le problème c'est qu'elle l'a dit.

Alors, après son départ, j'ai cogité. Et pour tout vous dire, je cogite encore.

Trouver quelque chose de bien que j'aurais fait. C'est ma préoccupation depuis. Et ce n'est pas évident.

Je n'ai pas un métier reconnu. C'est même plutôt mal considéré. Pas comme un inspecteur des impôts ou un flic, non. Aux yeux de la plupart des gens, intellectuellement, je devrais me situer entre la nunuche et l'huître.

Je n'ai pas fait un beau mariage. Je ne suis pas pour le mariage. Les grands serments enflammés qui s'envolent au premier coup de vent, ce n'est pas pour moi. Ça fait quinze ans tout de même qu'on file le non-parfait amour.

Je n'ai pas d'enfants. Et je pense que je n'en aurai pas. Une fatalité, un choix? Bizarrement, un peu des deux. Pas la peine de s'appesantir, c'est selon mon humeur, source de joie ou de pleurs.

Je n'ai pas une belle, grande maison. Je vis en appartement parce que les grandes maisons me font peur. La solitude me fait peur. Je préfère peu de pièces, et petites, à choisir.

Je ne fais pas un sport dans lequel je pourrais être reconnue.

Je n'ai pas donné un rein à un être cher.

Je n'ai pas sauvé un enfant de la noyade. De toute façon, je ne sais pas nager.

Je n'ai pas gagné au loto. De toute façon, je ne joue pas.

Putain, mais ce n'est pas possible! Je n'ai encore rien fait de bien?! Et d'abord qu'entend-elle par là?

Que j'aurais pu devenir quelqu'un? Mais je suis quelqu'un!

Non, en fait je ne suis personne.

Une anonyme, une femme comme tant d'autres. Qui écrit pas trop mal (j'espère, au moins ça!). Comme des millions de gens.

J'en suis à 4400, et je n'ai pas avancé.

Qui suis-je?

Voilà le texte comme je l'ai livré.

Et les réactions positives m'ont mis du baume au cœur.

Jusqu'à ce commentaire: "Pourquoi tu ne proposerais pas ce texte au concours edicool?"

Une suggestion qui aurait ravi n'importe quel apprenti-écrivain! Sauf que pour moi ce fut le point de départ de nouveaux questionnements.

Je n'ai jamais envoyé de texte à un éditeur. Jamais participé au moindre concours.

Pourquoi? Parce que j'ai peur, tout simplement. Peur de m'entendre dire ce que je redoute le plus au monde: "Mademoiselle, vous n'avez rien d'original".

Voir tous mes rêves s'effondrer, ma joyeuse énergie fondre comme un esquimau en plein mois d'août, les élans de mon cœur stoppés net, la main en suspens au-dessus de la barre espace de mon clavier…

Le problème c'est que mes amis écrivains ont raison, si je ne tente rien, mes rêves resteront des rêves justement.

Et que vaut-il mieux? Des rêves gardés au fond de son cœur, protégés et à l'abri des vents contraires? Ou des rêves exposés aux quatre vents, soumis aux bourrasques, au risque de les voir s'envoler et retomber dans la main de quelqu'un?

Je choisis les rêves qui s'envolent…

Mais j'ai peur.

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