Regarde le monde

Regarde le monde Voir sur le bitume une silhouette endormie, Enroulée dans une fine couverture pour la nuit. Se croiser dans la rue sans se voir le matin, Pour sortir promener comme chaque jour son p'tit chien. Ignorer cordialement son voisin de pallier, Quand vous le bousculez pour arriver le premier. Voir des hommes se battre à mort pour leur liberté, Sous quelques bannières pas si souvent étoilées. Voir un tout petit bonhomme pleurer de terreur, Devant le spectacle de la nature en fureur. S'isoler derrière leurs écrans pixellisés, Pour rejoindre soi-disant une communauté. Regarde le monde comme il est Regarde ce qu'on en a fait Alors qu'il suffirait... De partager les agapes des fêtes avec lui Ce mal loti de la vie, lui, ce sans abri. Lui donner un peu de ta vie,et d'amour aussi. Le réchauffer d'une soupe et d'un peu de riz, Lui offrir, pour une fois, votre toit pour la nuit. Lui faire comprendre que même son avis compte aussi Qu'il a le droit de sourire, qu'on aime quand il rit. Faire qu'il retrouve sa dignité d'homme sans ennui Qu'un jour enfin il reprenne le cours de sa vie, Oubliant cette parenthèse, sortant de sa nuit, Pour redécouvrir les plaisirs et avoir envie. Solidaire, pour l'aider à renaître à la vie. Regarde le monde comme il est Regarde ce qu'on en a fait Alors qu'il suffirait... De parler sans manière avec tous vos voisins, Croisés sur le pallier tous les jours, chaque matin, Qu'ils soient beurs, blacks ou blancs, pourquoi pas arméniens. S'enrichir d'ces différences pour être simplement bien. Les enseigner et partager avec les siens, Toutes ses valeurs qu'on admire, et auxquelles on tient: Le respect et le partage, l'entraide et l'entrain D'aller ensembles dans le même sens toujours plus loin Chanter en chœur vos convictions, main dans la main, Montrer à tous qu'il n'y a qu'un seul genre humain. Pour vivre ensembles nos différences jusqu'à demain Solidaire, pour savoir se supporter enfin. Regarde le monde comme il est Regarde ce qu'on en a fait Alors qu'il suffirait... D'un p'tit sourire complice au papy du deuxième, Qui, depuis si longtemps, vous supporte avec flegme. Porter le panier de la vieille dame au cinquième, Et prendre soin de pas renverser son pot d'crème Garder le petit dernier des jeunes du troisième, Partis retrouver les joies d'une vie de bohème. Supporter les accords de piano du sixième En fredonnant dessus des paroles de M. Entendre pleurer les mômes du gars du quatrième, En regrettant juste de ne pas avoir les mêmes. Sortir toutes les poubelles en souriant quand même. Solidaire, pour mieux soulager tous ceux qu'on aime. Regarde le monde comme il est Regarde ce qu'on en a fait Alors qu'il suffirait... De quelques mots échangés entre présidents, Dans un salon qu'il soit ovale ou à quatre pans Pour que le monde vive enfin harmonieusement, Sans plus de guerre, de prises d'otage, ni de tourment, Sans premier de cordée comme unique dirigeant. Mettre au mot démocratie le sens qu'on attend Sans détour ni besoin d'aucun émolument Accorder bien moins d'intérêt aux monuments Qu'aux valeurs qu'ils sont sensés garder fièrement. Jeter les armes, et discuter, tous, calmement, De la paix et de l'avenir de nos enfants Solidaire, pour réussir à vivre longtemps. Regarde le monde comme il est Regarde ce qu'on en a fait Alors qu'il suffirait... D'accueillir cet enfant, l'adopter dans son cœur, Chercher à lui faire vite oublier son malheur. Lui donner l'assurance d'une vie bien meilleure, Sans devoir côtoyer la colère et la peur. L'aider à grandir sagement, tout en douceur, Lui offrir un foyer, uni, haut en couleurs. Faire en sorte qu'il connaisse lui aussi le bonheur, De pouvoir un jour, en reparler sans douleur. Que connaitre ses racines soit pour lui un honneur Une fierté qu'il pourra partager sans rancœur, En retrouvant presque par hasard une sœur. Solidaire, pour cesser de voir verser leurs pleurs. Regarde le monde comme il est Regarde ce qu'on en a fait Alors qu'il suffirait... De couper ces fils pour renouer de vrais liens, Cesser de réseauter pour se faire des copains, Ranger tous les claviers et se mettre en chemin, Pour en découdre autrement que sur ce terrain. Briser les écrans et puis se serrer la main Apprendre à s'ouvrir et à partager enfin. Oublier les machines pour devenir humain Se regarder vivre et penser au lendemain Se rencontrer en vrai, échanger ses destins Assumer ses défauts sans trop faire le malin Sans pouvoir se cacher, là, derrière des pantins Solidaire, pour devenir un peu plus humain. Regarde le monde comme il est Regarde ce qu'on en a fait Alors qu'il suffirait... De peu, tu vois, pour qu'il devienne humanité Réapprendre toi et moi à vivre ensembles, soudés, Redécouvrir tous, un jour, le sens du mot-clef Et, finalement, la vivre... cette ... Solidarité ! Ndrix 20/02/2011