Repose en paix.

-         Il est bien, apaisé et serein, il semble dormir.

-         Je l'entends même ronfler d'ici.

-         C'est marrant, il fait beaucoup plus jeune mort que vivant ?

-         Les thanatopracteurs ont fait beaucoup de progrès.

-         Certes, mais je ne pensais pas qu'ils avaient le droit à la chirurgie plastique, on dirait James Dean jeune, car mort il était tout écrasé.

-         Il parait plus grand aussi !

-         Ils ont dû lui mettre des talonnettes.

-         On est sûr que c'est bien le bon, au moins ?

-         Oui, regarde, il a une trace de mayonnaise sur sa cravate. Il n'y a que lui pour se tacher post mortem et puis le nom correspond.

-         Tant mieux ! Ça m'emmerderait d'assister aux funérailles d'un illustre inconnu méconnu.

-         D'autant plus que c'est toi, Hervé, qui dois prononcer l'hommage des copains. Enfin évite de citer son prénom au cas où. On n'est jamais trop prudent.

-         J'omets également les tournées de retard qu'il nous doit. Ce n'est pas le moment, on verra ça plus tard. Je vais rester le plus vague possible du genre. « Machin, il paraitrait que tu nous aies quittés. Quitter trop tôt nonobstant, quatre-vingt-dix-neuf ans, ce n'est pas un âge pour mourir et puis c'est trop con à un an près tu aurais eu le maire à ton chevet funéraire... » et patati et patata et parti, pardi ! Que du général, tu vois.

-         Remarque le maire, il ne pouvait pas l'encadrer, il lui a crevé ses pneus et tous ses chiens.

-         C'était de véritables saloperies ces clébards. Sournois à toujours essayer de te morde par derrière et même par devant, à leurs jours de franchise. Il a bien fait, Roger !

-         Robert ! C'était Robert, son prénom.

-         Merde, alors là, c'est la boulette !