Revue assassine de Skyfall

Même un amateur de la série des James Bond ne pourra qu'être déçu devant les deux heures vingt d'idiotie que sont Skyfall. Le filon Bond commence à s'épuiser, après cinquante ans de bons et loyaux services, et ses producteurs se sont réfugiés dans une surenchère absurde et inefficace.

Entre les crashs d'hélicoptères et de rames de métro, les prouesses physiques gratuites de 007 (comme s'accrocher sous un ascenseur pour poursuivre le méchant au lieu de repérer l'étage et d'y aller normalement) et son ascendant magnétique sur les femmes (devenu invraisemblable puisqu'il manque de la stature et de l'élégance de ses prédécesseurs dans le rôle), le spectateur est ballotté, secoué, abasourdi sans être vraiment diverti. L'énergie explosive et violente du nouvel agent, qui passe son temps à courir partout, remplace peu avantageusement l'ingéniosité impertinente des anciens 007. La seule trouvaille du film, la mort supposée de Bond, n'est pas exploitée de façon satisfaisante dans la narration et devient une pirouette de plus dans un récit qui n'est qu'une suite de "séquences choc".

Le méchant, figure habituellement amusante, pourrait sauver l'ensemble par son originalité et son humour, si ses motifs freudiens de vengeance ne le vouaient pas au ridicule. L'univers de Bond, bien qu'il soit soigneusement actualisé, s'appauvrit, et même les classiques jeux de mots flegmatiques du héros (destinés à faire croire à l'existence d'un second degré qui a disparu) tombent à plat, trop attendus et trop en porte-à-faux avec une intrigue facile et basique.

Un honneur fait à Ian Fleming (sinon à ses héritiers) serait d'arrêter là la dégradation d'une série de films qui fit autrefois le bonheur du public.