Rimes à rien (2)
fionavanessa
Vertuchoux ! ça ne rime à rien !
des rimes aryennes ? je n'ai pu céder aux habitudes de gloutons teutons , descendre des pintes et des choucroutes sauvages ;
je préfère dériver près de la Lorelei, en déroute, au bord du Rhin,
vagabonde globetrotter, hilare Barbare, joconde bouille ronde absorbée dans l'observation, à épier pour apprendre les autochtones aux manières cocasses, mes cousins les Germains devenus cartésiens, semant leur paranoïa de la banqueroute, leur Bérézina de bazar sur le trottoir.
Mon coeur rapiécé de Fianna polyglotte et mes pupilles se focalisent autour de failles toutes urbaines ;
les adjoints à l'urbanisme peuvent se vanter de réparer les craquelures du macadam,
écoutez-les débiter des niaiseries autour de petits fours,
regardez-les marivauder avec les mondaines
et nous vendre leur nouvelle utopie de quartier,
cernés de toutes parts qu'ils sont de pique-assiette immondes
je préfère m'égarer, hagarde Hildegarde sans plan de carrière éprise d'une simple clairière
à m'exercer sur mes guibolles mal assurées à faire des sauts de puce entre les pavés,
j'irai ainsi sûrement plus loin à pinces qu'eux dans leur Phalanstère sans nerf.
Fumisterie que cela ! pendant qu'ils vantent les mérites de la voiture électrique, ou de la brosse à dents supersonique,
qui accouche les âmes, qui relève les hommes et les met debout, le menton levé vers demain ?
c'est là que se tiennent les éminents héros de l'ombre,
amis allons mirer le reflet céleste des astres nocturnes dans l'eau noire du Rhin,
amis allons crever la bulle creuse de leur discours gonflé d'eux-mêmes,
allons incendier du regard tous les faux-culs des villes ou des champs sans mot dire,
antonyme mutique de leur logorrhée
jusqu'à épuiser leur stock glauque de grommelots polis et pudibonds ;
leur lot de bondieuseries sans queue ni tête qui ne mettent personne en fête,
pas même les ringardes grenouilles de bénitier esseulées
ni les couples arrimés au même râtelier jonché de regrets et de vaisselle cassée...
amis allons contrecarrer leur morne train-train et leur faux semblants
qui veulent vous faire rentrer dans le rang, les pieds en-dedans,
sortons casque et bouclier,
Je leur conterai alors les contrées sylvestres et rocheuses où sévirent les Fian,
je leur conterai le vent dans les voiles d'Irlande, la voûte céleste, la beauté du jour,
L'oeil perçant de leurs archers,
La demoiselle octogénaire que l'on nomma Nuit-et-jour,
et comment personne que le plus brave ne parvînt à dénouer mes tresses guerrières,
comment le sang énigmatique et fier de la tribu à la peau blanche se transmit pour mille ans,
mon chant océanique réveillera en eux le goût mutin des mets sauvages
et des visions de falaises nues surplombant l'onde vigoureuse,
ils voudront prendre racine
se délester de leurs oripeaux de citadins et citadines,
nous conter à leur tour ces souvenirs de leur contrée réveillés par la mélodie de mes dits,
ils voudront nous parler vrai,
ne plus entendre parler de promoteurs, de charlatans et d'assureurs,
quitter leur tour d'ivoire,
goûter au charme du travail fait main,
Mais ils résisteront à l'épreuve du doute,
se fourvoiront dans l'ascèse ou les chausses-trapes de l'indigestion,
s'aveugleront encore,
jusqu'à ce que mature la fermentation,
jusqu'à ce que prennent corps en eux les choses vues et senties,
jusqu'à ce qu'ils riment en eux-mêmes enfin,
jusqu'à ce qu'ils riment avec quelqu'un,
jusqu'à ce qu'ils riment avec humain,
jusqu'à ce qu'ils riment avec lendemain,
sans quoi ils risqueront gros,
tout comme moi,
tout comme vous,
de s'évanouir dans l'humus informe,
de mourir comme des chiens.
j'ai lu aussi. Cela m'inspire moins que l'autre.
· Il y a plus de 9 ans ·elisabetha
Pas grave ! au moins tu es honnête !
· Il y a plus de 9 ans ·fionavanessa
Eh bien chapeau bas Miss Fiona, une telle maîtrise du français..êtes-vous seulement anglaise ?!
· Il y a plus de 9 ans ·Aurélien Loste
Non. Ma biographie indique ma ville de naissance, mais je suis de deux cultures ; c'est ce que je vous écrivais, le français est ma langue maternelle.
· Il y a plus de 9 ans ·fionavanessa
Comme moi alors, bordelais, qui appris l'anglais à trois ans.
· Il y a plus de 9 ans ·Aurélien Loste
Vous savez j'admire beaucoup petisaintleu, et cela nous a rapprochés. J'ai lu vos commentaires de "parlez-vous petisaintleu",
· Il y a plus de 9 ans ·fionavanessa
J'aime aussi beaucoup Balzac, mais force est de reconnaître ce qui est ;-)
· Il y a plus de 9 ans ·Aurélien Loste
et puis je dois reconnaître qu'à son contact j'ai bien progressé en langue grâce à lui.
· Il y a plus de 9 ans ·fionavanessa
Au contact de Balzac ou de Petisaintleu ?
· Il y a plus de 9 ans ·veroniquethery
Délire maitrisé,, fin,,Du plaisir à le lire sans raison et sans rime ;-))
· Il y a plus de 9 ans ·Patrick Gonzalez