ROSES
nyckie-alause
Cette arrière saison, est-ce l'automne ?
Que mettras-tu dans ton bouquet, que vas-tu cueillir au jardin ?
Elle se retourne étonnée de n'avoir pas entendu le bruit de la porte, ni mes pas, ni mon souffle. Elle se croyait seule et s'attardait à rêver.
Elle se détourne, encore, son regard hésite entre le jardin et le miroir qui nous fait face. Nous ne sommes que des reflets me dit-elle, des reflets du temps qui a fuit. J'ai l'impression que ma présence la met mal à l'aise. Veux-tu que je parte ?
Cette arrière saison, est-ce l'automne ?
Elle pourrait me faire face mais elle choisit de se rapprocher du miroir, elle en est si proche qu'elle doit incliner un peu la tête pour m'apercevoir, enfin pas moi, mon reflet que le miroir renvoie, exagérant la perspective, m'amenuisant, réduisant mon personnage à un détail du tableau, une sorte d'arrière-plan que l'artiste a pris le soin d'éclairer d'un rayon de lumière venu du dehors, une source lumineuse hors-champ.
Sans cela j'aurai pu disparaitre, elle n'aurait pas saisit ma question.
Cette arrière-saison… Est-il trop tard ?
Quelle fleur ?
Je lui conseille le rosier, celui qui grimpe contre la colonne, il donne encore quelques fleurs, plus petites, moins juteuses… odorantes… humides…
Il est tôt, le jardin est humide, délicate la nuance des roses comme la finesse de ses mains qui saisissent le sécateur avant de sortir. J'aimerais la suivre mais pour l'instant je n'ose pas sans invite. La porte fenêtre que je ne franchit pas est resté entrebâillée et mon souffle tendu trouble la transparence de la vitre. Il suffirait qu'un courant d'air écarte un peu l'huis pour que j'ose me glisser jusqu'à la terrasse, l'escalier, l'allée, la colonne, le rosier, jusqu'à elle…
Notre arrière saison, est-ce l'automne ?
Je n'aurais qu'à suivre les traces que laissent ses pieds nus sur les dalles, sur les marches, sur le gravier, sur l'herbe que des feuilles jaunies ont déjà décorée. Je devrais la suivre, la poursuivre…
Je l'appellerai par son nom Rose, Rose !
Ses joues rosiront tout autant que les miennes, elle se piquera au jeu que je joue, celui de la séduction pas celui des épines.
Rose, serait-ce notre dernière saison ?
https://rechab.tumblr.com/post/649246737326899200/la-rose-du-bar-rc
· Il y a presque 3 ans ·rechab
Très joli texte encore plus métaphorique que celui que j'ai publié (je publie peu,... rire) C'est moi, ou les gens ne savent plus lire entre les lignes ?
· Il y a presque 3 ans ·daniel-m
Merci…
· Il y a presque 3 ans ·nyckie-alause
"Nous ne sommes que des reflets (...) du temps qui a fuit", "Les traces que laissent ses pieds nus", l'arrière saison c'est surtout l'enfer quand on vit avec un fantôme. Je suis sans doute passé à côté du sens, mais c'est ce que j'ai ressenti en lisant ce texte magnifique, comme dit Louve.
· Il y a presque 3 ans ·Christophe Hulé
Tu as bien compris, l'arrière saison c'est bien entendu l'expression d'une certaine nostalgie mais pour moi surtout celle du temps qui est passé, une sensation d'inabouti…
· Il y a presque 3 ans ·nyckie-alause
Magnifique ! Et ton écrit m'entraîne dans le jardin où ma mère s'affairait entre les roses et les tendres pivoines...,
· Il y a presque 3 ans ·Louve
J'adore particulièrement les pivoines. Merci Louve de ta lecture…
· Il y a presque 3 ans ·nyckie-alause