Rouge pétrole

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NOM : Solita Milexi Viola dite « Sol »

AGE : 27 ans

NATIONALITE : Argentine

FAMILLE : Inconnue. Sol est un Hijos, un bébé volé de la dictature argentine imposée entre 76 et 83. Ses parents ont été enlevés et torturés comme des milliers d’autres « subversifs » à l’école de la Marine de Buenos Aires (l’ESMA), le centre de rétention le plus tristement célèbre du pays. Dès sa naissance, elle est confiée au général Albernaz, proche de la junte militaire au pouvoir, dont la femme, une catholique intégriste, ne peut avoir d’enfant.

FORMATION : Elle reçoit une très haute éducation. Après des études brillantes dans des établissements privés de Buenos Aires, elle apprend les Arts militaires au prestigieux Collège de la Nation. Elle pratique le Kapap-lotar, l’art martial israélien des troupes d’élite anti-terroriste, un programme complet d’auto-défense, de maniement des télétransmissions, armes à feu et explosifs. Elle parle anglais, allemand, français, espagnol, et plusieurs dialectes amérindiens dont le quechua.

MORPHOLOGIE : 1,75m, 60kg. Sol est belle, grande et mince. Elle a la peau mate et des cheveux bondis par le soleil. Les yeux dorés comme Malko. Elle porte un mystérieux tatouage à la cheville fait à sa naissance par le bourreau de sa mère, elle ignore ce qu’il signifie.

LOISIRS : Elle joue du piano. Elle a étudié le tango argentin avec son oncle, directeur d’une des meilleures écoles du pays. Des rumeurs courent sur d’éventuels « débordements » pendant les cours particuliers. Quoi qu’il en soit, Javier Brignone a cessé de l’approcher le jour de ses dix-sept ans, après qu’une chute mystérieuse lui ait brisé le poignet et le coude. Sol, ne danse jamais pour qui que ce soit.

CARACTERE : Une jeune fille superbe, toute en contradiction. Son déracinement a causé un manque inconscient, un sentiment de solitude qui ne la quitte jamais. Son éducation militaire en a fait une femme endurcie, performante et efficace, mais elle a passé sa vie avec la sensation de ne pas être au bon endroit. L’intégrisme religieux de sa mère l’a immunisé contre la plupart des contes de fée, mais elle a très vite franchi le cap des prémices sexuelles pour s’élever contre son autorité. Lorsqu’elle apprend la vérité sur son passé, elle comprend enfin pourquoi elle ne se retrouvait pas dans ceux qu’elle était censée aimer. Partagée entre haine, soulagement, et culpabilité, elle assassine de sang-froid ceux qui l’ont « séquestrée » et qui s’apprêtaient à fuir vers l’Espagne pour échapper à la justice. Elle n’a jamais été la machine à tuer pétrie d’idéologie fasciste que son père adoptif a voulu forger, et ne se serait jamais crue capable de tuer un homme, mais la douleur d’imaginer ses parents torturés et jetés dans une fosse commune l’a conduit au meurtre. C’est paradoxalement ce qui donne le coup d’envoi à sa carrière d’agent de la CIA, alors que le mystère autour de sa naissance devient une véritable obsession.

 

SYNOPSIS :

            Les procès des partisans des juntes militaires sévissant entre 76 et 83 ont débuté depuis deux ans à Buenos Aires. Des procès fleuves, où les accusés sont vieux et cyniques, les parties civiles mortes ou portées disparues, et les enjeux lourds de sens, pour l’Argentine et l’Histoire. Une semaine avant le début du procès d’Alfredo Astiz, l’« ange blond de la mort », tortionnaires de l’ESMA, le camp de la mort où des centaines de Hijos, bébés de « subversifs », ont été volés et confiés au clan de l’ennemi politique, le témoin clé Jorge Eduardo Luppo disparaît.

            Sol est approchée par la CIA alors qu’elle se cache après le meurtre de ses « parents ». La CIA ? Elle ne veut pas en entendre parler. Ils ont financé la Guerre Sale à hauteur de plusieurs millions de dollars, elle les tient pour responsable des milliers de morts et desaparecidos, et de son enfance passée au sein d’un groupuscule fasciste qu’elle a dû appeler « père » et « mère ». Leur protection ? Elle s’en fiche. Albernaz lui a fait passer son adolescence dans des camps où sont enseignées les techniques de self-défense des commandos d’élite, elle s’en sort très bien sans eux. Une nouvelle identité ? Elle n’a déjà pas la vraie, sa couverture est parfaite. Même elle y croyait. Grâce au SERE, programme de l’armée américaine dont certains enseignements sont classés secret défense, elle est spécialiste en évasion et « disparition ». Comme son salaud de ravisseur, se plaît-elle à répéter. S’ils l’ont retrouvée, c’est uniquement parce qu’elle l’a bien voulue. Elle compte bien négocier son sort en échange de documents ayant appartenu à son « père ». Mais la conversation prend une toute autre tournure lorsqu’ils promettent de lui révéler qui sont ses vrais parents et ce qu’il leur est vraiment arrivé.

            L’agent Elton Cooper lui révèle alors que la disparition choc du témoin était d’abord de leur fait. La CIA avait promis de lui faire quitter le pays, lui évitant ainsi prison ou assassinat, en échange de renseignements décisifs dans la lutte contre les narcotrafiquants, priorité numéro deux de l’agence de renseignement après la lutte contre le terrorisme. Or depuis peu il semblerait que les deux menaces se rejoignent, les cartels de drogue mexicains et leurs milices paramilitaire se seraient pourvus de matériel visant à construire des « bombes sales ». Selon leurs sources, ces techniques leur viendraient d’anciens soldats ayant participé au plan secret d’armement nucléaire secret mené par l’Argentine pendant les années 90, dont Luppo avait été l’un des instigateurs.

            Malheureusement l’homme leur a échappé au cours de l’ « enlèvement ». Il n’est jamais arrivé à la Nouvelle-Orléans où l’attendait son contact. Le bateau a disparu quelque part au milieu du Golfe du Mexique, alors que Deepwater Horizon explosait, déversant des millions de litres de pétrole dans les eaux territoriales américaines. Le temps presse. Ils ignorent qui a enlevé leur homme et pourquoi, mais cela ne laisse présager rien de bon.

            Sol va se mettre aussitôt en chasse du témoin disparu. Son enquête la mènera des bayous de la Louisiane à Miami, jusqu'à Cuba, où elle retrouvera Jorge Eduardo, au centre d’une machination qu’elle n’aurait jamais soupçonnée. Et si l’accident terrible de la plate-forme pétrolière de British Petroleum, cachait en réalité une vérité bien plus terrifiante ? Sabotage, vaudou, exfiltration, agent double, enrichissement d’uranium et Corée du Nord, les ingrédients d’une machination diabolique et implacable à laquelle Sol devra faire face pour percer le secret de sa famille.

  

SCENE EROTIQUE :

Des aigrettes entre les cyprès, emplis de mousse espagnole et de pestilence boueuse. Mouvements reptiliens, tapis dans la mangrove. Un vent tiède monte du Golfe, chargé de sel. Il s’engouffre le long des rives du Mississipi, balaye les levées sombres des marais, file à travers les eaux du port, et vient rafraîchir la fine pellicule de sueur sur les épaules de Sol.

La Nouvelle-Orléans. Vautrée dans l’alcool et la misère.

Elle descend au croisement de Canal Street. Avec la nuit, des parfums de bougainvilliers émanent des balcons. L’air se charge d’électricité.

Bourbon street frémit.

Le bas de la rue est envahi par les boîtes de strip. Photos. Films. Bande-son furieuse. Le cul sous toutes ses formes. Sur tous les supports. Râle. Supplique. Soupirs. Une blonde sur une balançoire jaillit d’une fenêtre, dévoilant des fesses d’adolescente. Une black élancée, un unique ruban de satin mauve autour de ses muscles charnus, se tord à son passage. Elle ondule. Explosive. Des filles l’alpaguent, sexy, pressantes, obscènes. Elles portent des plateaux hérissés d’éprouvettes fluos. Jaune vert rouge bleu noir. De l’alcool pur. Des étincelles.

-One for one chérie. Un shot, un dollar.

Une petite brune bien en chair la défie du regard. Lascive. Les tétons à la lisière d’un bustier blanc. Sol lui tend un billet plié en deux.

-Tu bois, je bois, réplique l’autre. Choisis ta couleur.

Stratagème astucieux. Elle allonge.

-Rouge.

La serveuse glisse le tube entre ses seins, luisants des tournées précédentes. Elle se penche en avant, provocante. Sol, bouche entrouverte, effleure le verre. La peau douce. Chaude. Elle s’agenouille lentement, ses mains le long des hanches de la fille qui se hisse sur la pointe des pieds pour la faire boire. La vodka coule dans sa gorge. Une décharge lui parcourt la colonne vertébrale.

-Noir, dit l’autre.

Solita l’attire contre elle, sans la quitter des yeux. Elle plaque ses fesses contre son ventre, se blottit, comme une chatte tendre, au creux de ses reins. Elle renverse la tête sur son épaule, leurs cheveux se mêlent, se répandent sur leurs décolletés. Sol lève le shot au-dessus de la brune, sa main à la racine de ses cuisses. Brûlante. Elle sent les vibrations pleines de désir. Elle imagine son doigt mouillé en elle. La chaleur. La vie. Les contractions de son corps.

-Ouvre la bouche, susurre-t-elle.

Elle verse doucement la dose. Le Jäger dégouline sur les lèvres, le menton parfait, la gorge offerte. Jusqu’à la ligne délicate des seins. Sol passe sa langue le long de sa nuque, sur la peau tendre et frémissante. L’autre ferme les yeux. Elle retient son souffle. Se laisse emporter. Elle fait volte-face. Un mouvement brusque. Passionné. Animal. L’éprouvette éclate sur la chaussée. Paillettes fines et silencieuses. Elle la plaque contre une vitrine. Elles s’embrassent.

Enfin.

L’alcool se mélange. Leurs langues s’effleurent. Deux ado s’arrêtent pour les regarder, fascinés. Sol a immédiatement envie de se glisser en elle, encore et encore. Être ailleurs. Avec eux. Et cette fille.

C’est dangereux. Trop dangereux pour ce soir. Elle doit se concentrer. Ne pas perdre de vue sa mission. Et les siens.

Elle saisit la fille par les épaules et la dévisage un instant. Intensément.

-Tu n’es pas mon genre, dit-elle soudain avant de s’éloigner, mutine, un clin d’œil aux garçons.

Plus loin, un prêtre appuyé sur une croix gigantesque hurle des imprécations dans un mégaphone. Yeux exorbités. Il promet l’apocalypse pour tous. La fange.

Pauvres pêcheurs.

  

SCENE D'ACTION :

Le bar est plus petit qu’il n’y paraît. Vieille rengaine de Zydeco. Soutiens-gorge au plafond. Le zinc serpente entre capsules de Jax et colliers de carnaval. Derrière le bar, Samuel Bourbon est un homme au visage sec comme du charbon.

-Z’êtes perdue ?

-James Lee m’envoie.

Il la détaille patiemment. Il voit rarement des morceaux pareils dans le quartier. Les filles ressemblent à des chefs de gang, bardées de tatouages, ravagées par le crack. Mais celle-là. Avec sa bouche provocante, son corps fin, ses jambes immenses. Son regard comme du métal en fusion, rendu brillant par l’alcool. Cette fille-là n’est pas du coin.

Trois types se marrent. Sol s’assied. Ils commencent sérieusement à l’emmerder. Tous.

-Donnez-moi un truc fort. Avec du Ginger Ale.

Les yeux du patron se plissent. Des coups de canif dans son visage anguleux. Il se racle la gorge et ravale un gros mollard.

-On n’a pas de Ginger Ale ici, princesse. De la bière c’est tout.

-Alors donne-moi une bière, connard, crache-t-elle.

Le silence se fait dans la pièce. Quelque chose se tend imperceptiblement. Il l’attrape par le bras.

Un couloir rongé de moisissure. Une cour. Il la pousse dans une remise. Sol, concentrée, adrénaline dans les veines, contracte ses phalanges. Elle sait exactement ce qu’il va se passer. Seule inconnue : ce qu’elle va faire de lui.

-Tu crois que tu peux débarquer ici et faire ton numéro, petite pute ?!

La gifle part brutalement.

Encaisse.

Il s’abat sur elle, la plaque contre le mur, bras dans le dos. Il écarte ses jambes. Ses doigts partout. Il enfonce sa langue dans son oreille et retrousse sa robe.

Respire.

Sol analyse l’environnement, sa force. Il n’avait jamais dû se battre contre autre chose que des ivrognes ou des mômes se prenant pour des caïds. Il arrache sa culotte et lui tire violemment les cheveux en arrière. Un filet sanguinolent s’échappe de ses lèvres.

-Tu veux me faire le coup de la viande morte ? reprend-il en desserrant sa ceinture. Ça se passe pas comme ça avec Bourbon…

Il lui écarte le cul et laisse échapper un sifflement.

Attends le bon moment.

-Ça va peut-être faire un peu mal, ricane-t-il.

Elle sent son haleine. Le pantalon en vrac sur les chevilles.

-Je saurai bien te faire danser, moi, salope…

Maintenant.

Elle se rejette en arrière. Le nez du type explose. Sol pivote. Frappe. Un crochet à la gorge. Il se plie sous la douleur. Elle le cueille d’un genou au-dessus du foie. Deux côtes se brisent. Du bois sec. Elle verrouille ses doigts sur le poignet tremblant. Balayage. Face contre terre.

-Tu vois c’est ça, une clef de bras.

Elle accentue sa pression. Il pousse un cri déchirant.

-Ça va peut-être faire un peu mal… ajoute-t-elle mauvaise.

Il respire péniblement. Son sang dans la poussière et les déjections animales.

-Il y a cinq jours l’Espora a accosté, avec à son bord des dockers de Deepwater. Il manquait un type à l’appel. Je veux le capitaine.

-J’suis pas au courant…

Elle resserre son étreinte. L’articulation prête à céder.

-Pitié !! hurle-t-il.

-Ecoute-moi bien attentivement. Je vais revenir. Demain. Et tous les jours. Je vais revenir te coller tes bouteilles dans le cul jusqu’à ce que tu ais trouvé ce que je veux. Si l’envie te prend de prévenir les flics, je te crame dans le mobile-home miteux qui te sert de turne à la Greyhound station.

Il se raidit.

-Crois-moi, achève-t-elle. Tu veux retrouver ce type autant que moi.

Elle s’essuie la bouche du revers de la main. Elle retire les lambeaux de sa culotte et lui enfonce dans la gorge.

-Un petit souvenir, connard.

  • Bravo !

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    http://www.suite101.fr/content/jacques-flament-comment-on-devient-editeur-a27752
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    · Il y a presque 13 ans ·
    Photos libres.com orig

    3d0

  • Le profil du personnage est très travaillé. Par contre le synopsis est un peu confus. Je n'ai pas compris pourquoi la CIA approchait Sol... Mais c'est le seul bémol, car on oublie cela en découvrant les deux scènes à l'écriture remarquablement maîtrisée. Ca sent plus qu'un simple "travail". J'y décèle un savoir-faire qui montre une pratique de l'écriture. Peut-être même un métier ? Vous avez toutes les chances d'être sélectionnée parmi les 5 lauréats potentiels ! Bonne chance !

    · Il y a presque 13 ans ·
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    saint-james

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