Sa jeune barbe...
mailys
Il m’a beaucoup fait boire. Il y avait des irlandais au bar et j’ai beaucoup bu. Alors il m’a fait danser. La danse fait oublier l’ivresse. Et j’ai pensé à toi. Qu’est-ce que tu dirais de moi ? Mais peut-être que tu ne penses pas. J’ai bu. Je n’aime pas le Ricard. Lui, oui. Ça lui donne un air paternel, et j’aime bien. Alors je me suis assise à côté de lui, et il m’a embrassée. Il avait l’haleine Ricard mais ça ne m’a pas dérangée. Je me suis laissée faire. Ses mains fermes me serraient contre lui. Sa jeune barbe me frottait un peu la joue. Qu’étais-je entrain de faire ? Je ne m’en souciais pas. L’alcool, la passion, la folie, je ne sais plus. J’étais bien. La bière commençait à s’évaporer, il devait être 4 heures du matin. Les gens désertaient la piste et allaient finir leur soirée contre les murs. On s’est assis dans un coin, sur une banquette blanche à peine humide. J’ai bu un verre d’eau, il m’a dit qu’il repartait le jour même.
Il me proposais de me ramener chez moi. J’acceptais sans enthousiasme. Je m’endormais dans sa voiture. Il m’amenait chez lui. Une petite chambre au fond d’un jardin. Il m’a déposée sur le lit et m’a embrassée, encore. J’ai senti sa chaleur m’envelopper. Un peu plus tard je me réveillais la tête sur son épaule. Je le regardais. Il était beau. Il respirait doucement. Son ventre bougeait à peine. J’ai caressé sa lèvre inférieure. Cette lèvre si chaude la veille, à présent froide et sèche. Il me plaisait. Je pensais à son départ. Il n’a pas le droit de me plaire. Je me suis assise. Tout était calme. La chambre bien rangée. Ses affaires dans un gros sac noir, ou gris, je ne voyais pas bien dans l’obscurité. Il a ouvert un œil et m'a souri.
J’ai soudainement eu envie de tout déballer. De lui crier : « Ne pars pas ! » Une sensation de liberté m’envahissait. Il me plaisait et je lui plaisais certainement aussi. On pourrait partir tous les deux, dans sa Jaguar. On irait de bars en bars, de lits d’hôtels en lit d’hôtels. On serait libre de tout. Libre de ne pas s’aimer, de vivre sans passion, ou beaucoup plus, libre de se plaire, simplement. Libre de se quitter quand bon nous semble. Mais on ne se quitterait pas. On serait bien, à se baigner dans l’Océan et à jouer notre argent au casino.
Il me plait. Et tant pis s’il part. Il a le droit de me plaire s’il part. Il s’est assis à mes cotée et m’a embrassé le cou. Des frissons parcouraient mon corps. Je me collais contre lui et sentais son cœur battre plus vite tant il m’embrassait.
Il m'a ramené chez moi. Il y avait comme quelque chose de triste dans ses yeux lorsqu’il m'a quitté. Il m’embrassait une dernière fois et je le regardais partir avec une certaine indifférence. Cette indifférence qui nourrit le visage lorsqu’on est libéré du poids de l’Amour.
Sa Jaguar s’éloignait.
c'est un recit plein de tendresse
· Il y a plus de 12 ans ·Sweety
d'accord avec stef. mais c'est un très beau texte, bravo!
· Il y a plus de 12 ans ·Karine Géhin
J'aime aussi.
· Il y a plus de 12 ans ·Belle évocation de ces êtres qui passent dans votre vie, furtivement, et laissent quelques effluves d'un doux parfums d'éternité.
Frédéric Clément
J'aime beaucoup, c'est doux, c'est flou, c'est plein de sensualité et d'eventualites. La vie est une chance, il faut faire la bonne chose au bon moment, et parfois on l'ignore, simplement. Merci Maïlys :)
· Il y a plus de 12 ans ·Alice Neixen