Shaka Ponk, 7 juin 2014, Zénith de Paris

mathieub

compte rendu de concert.

Ce soir, il fait chaud, enfin. Une petite heure pour venir en moto à la capitale afin d'assister à cet événement qu'est un concert de ce groupe pour le moins...tonique. Non que leurs concerts soient confidentiels, ils passent leur temps sur les routes. Non plus que leur musique soit élitiste. Juste que ces moments de communion avec leur public, avec nous, sont des instants d'une rare intensité.

Habitué des salles et des scènes parisiennes, il me semble que peu nombreux sont les artistes à pouvoir enflammer si vite et si fort une foule de plusieurs milliers de personnes. Si Mylène Farmer crée une espèce de symbiose mystique avec son public, les membres de Shaka Ponk sont de véritables distributeurs d'énergie. Les gesticulations frénétiques ainsi que les voix envoûtantes du couple des charismatiques chanteurs entraînent l'intégralité absolue du public dans une espèce de ferveur électrique, électronique autant que brûlante. Une joie indicible s'empare alors des esprits et des corps.

Comment partager plus que ces joyeux singes se livrant corps et âme à leurs fidèles, se jetant depuis la scène sur l'océan humain de leurs adorateurs, passant de mains en mains d'un bout à l'autre de la salle, sans jamais mettre pied à terre ni même cesser de chanter ?

Devant la scène, des éphèbes aux torse aussi secs, nus et tatoués que leur modèle ne laisseraient leur place pour rien au monde. Les filles ne sont pas en reste, jamais. Pantalon de cuir, bandeau cache poitrine ultra serré, cheveux crêpés de frais (ou perruques pour celles à cheveux courts) et lunettes noires de rigueur. Tout le monde chante, danse, crie, siffle, hurle sa joie d'être là, tous ensemble.

Joie est à mon sens le maître mot des concerts de Shaka Ponk. Autant d'énergie ne peut être dépensée et partagée sans la joie que ressentent visiblement ces jeunes gens à être debout (ou couchés, assis, accroupis...) sur la scène à partager leur art, leur vision du monde, leur version du monde. Une version que résume parfaitement la locution fétiche du chanteur, qu'il lance à l'envi de sa voix superlative : « Fais du bruit !! ».

Un autre facteur de joie est la diversité de population venue se repaître du spectacle gargantuesque qu'est un concert de Shaka Ponk : des enfants, casque anti-bruit vissé sur la tête hurlent de leurs voix cristallines des refrains dans cet esperanto improbable qui caractérise les textes de ce groupe hors normes, des enfants donc côtoient des adolescents survitaminés, venus accompagnés de leurs parents, quadras et quincas en mal de joie et de rock, et tous ont leur place ici. Debout en fosse ou debout devant leur siège de plastique rouge, peu importe où, mais tous debouts. Et tous sautent, frappent dans leurs mains et scandent ensemble dans un vibrant unisson ces chansons incroyablement vivantes.

Les chansons s'enchaînent, le son est omniprésent, puissant et semble s'insinuer partout, le jeu des lumières associé aux projections holographiques sont bluffants d'efficacité, de synchronisation et d'inventivité. L'impression voulue de désordre laisse deviner la précision millimétrée de la réalisation, donnant au final une cohérence parfaite avec l'esprit qui anime le groupe.

Après plus de deux heures de joie collective, comme toute bonne chose, le concert prend fin. La lumière crue de la réalité s'allume et tout le monde prend le chemin de la sortie dans un joyeux brouhaha. Nous sortons tous du même rêve, un beau rêve. Paris reprend ses droits, la vie reprend son cours, mais quel concert !


  • Aurais aimé y être...

    · Il y a plus de 10 ans ·
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    sophiea

  • Cher Matthieu... comme d'habitude c'est un très bon texte... Tu décris l'ambiance, la relation groupe/public, et la phrase que j'adore elle la suivante : "l'impression voulue de désordre laisse deviner la précision millimétrée de la réalisation"... j'adore ce genre de phrase. Merci de m'inviter à chaque fois à lire tes textes ;))) à pouette

    · Il y a plus de 10 ans ·
    Dsc 1048

    lafeeclochette743887

    • A pouette donc, camarade savoyarde!

      · Il y a plus de 10 ans ·
      Fightforkiss

      mathieub

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