Si j'étais un personnage de Roman
Véronique Maitressfemme
Au concours de course en sac, je viens de gagner une baguette magique.qui me permet de devenir l’héroïne de roman de mon choix. Je réfléchis bien où je vais mettre les pieds. Quel auteur ? C’est important. Je vais dépendre de ses humeurs et de son imagination.
Coté antiquité, je suis fascinée par les amazones. La reine tant qu’à faire. Un univers sans tricot, une gigantesque orgie une fois l’an et pas d’homme pour me demander de lui cirer ses spartiates. Elles ont l’élégance de la poésie grecque. Oui mais voila, après avoir séduit les Princes, tout se gâte. Leur force n’existe que pour montrer que celle du héros leur est supérieure. J’hésite. Me couper un sein ne me tente pas. Question de symétrie !
Bondissant dans le temps, je m’attarderais chez Rabelais, savourer la truculence de son parler. Hélas Gargantua est un homme. Ne reste que le rôle de Gargamelle. Avec un bain par semaine, j’imagine l’odeur de fennec mort sous la couette. Puis accoucher par l’oreille d’un tel monstre ! Non merci !
J’hésiterais alors entre la Grandet et la Bovary. Pastrès attrayante cette vie que nous dépeint Balzac. Sûr, j’opterais pour Flaubert. J’aime cette scandaleuse qui choisit de vivre plutôt que de mourir d’ennui. Elle, si brillante au milieu de crétins anémiés. Oui ! J’ai bien failli y aller ; mais je me suis retenue. L’arsenic m’a dissuadée.
Bien sûr si la baguette l’avait permis, j’aurais été zieuter côté poètes où la femme a le beau rôle. Et de rêver aux Fleurs du Mal, aux femmes d’Aragon, à une Jolie Môme, à Margoton, à une Mégère de Brive la Gaillarde, à une Jolie Fleur un peu vache, et bien sûr à Fernande. Celle à qui l’on pense, non sans émoi.
Il ne me resterait plus qu’à tester les héroïnes de polars ou d’espionnage.
Super de me retrouver avec des lèvres ourlées en rebord de bidet, des jambes de un mètre cinquante, une poitrine gonflée à l’hélium et le bas du dos en tremplin de ski !
Extra de pouvoir courir un sprint de trois kilomètres sur des talons vertigineux puis de mettre K.O, mains nues, quinze bolcheviks ou quarante chinois enragés ! Sans une goutte de sueur et sans ébrécher un seul de mes ongles nacrés.
Vais-je craquer ?
J’adorerais séduire de beaux ténébreux, regard « or en fusion », doux et sauvages à la fois, intelligents, spirituels, capables de casser une noix de coco entre deux orteils et de me sortir une bouteille de champ’ glacée au milieu du désert.
Vivement ce demi-dieu qui me ferait pâmer en m’effleurant d’un seul doigt ! Je veux cet amant infatigable, champion olympique de tir, 22 Long Rifle, six coups.
Mesdames, ne le cherchez pas ailleurs, il n’existe qu’ici.
Hélas, je devrais en payer le prix fort, car la belle espionne ne dure qu’un volume. Recta, elle finit mal, donnant sa vie pour le héros ou jetée aux requins par les méchants pas beaux ou lancée en pâture à des bonobos en rut.
Elle ne meurt ni centenaire, ni dans son lit. A peine expirée, un nouveau casting s’ouvre. Suite au prochain numéro !
Alors décidément, encore non !
Eh bien voila ! J’ai fait le tour du sujet sans m’être servie de la baguette. Je la passe en relai au chroniqueur suivant pour un meilleur usage.
Par contre je cours, illico, m’inscrire à la prochaine course en sac car je sais qu’une nouvelle baguette est à gagner. Elle aurait le pouvoir de me placer dans la peau d’une femme de la vie présente ou passée. Je tiens à l’avoir parce que, dans ma condition féminine, j’y ai tout à gagner. Car dans ce domaine, la réalité dépasse de très loin toutes les fictions.
A titre d’exemples, pêle-mêle:
Hatchepsout, Néfertari, Néfertiti, Cléopâtre, les reines africaines Kahina et Pokou, Lucrèce Borgia, Marie de Médicis, Jeanne d’Arc, Marie Durand, Jeanne Hachette, Louise Michel, Indira Gandhi, Corazon Aquino, Benazir Bhutto, Evita Perón, Golda Meir, Angela Davis, Sœur Theresa, Marie Curie, George Sand, Virginia Woolf, Anne Bonny, Calamity Jane, Mata Hari, Frida Kahlo, Oum Kalthoum, Winnie Mandela, Myriam Makéba, Edith Piaf, Janis Joplin, Coco Chanel,
Et bien évidemment, Ellen Johnson Sirleaf, Leymah Gbowee, Tawakkul Karman et AungSan Suu Kyi,
Dont, jamais encore; aucun auteur n’a réussi à égaler, avec ses héroïnes, la richesse romanesque de leur vraie vie.
"La femme est l'avenir de l'homme" comme dit un certain mais qui aurait pensé qu'elle put être le sien ou bien encore son passé ?
· Il y a plus de 11 ans ·ymatise
belle idée, bien exploitée, avec humour et talent, les 2 mamelles du succès littéraire ... Bravo, ton avenir t'amèneras peut-être parmi ces Belles Femmes ...
· Il y a plus de 11 ans ·woody
Il parait qu'à son enterrement les prostiputes de Paris ont fait des passes gratuites pour honorer la mémoire d'un de leurs meilleurs clients. Très bon choix de baguette Astrov!!!!
· Il y a plus de 11 ans ·Véronique Maitressfemme
Etant homme depuis plus de 6 décennies, j'y suis trop habitué pour changer.
· Il y a plus de 11 ans ·Soyez sympa, passez moi la baguette, merci, Mon choix homme, en tout simplicité: Victor Hugo:
Poète, écrivain humaniste généreux, acclamé par les foules et... Tout plein de femmes qui lui veulent du bien avec ardeur.
astrov
Puisque Alice m'a piqué Chloé et qu'il faudrait plus qu'une baguette magique pour me transformer, je dirais Antigone d'Anouilh, rebelle, intransigeante, entière et courageuse.
· Il y a plus de 11 ans ·belle idée bien exprimée, bravo !
cdc
sophie-dulac
Chloé, de l'Ecume des jours : légère, entière, amusée et amusante, fragile et rêveuse, sentimentale et un peu folle.
· Il y a plus de 11 ans ·Présente ou passée : Lucie Aubrac, pour avoir fait d'aussi grandes choses avec une modestie infaillible.
Merci pour ce joli texte qui permet de s'asseoir quelques secondes et de s'interroger. Tu as le choix, et c'est justement ce qui compte :)
Alice Neixen