S'il te plaît dessine-moi

S'il te plaît dessine-moi

Des baisers interdits

Aux barreaux innocents

De béantes geôles.

Un printemps pas fané

Où poussent tant de fêtes

A l'orée du jardin.

Et son chemin de ronde

Arrosé de présences

Rempart des regards fluides

Que je voudrais garder

Comme on cache l'amour

Pour ne pas le voler.

N'oublie pas d'y tracer

Tous les plus hauts vertiges

Au gouffre de nuits sombres

De mon cœur chaloupé

A ivresse d'espoirs.

S'il te plaît dessine-moi

Des mains à dénouer

Pour  l'éclat retrouvé

De l'enfance en berceau

Des doigts entrelacés

Aux lianes du partage

Pansement des chagrins

A caresses domptées.

S'il te plaît dessine-moi

La terre

Faut la re-décorer.

Détrône les canons

Pour l'assise de paix.

Tu y as oublié

Tous les nouveaux sentiers

Aux bornes d'armistice !

Efface les bourbiers

Aux entrailles de mort,

Panache les couleurs

A palette de peaux,

Ramone la noirceur

Des relents sanguinaires,

Mets-y des feux follets

Et leurs flammèches d'or,

Regarde leur éclat

En braises ravivées !

A pinceau généreux

Dans son flot arc-en-ciel

Laisse couler la sève

En ondes éperdues

Sur le cours du tableau.

Dessine enfin le temps

Paresseux

En aquarelle d'heures

Oubliées

Juste  pour le pastel

Des secondes éternelles...