Sirap - Le violoniste assassin
Patrice Merelle
Sirap – le violoniste
(34950 signes)
Prologue :
Là, où j’arrivai, la ville fut désolation. Avec mon étui de violon accroché à ma main pour unique instrument, je pensai jouer les seconds couteaux, dans un cabaret, sur Pigalle la Blanche. L’hiver s’installait et les feuilles s’accrochèrent encore un instant aux mouroirs affamés des branches. Les squelettes des arbres lambinèrent avec les lampadaires du trottoir, comme une danseuse sur une ritournelle macabre.
Par endroit, je contemplai pensivement les fausses étoiles du soir, celles qui s’allumèrent avec l’arrivée d’une étrange fée, nommée électricité. Des pas dans la mémoire, le brouillard pour unique contact, l’impalpable légèreté de l’être au travers sa gravité, tout cela fut tellement improbable. Je me remémorerai les premières notes de Carmina Burana, celles qui firent mouche au précédent intermédiaire. Je me dirigeai vers un lieu de rendez-vous sordide de la capitale. Pigalle, me voilà, « dans le bar tranquille de la rue des Martyrs ».
La rue Réaumur Sébastopol ne posséda plus rien de joyeux, encore moins de perfection quand la lune apparut dans les caniveaux de la capitale. Maurice Chevalier dut être attristé de voir « Paname » mourir la nuit. « Plus un bruit, Paris se meurt aujourd’hui », la Mano Negra avait raison, où étaient passées nos guinguettes d’autrefois ?
Je rêvai assis sur le macadam humide et froid, je sortis mon violon de son coffret noir, je le pris d’une main, et je commençai à jouer quelques notes de « la vie en rose », quand d’un luminaire, une rosée perla lentement et givra aussitôt. Je pris la perle de glace dans la main et je regardai de quelle manière elle alla fondre dans la chaleur de ma main.
La vie fut une garce pour certains, « Of Dark Blood And Fucking », la sœur Minuit arriva en blasphémant, et de ces ogives orgasmiques, je dégustai sa substance. Elle se joua d’eux, elle se joua de moi aussi. Comme un chien d’une peluche, mordant de ses crocs acides et froids dans la chair meurtrie. La roue de la chance aura tourné dans son malheur et s’arrêta sur la mauvaise case. Je pus entendre le forain s’écrier « perdu cette fois-ci ! Retentez votre chance la prochaine fois… » Quelle horreur, tout ce spectacle si vivant et si mort à la fois. Je repris mon violon et je jouai une ritournelle de Saint-Saëns.
Voyage avec un Walther PPK :
Je lézardai, sur le bitume sombre de l’envie, une nuit d’hiver. Je finis par toucher le spectre glacial d’un monde appelé la nuit. Avec pour seul compagnon, un violon, un étui à double cache. Dans le milieu, les kids me surnommèrent « doigts d’or ». Ma réputation ne fut plus à faire, ni à défaire. Mes notes fusèrent similaires à des tirs d’arbalètes. Et en plein cœur, je fis mouche à chaque fois, l’émotion fut palpable. Les contrats m’encouragèrent dans ma vantardise, je péchai par orgueil. Mon jeu fut unique en son genre. Je fus le Bobby Fisherton du violon. Je vous perpétrai de ces arpèges assassins d’une main sans relâcher mon Walther PPK, et de l’autre, mon archet courut sur les cordes de La et de Ré.
Je caressai les murs de pierres de mes quelques notes de nostalgie, ces murs noircis par les vapeurs nocives des automobiles, et d’une envie de m’imprégner des désordres temporels naissant au gré de mon imagination, je m’assurai d’être vivant, tellement présent. Pourtant, je devins si fantomatique, d’étranges lueurs vinrent vers moi, comme des lucioles qui virevoltèrent autour de moi. Je ressentis ce que je n’eus jamais éprouvé, l’austérité glaciale de l’inconnu. Et la chaleur du son de mon stradivarius fit éclater les eaux gelées des lampadaires. D’un son unique, étrange mélange de mon Walther et de mon « Strad », j’espionnai le monde de la mort. Je fus l’assassin aux gants de cuirs, celui qui pratiqua dans une boîte à Gand.
Il commença à neiger. Des flocons d’un blanc duvet tombèrent et recouvrèrent les trottoirs. Je me retournai, sans aucune déception et contemplai les traces de pas. Il y eut une présence certaine. Comme des barres parallèles instables invisibles, seuls avec mes traces, rejoignirent mes souliers et finirent par en languir. Quelques frêles traces de pattes longèrent mes propres ébauches. Un corbin ou une corneille me suivit, je ne pus pas dire, de l’un ou de l’autre, la race à laquelle appartint l’étrange volatile qui m’eut apparu. Je jouai pour lui, en entonnant quelques rimes de Corneille. Cela en valut le jeu, non ?
« File, sauve-toi ! » Mimant le geste farouche de l’épouvantail, désarticulé, l’oiseau noir effrayé, s’envola pour se poser sur le rebord d’une fenêtre. Je marquai un temps d’arrêt, je continuai à le contempler. Ses yeux perçants me scrutèrent, comme des lames de canifs. Incisives perles d’ébènes qui taillèrent dans mon âme les plus infimes cicatrices secrètes. Je me sentis mis à nu. Je repris mon archet et posai le drame de la nuit comme unique sonorité.
Puis, soudain, je me rappelai le poème d’Edgar Allan Poe « le corbeau », la douce aubade de folie du narrateur face à la perte de l’être aimée. L’étranger du soir, le corbeau venu se perdre dans une chambre. Et si la scène se répéta, et si à nouveau le temps d’un instant comme d’une boucle refermée sur elle-même, l’espace temps n’eut plus de valeur, Je me retrouvai en mil huit cent quarante-cinq. Folie ! Ou pas.
Et je chantai, je papillonnai avec les flocons de neige insouciant, inconscient d’un quelconque danger, le violon posé à mon cou, comme la Dame aux Camélias accrochée à mon cœur. Quand des coups de feu éclatèrent au coin d’une rue ténébreuse, d’une glissade, pacifiquement, inexorablement, d’un pas mal assuré, je m’effondrai sur le menton, de tout mon corps. A moitié assommé, la gravité pour unique amie, je m’enfonçai dans le bitume qui ramollit. Je traversai des tertres inconnus, jusqu’à présent, je m’introduisis dans les sous-sols de Paris. Mes mains furent les serrures de l’oubli. Mes mains devinrent les clefs des secrets.
Dans les sous-sols de la ville :
Je rencontrai d’étranges personnages, ubuesques, un grand nain difforme, un géant de cinquante centimètres, à moins qu’il ne s’agisse d’une inversion de la pensée. Tous ces gens furent incommensurables grotesques, selon que je les toisai du regard de haut en bas ou de bas en haut. L’espace-temps n’eut plus d’espace que le nom. Le temps eut-il existé dans cet univers ? Je regardai ma montre gousset, le temps fut figé, les aiguilles s’escamotèrent. Plus de cliquetis, le silence eut de pesant ce que le religieux fut ontologique.
Je vins de franchir cette autre dimension sans à-coups, le vent souffla à l’intérieur de la cité. Des calèches léchèrent les abords des trottoirs, piétinant les pavés de leurs grandes roues de bois cerclées de fer. J’évitai à l’instant un étalon noir de Friesian. Un Hussard en falzar courut après l’étalon sauvage qui parvint à se désangler.
Je m’engageai dorénavant dans ce monde méconnu aux lumières chatoyantes qui contrebalancèrent avec le monde du dessus.
Paris ne fut plus qu’un lointain souvenir quand je découvris ce passage pour une autre dimension. Je m’approchai d’un panneau métropolitain, un plan surement. « Plan de Sirap », une transposition ? Du verlan ? Peu importe, je trouvai la situation cocasse, quand un cosaque zaporogue s’approcha de moi et me tint ce langage d’anthologie : « Eh, bien, vous z’alors, zé vous z’est vu tomber du tertre. Vous z’atterissez sur votre séant comme d’un per’zoir, vous z’êtes un vrai anze dézu ! »
Je ne compris rien à ses bribes de phrases, une sorte de gazouillis, un drôle d’oiseau que voilà. Je le quittai, en lui faisant un dernier signe de la main. Je vérifiai que mon violon n’eut reçu aucuns coups sur son corps d’érable et de buis.
Il me sembla qu’il n’eut pas trop souffert de ce voyage intemporel. Quelques vagues de veaux marins, à moins qu’ils ne s’agissent d’hippocampes fous, traversèrent la route de pavés. Leurs hennissements silencieux furent impromptus pour l’étranger que je fus.
Je contemplai les bâtiments autour de moi, il y eut quelque chose de surnaturel, aux premiers abords, je ne vis pas l’invraisemblable. « Mais, comment diable font-elles pour tenir sur leurs toits ? », abasourdi, je m’imaginai l’intérieur des appartements, des bureaux, quand, je me rendis compte que mes pas m’amenèrent devant la façade d’un flûtiste. Je m’arrêtai, et je lus le nom de la devanture.
J’éclatai d’un rire de folie, le nom de la boutique fut si imprévisible, si hilarant que j’en restai bouche bée, je lus : « Ici ce n’est pas du pipeau ! ».
‑En voilà un, qui a le sens de l’humour, pensai-je.
Je me décidai de visiter cette métropole, d’essayer de trouver la sortie pour revenir vers mon monde, si lugubre, si froid, si, si quoi ? Mon rendez-vous.
‑Bon sang, mon rendez-vous, je vais être en retard… m’écriai-je.
Une rencontre animale :
Un taxi-horloge arriva en crissant de ces chevaux en baskets Puma, « Vous avez appelé rendez-vous service, où puis-je vous déposer ? »
Stupéfait, je regardai l’étrange attelage moitié homme moitié carrosse, accompagné de deux chevaux noirs, Il ressembla à un centaure, un corps d’homme, sur un plateau à roues. Je n’arrivai pas à m’en faire une description plus précise.
Quand une brume hivernale s’engouffra, au départ lentement, petit à petit, grignotant les rues une par une, les avalant sans aucuns désirs. Puis le vent souffla, impétueux, de sa voix rauque, hurla mon nom et comme d’un écho, j’entendis les vents contraires crier « joue petit, joue de ton violon, avant qu’il ne soit trop tard ».
Le taxi-horloge cria à son tour « montez, dépêchez-vous ! Vous êtes en danger, les corbins noirs vont arriver. »
‑Les corbins noirs ? Lui répondis-je.
‑Ne cherchez pas à comprendre, montez à bord. Hurla-t-il.
La brume magistrale blafarde changea de couleur, son opacité grise, son éminence grisâtre vira vers les ténèbres, et soudain je les vis.
‑Hua da, cria le cocher taxi-horloge, « plus vite mes gaillards, la poursuite s’engage, hua ! »
Un vol ténébreux de corbins s’abattit maintenant dans les ruelles adjacentes, je me retournai et je découvris pour la première fois la menace de volatiles armés de rifles et de revolvers.
‑Qu’est ce que c’est que ces drôles d’oiseaux ?
‑Des Corbilleurs ! Des corbins mitrailleurs, la milice de nos villes. Dès qu’un étranger arrive, ils survolent de leurs ombres et se déploient sur la cité. Vous êtes en danger, vous n’avez pas les passe droits pour rester ici.
‑Et alors ? Comment je fais pour repartir d’ici, de votre cité ? J’ai traversé le bitume de Paris, un tertre et de la terre, puis votre ciel étrange, si cramoisie. Et me voilà dans votre cité Sirap. C’est comme ça qu’elle se nomme, non ?
‑Tout à fait, notre cité est vieille de plusieurs millénaires, Sirap la grande, elle s’étend du haut des cascades jusqu’au travers des champs de l’horizon pourpre. Je crois savoir qui pourrait vous trouver la solution pour repartir d’ici. Le Grand Chapouge.
‑Le quoi ?
‑Le Chapouge. Elle est la reine de Sirap. Vous verrez, un joli brin de fille. Hua da, Sobriquet. Hua da, Festin.
‑Sobriquet et Festin, vous êtes un original vous.
Les corbilleurs se rapprochèrent de plus en plus près du centaure-taxi, je sentis leurs piaillements stridents, et les balles fusèrent autour de moi. Une volée de mitraille s’écrasa dans une devanture d’horlogerie. En de milliers de monceaux de verres, la vitrine éclaboussa les chevaux stationnés avec leurs berlines. Dans l’inquiétude et l’effarouchement dû à la projection des éclats, ils hennirent et ce fut une cacophonie des plus magistrales. Comme l’apparence d’une représentation des chants grégoriens de Carl Orff, de son Carmina Burana, les chevaux se détachèrent de leurs rênes, par la force, enragée de la peur, retardant le temps d’un instant les corbilleurs poursuiveurs.
Ce laps de temps gagné nous permit de prendre la première à droite et de nous enfoncer sous un porche sombre, je m’habituai peu à peu à la lumière diffuse par quelques réverbères de cuivres accrochés aux murs légèrement délabrés et défraichis. De vieilles affiches pendaient sur les murs, elles représentèrent une femme d’une beauté rayonnante. Une femme, je dis la femme ; Celle qui exulta la gente masculine par une grâce féminine jusque là inconnue. Et cela juste par le biais d’une affiche, je devins fou d’amour au regard porté aux placardes.
‑Cessez de contempler ces affiches, jeune homme. Beaucoup de gens sont morts pour elles. Il y a une magie démesurée qui demeure dans ces vieilleries d’un autre âge. Venez, suivez-moi, nous allons grimper aux étages. Je pense que les corbilleurs vont continuer à faire leurs rondes encore quelques heures et après ils repartiront d’où ils sont venus.
Il tira sur ses bras comme s’il voulut s’arracher de la base de la plateforme. Son corps de centaure se détacha de la plateforme, il chut sur le sol, fatigué par un tel effort inconcevable.
‑Qu’il est toujours douloureux de s’arracher du taxi, vous ne savez pas, vous ne pouvez pas comprendre. C’est comme mourir et naitre en même temps. Me dit-il en souriant et reprenant son souffle, il continua « il faut patienter quelques minutes, le temps que la partie manquante de mon corps pousse, vous comprenez pourquoi je parlais de naissance ? »
L’inconcevable spectacle qui s’offrit à mes yeux ébahis, du tronc manquant, poussa le reste du corps, l’arrière train d’un étalon au poil lustré et noir comme l’ébène, les pattes encore frêle, il se remit sur ses quatre jambes.
‑Qu’est ce que c’est désagréable, j’ai beau être habitué à ces renaissances, je préfère de loin mon doux métier de taxi-horloge. Allons, venez maintenant, allons la voir.
Je le suivis pendant qu’il grimpa l’escalier de service du bâtiment. Je discernai les caméras à différents coins des halls et des corridors que nous longeâmes, une lumière rouge clignota, « aucun doute, nous sommes filmés, les moindres faits et gestes sont scrutés par des yeux inconnus. », pensai-je.
Soudain, au détour d’un angle droit, des hommes étranges surgirent, armés de kalachnikov et de Beretta. Ils parurent étranges, les corps furent surmontés de mains armées, des yeux au bout des doigts.
‑Des hommes-de-main, attention, ils ne nous ont pas vu, cachons nous là dans ce débarras. Me chuchota le Centaure.
Nous nous glissâmes dans la pièce exigüe, et nous regardâmes les hommes-de-main traverser le corridor. Ils passèrent devant nous, sans se rendre compte de notre présence. Si, seulement si, je n’avais pas marché sur une clef musicale de sonorité Fa qui demeura sur le sol.
‑Oh la, messire, vous m’écrasez la tête d’Ut ! Cria-t-il sans ménagement. Et il se sauva au travers l’ouverture de la porte, se faufilant entre les jambes des hommes-de-main.
‑Qu’est-ce donc cela ? S’écria un des hommes du gang armé. Et se retournant vers la porte entrebâillée, il nous vit. « Ils sont là », s’écria-t-il à nouveau de sa voix perçante.
Carnage et danse macabre :
Je sortis mon violon et mon Walter PPK, de la main gauche, je jouai la « danse macabre » de Saint-Saëns et tira à la volée avec mon Walter de service. Le Centaure s’accroupit et me demanda de monter sur son dos. Ce que je fis avec une certaine dextérité dont je ne me serais jamais cru capable d’exécuter. Et je continuai à jouer de mes armes favorites, les hommes-de-main tombèrent un à un. L’exécutif du plomb dans leurs cervelles de mains fit éclater la chair et leurs yeux globuleux, le sang jaillit et éclaboussa les parois des corridors. Les dessins d’arabesques d’une grande beauté pourpre et cramoisie annotèrent comme des partitions musicales imaginaires sur les murs délavés.
Après ce carnage sans nom, je redescendis du Centaure, et lui dit : « Ce n’est pas souvent que j’utilise mon savoir faire d’assassin. Cela fait un bien fait fou de conserver la main en de pareilles occasions ».
‑Je n’ai jamais vu quelqu’un abattre de cette façon, des hommes-de-main. Me dit-il, suivez-moi, nous avons encore une petite distance à parcourir, il ne faudrait pas que ce vacarme est alerté les Gardiens-du-temps.
‑Les Gardiens-du-temps ? Qu’est-ce donc cela encore ! Répondis-je étonné et subjugué.
‑Les Gardiens-du-temps sont des tueurs de la Reine Mathilda, la Reine Noire. Elle sévit dans les bas quartiers de la cité de Sirap et veut s’approprier notre capitale. Elle espère mettre la ville à feu et à sang, déversant ses fûts d’alcools frelatés d’Absinthes et sa drogue, le Mescaliton. Elle est complètement givrée avec son cœur de Rubis. Donc, elle dispose de Gardien-du-temps, qui sont des peuplades provenant de la lointaine contrée Chuiche.
Dans ma tête, les phrases se mélangèrent et se percutèrent avec la violence du plomb contre l’acier. Des Gardiens-du-temps, des Chuiches, une Reine Noire Mathilda. « Quel monde étrange, quelle douce folie… » Pensai-je.
Je me pinçai et m’écriai. Le Centaure se retourna et me dit « qu’est-ce que vous avez, vous êtes blessé ? ».
‑Non, je voulais juste vérifier que j’étais bien éveillé.
‑Venez, le temps nous presse, tout est une question de temps. Regardez la pendule murale, les aiguilles ont commencé à reculer, ils vont bientôt arriver. Dépêchons-nous. Dit-il.
Nous nous précipitâmes vers la porte 215, et il tourna la poignée, le Centaure écarta la porte pour me laisser entrer dans la pièce légèrement obscure. Au bout du corridor, trois ascenseurs, le premier indiqua « vers le bas », le second « vers le haut », le troisième, étonnement, « en arrière toute ».
‑Prenez celui de droite, « en arrière toute », nous allons changer de bâtiments. Dépêchez-vous, je les vois sortir de l’escalier principal.
Je me retournai, tout en m’engouffrant dans l’étrange ascenseur sans boutons. Et je les aperçus. Ils arrivèrent, des grands gaillards, avec des costumes trois pièces, bariolés de rouge et d’or, un peu comme les supporters du RC Lens. Sur leurs épaules se tinrent comme des coucous Suisses, dans leurs mains des armes inconnues à aiguilles. En nous voyant, ils firent feu dans notre direction, les aiguilles s’envolèrent et des ailes d’argent se déployèrent.
Le Centaure me rejoignit dans l’ascenseur. Pendant qu’il referma la porte vitrée d’une main, il me repoussa de l’autre, violemment. Juste à temps pour voir s’abattre la volée d’aiguilles qui se figea contre la paroi, faisant éclater la verrière protectrice de l’ascenseur.
‑Il était moins une qu’elles ne vous touchent. Une seule piqûre du temps, et vous succombiez à une léthargie fatale. Radical pour stopper l’ennemi dans une course poursuite.
‑Merci, pour votre aide, et maintenant, où allons-nous ? Je le questionnai sur la suite des évènements à venir.
‑« En arrière toute », s’écria le Centaure, dans un haut-parleur que je n’eus pas discerné dans un premier temps.
L’ascenseur vibra sur sa base et commença à glisser le long des parois horizontales. Je vis au loin déjà les masses des Gardiens-du-temps qui rapetissèrent au fur et à mesure que nous nous éloignâmes d’eux.
Nous avançâmes dans l’obscurité de la face cachée des bâtiments de la ville, soudain, je sentis que nous avions changé d’inclinaison, au départ ce fut très léger. L’angle par la suite prit une courbure déraisonnable, je m’adossai à la paroi, le Centaure fit de même.
‑Encore quelques minutes, mon ami, nous arrivons à notre destination. Il parla tranquillement comme pour se réconforter à lui-même.
‑Nous allons la voir, votre Dame, le Chapouge ? C’est cela ! Pas très rassuré, je lui demandai plus d’informations.
‑Non, non, je ne dirais rien, tant que vous ne l’aurez pas vu. Répondit le Centaure.
Puis, l’ascenseur commença à se redresser et atténua sa vitesse. Il s’arrêta net. La porte s’ouvrit sur une pièce rouge et pourpre. Les murs furent tapissés de velours brodés. Le Centaure s’avança et me demanda de le suivre.
La Comtesse Magdeleine :
‑Nous sommes arrivés ? Je le regardai souriant.
‑Oui, oui, dans la pièce d’à côté, elle se tient, elle sait déjà que nous sommes là. Tout ce qu’il se passe dans la cité Sirap, elle le sait déjà. Il baissa les yeux vers moi et continua « Vous allez enfin découvrir le Chapouge ».
‑Une sorte d’Oracle en quelque sorte ?
‑Plus que cela, elle est la cité elle-même. Me répondit le Centaure, d’un air malicieux.
Il ouvrit la porte en grand, j’entrai dans une pièce majestueuse aux lumières chatoyantes. Un trône vacant dans une semi obscurité, un autre occupé par une femme à la peau cuivrée, à la chevelure vermillon. Son regard était souligné par des lignes bleues qui ondulèrent sur son visage comme effleurèrent les océans à travers les écumes sur les récifs des grèves.
Sa chevelure auburn raccordée à des filaments tressés descendit du plafond. Je poursuivis du regard les fibrilles de lumières, où des illuminations montèrent et descendirent comme de simples va-et-vient de vie électrique, pulsion de ses envies. Je ne sus pas à quoi servit tout cet appareillage électronique et électrique qu’elle disposa autour d’elle.
‑Vous voilà enfin, cela fait des siècles que je vous attendais. Dit le Chapouge. Je me présente, je suis Magdeleine, Comtesse du Grand-duché de Sirap. Descendante de la branche cadette des Lescurium.
Je compris en la dévisageant, que ce surnom de Chapouge vint de sa capeline d’une couleur rouge, presque pourpre. La couleur de la cité Sirap, la couleur du sang, la couleur du rang, la couleur de toutes vies. Chapouge, je me remémorai les mots-valises de Patrice Merelle que je découvris dans son dictionnaire « des maux et des mots ». Chapouge pour Chaperon Rouge, une contraction simple d’une histoire tellement lu, tellement évidente.
Elle avait grandi, ce chaperon rouge des temps modernes était devenu la Bienveillante Magdeleine, de la cité Sirap. Ses yeux d’une grande profondeur continuèrent à me dévisager.
‑Vous êtes tel que je me l’imaginais. J’ai toujours su que vous viendriez à moi. Charles Liervane, le Prince déchu. Vous avez amené avec vous votre violon ? Nous finirons par avoir à nouveau notre chance. Elle éclata de rire. D’un éclat de rire qui s’approcha des éclats de Bohème.
‑Comment connaissez-vous mon nom ? Comment diable aviez-vous su que j’avais ce violon ? Troublé, je la regardai.
‑Ne suis-je pas celle qui donne la vie et qui la reprend dans ma cité ? N’ai-je point le droit de connaitre l’avenir. Et je vous ai vu à travers mes songes, vous, votre violon et votre Walther PPK. Charles, venez à moi, j’ai tant besoin de vous. Elle me sourit à nouveau, me tendant une main bienveillante.
‑Qu’est-ce que vous attendez de moi ? Balbutiai-je, peu rassuré.
‑Un mariage, un meurtre, une solution à notre cité mourante. Tout cela et peu importe l’ordre, j’ai besoin de vous, Charly ! Offrez-moi la tête de la Reine Noire. Eclata-t-elle dans un rire cristallin.
-Peu importe le prix ? En êtes-vous certaine ? J’espérai ainsi gagner un peu de temps. Des meurtres j’en commis pour la pègre, mais tuer une femme, jamais réalisé même pour un contrat.
-Vous avez vingt-quatre heures pour réaliser cette besogne, la récompense sera à la hauteur de vos désirs. Croyez-moi, je n’ai qu’une parole, et je la tiens toujours.
‑Qu’il en soit ainsi, Comtesse. J’accomplirai cette tâche. J’aimerai être accompagné jusqu’à la demeure de la Reine Noire. Je ne suis qu’un étranger dans cette cité. Il me faut un guide.
‑Soit ! Le Centaure t’amènera jusqu’à son repaire. Un dernier point que tu dois savoir avant tout, ne la fixe jamais dans les yeux. A tes risques et périls, tu échouerais dans ton devoir, et notre cité serait à jamais perdue entre ses mains. Va, maintenant, va et effectue ton destin. Mon ami.
Elle fit signe de la main, et quelques garde-fous s’avancèrent d’une démarche mal aisée.
‑Donnez-lui le plan de la cité et indiquez-lui le tracé des quartiers de Vieille-Morte. Elle parla de sa voix puissante et à chaque syllabe prononcée, un parfum envoûtant de fleurs jaillit dans la pièce. Le Chapouge fut aussi Comtesse des fleurs.
Les garde-fous m’apportèrent un vieux parchemin, je dépliai la carte, et je m’appropriai du tracé qui mena vers le quartier de la Vieille-Morte, et le repaire de la Reine Noire, Mathilda. Le Centaure s’approcha, jeta un œil sur la carte, et souriant, me dit : « je connais le chemin, tu monteras sur mon dos, nous devons nous apprêter pour la route. »
‑Charles, n’oubliez pas, Sirap est entre vos mains, réussissez, je compte sur vous. Me dit la Comtesse pourpre.
Nous partîmes de la résidence du Chapouge. Je dévisageai le Centaure et je notai l’adresse et le bâtiment de la Comtesse Magdeleine sur un bout de papier. Je tâtai l’étui de cuir de mon Walther PPK, vérifiai que mon violon était bien présent dans son étui, l’archet bien rangé.
Me voilà fin près pour ce nouveau périple, mon ventre gargouilla, aurais-je le temps de manger un encas sur le pouce ?
‑Centaure, je ne connais pas votre nom au fait, avec toutes ces péripéties, il serait peut être temps de faire connaissance en chemin, non ? Ainsi, je pourrais en savoir plus sur votre cité. Et par confidences, il m’apprendra quelques astuces qui pourraient me servir plus tard, sait-on jamais, pensai-je.
‑Je me nomme Hectorien, je suis de la lignée des Centaures, notre rôle dans la cité de Sirap est de conduire les âmes perdues entre les différents quartiers. Selon nos qualités et nos grades, nous pouvons évoluer entre différentes castes, certains sont porteurs de temps, d’autres simplement des coursiers à la semaine. Moi comme vous avez pu le constater, je suis Taxien et Horlogien. Ainsi, j’apporte aux personnes ayant besoin d’une aide providentielle, le temps et les informations demandés.
‑Je comprends mieux votre rôle dans Sirap. Je dois me rassasier, où pourrions-nous dîner ?
‑Il y a un restaurant fort sympathique, près de la gare aérienne du beffroi du Cherche-Midi. C’est la Grande Horloge de Sirap, tous les Sirapiens se mettent à l’heure du beffroi, lui-même commandé par la Comtesse Magdeleine. Vous avez dû voir les connections entre sa chevelure et les filaments électriques, elle commande tout à partir de ses neurones. Elle est la mémoire de Sirap.
‑Très bien Hectorien, cela me parait correct pour s’y poser quelques minutes. Pendant que j’y pense, l’argent, le moyen de paiement qu’en est-il ? Je ne suis pas sur d’avoir ce qu’il faut, Du fait de ma stature d’étranger, je devrais regarder pour un échange.
‑Pas d’inquiétudes à se faire, ici le fiduciaire sont effectués en espace-temps. C’est simple. Tous les Sirapiens sont payés en temps, l’achat de nourriture, du temps, l’amour avec des prostiputes, du temps encore. Le temps c’est de l’argent. Et le silence est d’or. Il ria, ce fut la première fois que j’entendis un Centaure rire. Mélodieux chants qui me rappelèrent une sonate impromptue de Mozart.
Après avoir savouré les différents plats qui furent présentés sur la tablée, Hectorien paya en posant sa paume sur une sorte de machine électronique. Un halo bleu accompagné d’un crissement électrique me fit comprendre que l’échange Espace-Temps fut saisi.
‑La note est ordonnée, partons maintenant. Dit-il avec ferveur.
‑Où allons nous, j’ai bien vu la carte, le tracé, mais cela me semble si loin.
‑Montez, vous allez voir, un petit tour de passe-passe de la part d’une ancienne horde. Dans la cité, nous faisons parti des plus vieilles lignées, les Sirapiens ont beaucoup de respects envers nous, les Centaures.
Je grimpai sur son dos pour la troisième fois, je commençai à m’habituer à son pelage et au cuir de sa peau. Cette odeur âcre, une certaine animosité malgré tout demeura en mon for intérieur.
‑Accrochez-vous à moi, je vais créer le passage.
Le Centaure émit un hurlement intemporel, « il existe d’abondantes dispositions pour se propager dans Sirap, pour celui qui connait la force des substances de toutes choses », me dit-il en souriant. Je contemplai le passage créé, son aura fut d’un bleu électrique avec des arcs violacés qui s’étendirent et s’allongèrent de l’intérieur vers l’extérieur. La lumière bleutée s’amenuisa vers le précipice ouvert devant nous.
‑Maintenant, nous devons partir avant que le béant ne se referme.
Et il fonça dans l’ouverture, je ressenti une sensation ascensionnelle de liberté, une jouissance de la vie des formes supérieures vers le divin. Quelques instants plus tard, nous arrivâmes à destination dans une ruelle étroite.
‑Nous y sommes, je vais devoir vous laisser là, je ne pourrais pas continuer plus en avant, ce quartier de notre cité m’est en théorie interdite. Nous, les Centaures avons scellé un pacte de droits et d’interdits. Et ici, cela fait parti de l’interdit. Désolé, vous devriez continuer seul maintenant. La résidence, que vous chercherez, sera juste devant le « sanctuaire », un bar miteux. Suivez la ruelle et prenez à votre gauche, vous n’êtes plus très loin.
‑Merci mon ami, vous reverrai-je ?
‑Peut-être, peut-être pas. Seul votre destin le décidera. Adieu humain. Il se retourna sans d’autres mots.
Vieille-Morte :
Je m’éloignai de lui, j’entendis à nouveau son cri et l’air s’engouffra à nouveau dans la ruelle, illuminé par les arcs électriques. Une lumière vive éclaira un instant une partie des ténèbres. Je me retournai, il n’y eut plus rien de lui, juste une volute de fumée violacée qui disparut en une infime ostentation de nuages pourpres, puis plus rien. Le silence se fit.
J’avançai dans la ruelle jusqu’au prochain carrefour, je dégainai mon Walther PPK et je sortis de mon étui le violon. Mon sixième sens m’alerta d’un danger imminent. Quelques enfants s’approchèrent de moi, mais ils eurent l’air si difforme. Je me rendis compte que ce ne fut pas des enfants, juste des négrilles ; des gnomes drapés de vêtements amples et sombres. Puis ils s’élancèrent sur moi, tenant en mains une sorte de Katana. Je fis feu de mon arme et avec dextérité je me dissipai avec le répertoire de Philip Glass, Mishima fut incontestablement le lyrisme et le paroxysme de mon savoir faire en tant que tueur à gage. Les Gnomes tombèrent comme des mouches sur le bitume qui prit la couleur du cramoisie de nos cœurs.
Le silence revint à la fin du carnage, je discernai maintenant les visages de mes agresseurs, des gnomes comme je le supposai et tel que je me les imaginai, difforme, grossier, un rien de lourd dans ces corps trop étroits. Je me relevai et rechargeai mon Walther PPK, au cas où d’autres mauvaises surprises m’attendraient. Et je tournai sur la gauche, sur un panneau métallique, une inscription « Impasse des pas perdus ». Folie, je balayai du regard la dite impasse. Le calme avant la tempête, pensai-je à voix haute. L’écho me revint « calme… alme… alme… tempête… pête…pête ». Folie, l’avais-je dit !
J’avançai dans cette impasse et mes pas résonnèrent intenses. L’air se fit lourd, oppressant, comprimant mes poumons, l’odeur du gaz, mêlé aux schistes, une odeur d’œufs pourris plana, si désagréable. L’antre de Dante, ainsi je distinguai l’enfer de cette rue. J’arrivai devant un grand bâtiment, des périptères de style grec ornèrent la façade, l’entrée ressembla à une porte-tambour toute vitrée sans aucuns styles définis et au-dessus des bucranes en granit reposèrent comme des gardiens endormis.
Dans le reflet de la surface vitrée, je contemplai des néons qui illuminèrent par intermittence la façade terne et sombre. Je me retournai, et je lus « Au sanctuaire – Ouvert 7 j/7 ». Je fus au bon endroit, je devais rester sur mes gardes maintenant, la sensation de danger parcourait le long de mon corps comme si j’eus renversé du poil à gratter dans ma chemise.
Je poussai le tambour de la porte et suivit le mouvement rotatif, l’entrée était teintée de lumières orangées et d’une autre couleur qui s’approcha des jaunes boutons-d’or, la lumière diffuse, sans être aveuglante, il ressortait une impression de bien-être, si je ne savais pas que je fus dans l’antre de la Reine Noire. Un portier, derrière son comptoir, me sourit : « Monsieur désire ? » me lança-t-il d’un air solennel.
‑Je viens voir la Reine Noire, je répondis d’une certaine contenance. Sûr de mon destin et de mon avenir, il fut impossible de reculer, si proche du but et de ma destinée.
‑Elle vous attend, cinquième étage, porte 569, couloir B. je le regardai et j’essayai de conserver une attitude métallique et de ne pas montrer mes émotions. De toute façon un assassin n’avait plus d’affectivité à un moment donné. Juste la sensation de froidure qui coula dans les veines.
Décidément, rien ne m’étonnera dans cette cité. Je pris l’ascenseur, j’appuyai sur le bouton du cinquième, et au moment où les portes se refermèrent, une main féminine s’intercala dans l’entrebâillement, déclenchant par obstruction son ouverture.
‑Ouf, il était plus que temps, me fit-elle en souriant. Vous allez au cinquième moi aussi. Vous n’êtes pas du quartier ?
‑Non, en effet, je suis étranger à cette cité.
Elle appuya sur le bouton de fermeture des portes et se tournant vers le miroir, s’appliqua le stick de rouge-à-lèvre délicatement. Je la contemplai, il y eut un parfum délicat envoûtant de roses charnelles qui flotta dans la pièce exigüe de la cage d’ascenseur. Elle reclapa le stick dans son étui et le remit dans son sac.
‑Je m’appelle Mathilda. Dit-elle en s’approchant de moi. Vous êtes venu pour moi, n’est-ce pas ?
Elle sourit comme un ange déchu. Elle sourit comme si son destin funeste fut d’attendre cet instant. Et elle m’embrassa.
Je sentis la lame froide s’enfoncer dans mon flanc droit, un liquide chaud s’écoula lentement, une liqueur de vie cramoisie rosit ma chemise blanche. Elle s’écarta de moi, et pendant que je chutai lentement vers le sol, elle continua à me parler « désolé que cela se passe ainsi, je vous trouvais intéressant pour un étranger. Mais jusqu’à présent, personne n’a réussi à m’assassiner. Et ce n’est pas ce soir que ce moment arrivera. »
L’ascenseur s’arrêta au cinquième, elle sortit et fit signe à deux gardes du corps. Malgré ma vue troublée, je me vis soulever du sol par des mains costauds, le souffle difficile. La douleur fut vive. Je ressentis une dernière fois l’air vif du dehors lorsqu’ils ouvrirent la fenêtre. Puis le vide, quand ils me basculèrent par-dessus le parapet de la fenêtre.
Le froid de la mort me cueillit sur le bitume comme nous cueillîmes les roses du passé. Dernier réceptacle de mon âme, insouciant des formes de vie autour de moi maintenant, inconscient d’un quelconque danger autour de ma carcasse broyée, jonchant sur le sol dès à présent.
Epilogue :
Quand les crissements des roues d’une voiture au loin se firent plus bruyants, je revins à moi. Ne vous l’ai-je pas annoncé que d’une glissade, pacifiquement, inexorablement, d’un pas mal assuré, je me suis effondré sur le menton, de tout mon corps. A moitié assommé, la gravité pour unique amie.
Après tout, ce ne fut qu’un simple rêve. La réalité m’attend, je me relevai, balaya d’une main mon imperméable légèrement froissé. Et sorti le billet annoté, je relus les directives « assassiner le Comte Hectorien de Slavord, au club du Sanctuaire », je souris.
‑Cher comte, une musique de chambre vous attend. Pensais-je en caressant mon Walther PPK et mon étui à violon.
Je m’éloignais dans les rues de Paris vers ma proie désignée. Le brouillard m’enveloppait à présent, j’avançais vers ma destinée de tueur à gage.
© Patrice Merelle (écrit entre le 25 février et le 05 avril 2013)
envoùtant ce récit je pense qu'il ira loin dans la compétition bonne chance !!
· Il y a plus de 11 ans ·franek
Je trouve que cette nouvelle est une réussite, l'ambiance, le style est vif et enlevé, les mots virevoltent, du beau travail, bravo Patrice
· Il y a plus de 11 ans ·marielesmots
Oui en effet, Frédéric Mitterand pourrait nous narrer cette nouvelle avec sa voix monocorde. ;-)
· Il y a plus de 11 ans ·Patrice Merelle
J'avais déjà lu et commenté ce texte. Un mélange bien dosé de mythologie, de Total Recal, d'Alice au pays des merveilles... je ne sais pourquoi, l'imagination? Pauvre Verlaine en prince déchu! Je n'arrive pas à accrocher sur les sauts au passé simple, même si l'explication est bonnne. Le passé simple est tombé en désuétude mais on l'utilise dans toutes les narrations pas dans la vie courante, si c'était le cas il me semblerait entendre Frédéric Mitterand... peut-être à cause de ses monologues monotones et sa voix uniforme. Sinon l'histoire est très originale, quel esprit inventif!
· Il y a plus de 11 ans ·yoda
L'hémorragie de verbe au passé simple apporte la touche de la féérie à l'histoire qui est terminée, qui s'est écoulée dans une action et un temps révolus. Il n'est pas possible d'utiliser l'imparfait dans cette histoire, si ce n'est d'ôter le mystère et l'irréel de l'histoire.
· Il y a plus de 11 ans ·Merci pour ton commentaire, tu as trouvé cela déstabilisant, car le passé simple est tombé en désuète dans le discours et la narration depuis la fin du romantisme. On le retrouve encore chez Edgar Allan Poe et d'autres auteurs romantiques, et on le trouve en locution verbale dans le Sud de la France. Alors qu'au Nord, il n'est plus du tout utilisé dans le langage.
Patrice Merelle
Il faudra que je relise tout à tête reposée. Il se dégage une étrangeté de l'ensemble, sans doute due à cette pléthore (pour ne pas dire hémorragie)de verbes au passé simple. J'avoue que j'ai trouvé ça déstabilisant.
· Il y a plus de 11 ans ·marie-fontaine