souffle court
mamzelle-vivi
Commencer une nouvelle vie. Nous trouver une baraque, à moi et à Zoé. Vivre en paix sur un lopin de terre. Si simple.
Il me suffirait d’entrer dans cette banque. Sortir un flingue et demander le fric. Pas de surveillance vidéo, je l’aurais coupé avant. Idem pour l’alarme qui relie l’endroit au central.
Je n’avais pas passé six mois maudits comme manutentionnaire pour rien. C’est une petite banque de province, où jamais rien ne se passe.
Zoé n’était pas au courant. Elle n’en saura rien. Jamais. Héritage ou gros contrat inespéré que j’dirais.
Après ça, fini.
Midi, 26 juin. Il est midi. Le soleil écrase ses rayons sur mes épaules. Pas une ombre, le monde se repaît.
La fille est seule au guichet. Deux vieux traînent leur misère et leurs livrets épargne. Pas de danger de ce côté là.
Zoé. Ma Zoé. Le petit qui arrive. Les dettes. Un crédit refusé. Autant de petites souffrances ordinaires, autant de rêves inachevés qui m’ont conduit ici. J’en ai plus rien à foutre de leur « chance va tourner ». Pour qu’elle tourne, faut parfois lui mettre des gifles.
Midi dix. J’entre comme le client du début d’après-midi. Un jour ordinaire sans accros. Les petits vieux me regardent, distraits dans leurs comptes.
Mon attirail de casseur est sommaire. Perruque et lunettes, moustache, vieux costume. Digne du film du dimanche soir.
Souffle court. La fille au guichet a juste le temps de lever la tête. Mon arme est déjà sur sa tempe.
Elle crie cette andouille. Je plaque ma main sur sa jolie bouche. Les deux ptits vieux ont su la jouer fine. La femme s’est assise avec son mari. Ils se tiennent par la main, l’air las et résigné. Les sommations ils les ont connus autrefois, durant des temps plus sombres. Ce n’est pas un autre clown qui les fera trembler.
Comme prévu, la caméra est hors d’usage.
Je désigne la caisse. La fille à la jolie bouche, tremblante, remplit mon sac. C’est encore une môme.
Mon flingue serré contre moi, je pars à reculons. Le sac est plein.
Chaleur. Dans l’immobilité de la petite ville de province, dans l’immobilité des volets clos, personne n’a rien remarqué. Personne ne saura. Ma Zoé, ma fille.
Et le ptit frère qui arrive.
Je les protègerai jusqu'à mon dernier souffle court.
Je sens le mot sous ma peau. Braquage. Il faudra vivre avec.
Se déguiser en mec ça c’était pas mal. La presse parlera d’un fait divers à la banque de Rocherot. Navrante cette criminalité. Des mesures sécuritaires seront prises. On renforcera la sécurité. On interrogera les habitants. Les Vallas? parties depuis longtemps. Une femme charmante, enceinte depuis peu et déjà maman d’une petite fille. Adorables, vraiment.
La fille doit déjà appeler les flics. Je l’entends presque.
Description du braqueur ?
Brun, moustachu, avec des lunettes.
La morale y perd ce que la nécessité et la faim y gagnent!
· Il y a environ 11 ans ·astrov
Chapeau!
· Il y a plus de 14 ans ·ko0
merci pour les commentaires
· Il y a plus de 14 ans ·quant à l'entame, je prends note , merci pour cette critique
mamzelle-vivi
La chute me plait. Je suis plus perplexe sur l'entame. La ponctuation s'adapte au fond du sujet et au titre mais à lire le coeur du texte, je regrette de ne pas retrouver cette même énergie au début. ça inviterait à plonger vraiment dedans. mais si c'est au point final qu'on paie l'écrivain, tu aurais tout de même ton salaire !
· Il y a plus de 14 ans ·charlie
haletant ... belle chute ...
· Il y a plus de 14 ans ·selig-teloif