• les laids •

nessim

le bruit des canons


Mon dieu qu'il était laid, mon vieux qu'elle était laide,

un couple de hideux, de monstres des gargouilles,

tous les deux se traînant la même jambe raide

et un même visage à sourire de grenouille.

 

Rien ne fut jamais dit, pour unir ces deux sorts,

il a quand même fallu qu'une nuit de hasard,

Vénus pleine d'ironie unisse ces deux corps

à l'angle de deux rues inondées de brouillard.

Un rayonnement profond allait les engloutir

tous deux au même puits, d'où naîtra leur histoire,

au point qu'aucun ne veuille jamais ne plus mourir

Et vienne à supporter l'image de son miroir.

 

Mon dieu qu'il était laid, mon vieux qu'elle était laide

un couple de hideux, de monstres des gargouilles,

tous les deux se traînant la même jambe raide

et ce même visage à sourire de grenouille.

 

Vois-tu pas, que d'un coup, ces prétentieux amants

se découvrent d'amour, se font communs projets

jusqu'à se croire heureux, se vouloir des enfants

et vivre au jour le jour, des nuits d'éternité.

Il fallait agir, deux laids c'est bien mignon

pourvu qu'ils s'isolent, qu'on ne les voit pas tôt,

mais surtout pas qu'ils viennent inonder de laiderons

notre si belle cité où ils y en a déjà de trop.

 

Mon dieu qu'il était laid, mon vieux qu'elle était laide

un couple de hideux, de monstres des gargouilles

tous les deux se traînant la même jambe raide

et un même visage à sourire de grenouille.

 

On réunit conseil, on tint maintes plaidoiries

l'histoire en polémique faisait chaque jour récolte

on évoqua l'avenir, la science, l'écologie

on rallumait les braises du feu de la révolte.

Parce qu'il était trop laid, et elle bien trop laide

il leur fut interdit d'à nouveau s'accoupler

afin que nul enfant, nul vieux ne décède

en ayant un jour vu progéniture de laids.

 

Et pour être certain qu'ils ne puissent enfanter

on vota une loi et on la fit paraître

disant que si un jour l'enfant venait à naître

chacun serait en droit de vouloir le tuer.

 

On décréta l'urgence, on les fit rechercher

tous les couloirs d'égouts reçurent de la visite

des ruines jusqu'aux toits que nulle vie n'habite

furent touchés par l'envie d'aller bien tout fouiller.

Ils étaient amoureux, les voilà criminels

et de toute façon, comme de toute manière

cette histoire d'amour beaucoup trop singulière

ne pouvait pas cacher de flammes éternelles.

 

La battue a duré bien moins que dure la haine

car on dut finalement venir à l'arrêter.

les maîtres de justice couvaient une fois certaine

Aux bienfaits de la haine dont ils trépasseraient.

 

Mon dieu qu'elle était laide, et puis qu'il était laid

leurs deux corps boiteux, à même ce lit de terre

reçut leurs mots d'amour, et c'est là qu'ils s'aimèrent

pour  une dernière foi avant de s'évader.

Et pourtant, demandez à ceux qui les trouvèrent

ils n'avaient jamais vu deux corps si enlacés

au fond d'un trou béant, sans l'ombre d'une lumière

rayonner avec force, une si grande beauté.

 

  • oui toujours la même impression à lire que nous ne sommes que des singes à qui il faut, pour que la société se construise, quelques boucs émissaires fussent-ils autre chose que laids.

    · Il y a presque 9 ans ·
    Sorci%c3%a8re

    sortilege

    • c'est tout a fait ça, depuis la nuit des temps...pour que la société se construise...selon des plans lisibles par ceux qui les fond...merci Sorilège

      · Il y a presque 9 ans ·
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      nessim

  • Bonjour, j'aime beaucoup votre histoire de laids. Je découvre votre plume et y suis sensible.
    Juste pour faire un parralèle entre cette histoire et un petit bout de mon monde, ce lien, vers un texte qui pourrait continuer et compléter le vôtre. Parfois, des plumes se frôlent...

    http://milleviesplusune.over-blog.com/2015/11/reve-de-nuit.html

    · Il y a presque 9 ans ·
    D9c7802e0eae80da795440eabd05ae17

    lyselotte

    • bonjour, ces deux laids me sont chers, j'ai fini par les côtoyer a force de retoucher ce texte et je suis très content de vous avoir lu en les imaginant héros de votre texte. c'est une belle suite. Effectivement nos plumes ont trempées à la même encre...Merci Lyselotte

      · Il y a presque 9 ans ·
      Img 1355 2

      nessim

  • Des vers puissants et riches qui ne peuvent que nous interpeller ! Tes mots sont très pertinents et plein de justesse. Hélas, trop nombreux sont ceux qui ne jugent que sur le paraître, qui ne regardent pas avec les yeux du coeur et dès qu'on sort du "moule" on est mis au ban de la société. J'aime la répétition qui apporte une force supplémentaire à tes dires. Injuste est l'existence pour ceux qui sont différents or c'est la différence qui fait notre richesse. CHAPEAU A RAS DE TERRE pour ta poésie ! A bientôt !

    · Il y a presque 9 ans ·
    Epo avatar

    Christine Millot Conte

    • oui Christine nous sommes formatés, plus ou moins selon l'exercice de notre propre conscience, et comme tu le dis nos différence sont nos plus grandes richesses..la nature le démontre...merci beaucoup de ton passage, à très bientôt

      · Il y a presque 9 ans ·
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      nessim

  • c'est pourtant beau l'amour ;) l'autre a même chanté la beauté cachée des laids!

    · Il y a presque 9 ans ·
    Loin couleur

    julia-rolin

    • C'est vrai:-) c'est la différence que l'on a du mal à trouver belle, merci Julia

      · Il y a presque 9 ans ·
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      nessim

  • C'est quoi cette histoire Nessim??? Faut être beau et normal pour s'aimer et enfanter?????? Oui certainement pour certains... Mais pas pour d'autres... Oups je suis triste tout d'un coup... Kissous

    · Il y a presque 9 ans ·
    One day  one cutie   23 mademoiselle jeanne by davidraphet d957ehy

    vividecateri

    • il y en a juste qui s'estiment le droit de juger de l'amour des autres...et c'est encore vrai aujourd'hui..bon Vivi le prochain que je fais j'essaye d'être drôle,...Bise

      · Il y a presque 9 ans ·
      Img 1355 2

      nessim

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