SUR TES TRACES

J'humai l'odeur de ta sagesse : mélange fou de deux lieux aux communs désirs. J'ai toujours su qu'un jour tes mots me flagelleraient de toute cette bonté qui t'habite.  L'aube naissante me balise ton chemin, ta trace. Je ne l'emprunte que quelques heures de peur qu'il ne se transforme en un passage menant à une bête hideuse, une autre que toi : « moi. »

Mon âme reste étanche aux étrangers et même aux amies. Je ne bats que du cœur où la tendresse s'est dilapidée. L'amour, cette exilée, n'y pouvait rien. Tout se miroitait en distorsion, dans le grand miroir de mes angoisses.

Une petite voix me susurra ta quête. Je pistai ton ombre, sillonnant ce chemin pervers, là où se détruit le soleil et où se gave la lune maudite. Ce moment où toutes les folies dansent la folie. Je pris soin d'enfanter une vertu te protégeant des fléaux, ceux franchissant mes épaves, mes gouffres interdits.

Je t'entends, je t'entends ma belle! Ton cri drible mon cœur. Je ne suis pas faite pour ce monde d'ailleurs. Je recherche une panacée, une île où l'eau tranquille me raconte tout : une douce ode à la vie et à sa mort, mais… à prix d'or.

Je te sens tout au fond de moi, fragile, aimante et déterminée, à l'image de ces héroïnes qui, de nuits et sans peur, s'attaquent à ces imprenables châteaux forts des solitudes. Je te regarde en inversion. Ton cœur bat aux deux supplices. Ton nom me hante. Nos mains se touchent à peine, je sens la vie te ramener et mon errance se procréer.

Dis-moi, fausse fille de Loth, qu'un jour, ton jour vivra ma nuit. Je demeure là, interdite, inanimée, aussi craquante qu'un squelette, que le reste du repas du vautour.

Lentement tu t'éloignes et nos mains, en parallèle, ne suffisent plus à me ramener au-delà du mur des impossibles. Sue, enchainée, ne se taira jamais. Elle t'adresse un message, ma belle : ta pensée m'habite et stoppe, parfois, les tourments de la lune noire. Je te dois une petite paix, une de ces accalmies faisant de moi, peut-être une fugueuse… mais une fille toujours vivante.

« Alea Jacta Est » disais-tu. Une bise émouvante, de Sophie