Sur un mot

Je me donne sur un mot,

Je me reprends sur un point,

Tu mets une virgule,

Je pose un point-virgule

Et tout est un refrain.

Je te décris mes gestes,

Je t'écris mes soupirs,

Sur un point, je me livre,

Sur un autre je me délivre.

Sur un soupir imaginé,

Sur un souffle magnifié,

Je vis en contrepoint,

Comme en suspens.

Tu lis chaque mot,

Tu bois chaque lettre.

Et tout cela pour un être,

Pour lequel mon âme assoiffée de mots,

Se sent renaître.

Je suis ton écrivain,

Tu es mon écrivaine,

Sur le clavier mes deux mains,

Caressent en vain,

C'est bien ma veine,

D'être autant amoureux des mots,

Qui ne mettent du baume que sur certains de mes maux.

De ce baume, j'imagine l'odeur,

La puissante fragrance,

Mais tout redevient souffrance,

Et tout redevient douleur,

Après tant de douceur.

Amoureux des mots,

Pour guérir les maux,

Qui ne veulent se livrer,

Mais dont on veut se délivrer.

Je te livre mes mots,

Je me donne d'un mot.

Ne retiens pas tes mots,

Tu serais bien sotte

De ne point baisser ta culotte.

Je te garde en moi,

En points de suspension du temps,

Qui ne nous aura pas réunis

Dans un même espace–temps.

Je te garde en moi,

Et, les mots en éternels émois,

Je garderai, même imparfaits,

Au passé et au futur,

Puisque notre présent n'est pas sûr.