Sylvain Tesson
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Voyageur, géographe, écrivain, nouvelliste… L'idée de n'avoir qu'une vie semble donner de l'urticaire à celui qui, à bientôt Ø ans, enchaîne les aventures, les succès, les échecs. Sylvain Tesson est assurément un écrivain du XXIe siècle. Ce siècle qui nous questionne constamment, si déstabilisant par ses changements démographiques, environnementaux, politiques. Ce siècle qui a tendance à nous laisser croire que nous avons perdu quelque chose des temps jadis, nos idéaux. On ne peut le nier, il suffit de scroller quelques minutes sur nos smartphones pour nous demander si la moitié des personnalités qui font l'actualité ont déjà ouvert un livre d'histoire. Ce siècle où, malgré cette instabilité qui ne cesse de challenger nos sociétés, l'art nous tient plus que jamais la tête hors de l'eau, diffusé à profusion partout dans le monde, symbole du partage, de l'échange, de la rencontre des êtres humains. Tant de petites choses qui semblent nous avoir échappé si l'on en croit les algorithmes, et que nous maîtrisons pourtant si bien.
Ouvrir un livre de Sylvain Tesson, c'est en soit assez risqué. D'abord, vos heures libres ne le seront plus. Ensuite, vos rendez-vous vont s'annuler pour rattraper ces heures libres, et elles-mêmes finiront dévorées dans un flot ininterrompu d'anaphores, de simples mots, de belles phrases, et de mots encyclopédiques – ces mots qu'on ne trouve que chez Tesson, et deux ou trois dictionnaires spécialisés. Enfin, ouvrir un de ces livres, c'est prendre le risque de tomber amoureux de la littérature, du voyage, de la musique, du cinéma, ou de tout ça en même temps. Ayant pris ce risque, je peux l'admettre, c'est un problème que de s'ouvrir au monde de Tesson. Mon problème préféré, car son monde est aussi le nôtre. Il n'a de cesse de tirer sur le fil d'Oulitskaïa pour nous faire découvrir des paysages, des mots, des mots sur des paysages par des auteurs meilleurs que lui. Parce-ce que le partage prend toujours le dessus dans son chemin.
Quelques mois après avoir lu Berezina, je décidais de partir en semestre d'études en Russie. Non pas pour vivre ce que j'avais lu, mais parce que ma lecture m'avait convaincu que chacun de nous a quelque chose à trouver dans la poésie. La poésie qui ne s'écrit pas forcément en prose, celle qui se ressent, se voit, que l'on peut observer pendant des heures sur un fleuve gelé comme la Volga. Voilà l'une des choses les plus puissantes dans l'écriture de Tesson : nous faire toucher ce qu'on lit. Les mots rencontrent les sons, et les images se posent sous nos yeux. Pas étonnant que ses livres soient si souvent adapté en film, album photos, ou romans graphiques. Son œuvre est d'ores-et-déjà immortelle, et pour qu'elle ne cesse de se prolonger, prenons soin de l'artiste qui la créer, chacun à notre manière. Moi, j'ai cessé de lui donner un âge, car un homme sans âge ne vieillit pas.
« Vénérer ce qui se tient devant nous. Ne rien attendre. Se souvenir beaucoup. Se garder des espérances, fumées au-dessus des ruines. Jouir de ce qui s'offre. Chercher les symboles et croire la poésie plus solide que la foi. Se contenter du monde. Lutter pour qu'il demeure. »
La Panthère des neiges, Sylvain Tesson
« L'histoire des civilisations n'existe pas sans l'économie. On ne peut étudier les civilisations sans ce facteur important, qui a ses propres lois, lesquels s'entremêlent avec la loi de la structure du monde. Sans cela, on n'arrive à rien. Du coup, j'ai passé toute la semaine à lire, en commençant par Adam Smith. Et j'ai compris que, sans une connaissance approfondie de l'histoire du Moyen-Âge, rien ne se tient non plus. Et c'est comme ça tout le temps : on tire sur un fil, et on découvre que tout est lié. »
L'échelle de Jacob, Ludmila Oulitskaïa
j'adore Tesson aussi. les chemins noirs et l'axe du loup. simple, une forme de pureté dans l'existence. Thoreau
· Il y a presque 3 ans ·goodcyrilwriting
Je vous conseille Erri De Luca si vous ne connaissez pas, c'est la beauté simple par excellence. Pas une œuvre en particulier, elles sont toutes excellentes ;)
· Il y a presque 3 ans ·uris
J'ai aussi bien apprécié " dans les forêts de Sibérie ", en tant que récit... ceux qui l'ont "visité" en temps de goulag, ont sans doute moins apprécié le séjour...--voir aussi le livre de Herta Müller, dont j'ai mis un extrait ici https://ecritscrisdotcom.wordpress.com/2021/09/16/herta-muller-substances-chimiques/
· Il y a presque 3 ans ·rechab
J'avoue n'avoir entendu parler de lui qu'à l'occasion de la sortie du film "La Panthère des Neiges", vous m'avez donné envie de le lire. Tout à fait d'accord avec vous sur l'effondrement du vrai savoir, autrefois il fallait faire un parcours difficile pour y accéder, c'est ce parcours qui a rendu les Grands Hommes intelligents. Maintenant, tout est à portée de clics, on voit ce que ça donne.
· Il y a presque 3 ans ·Christophe Hulé
J'ai lu "La panthère des neiges" que j'ai adoré. La photo où la panthère épie, fixe le photographe - occupé à photographier un rapace - qui ignore qu'elle est là, me fascinera toujours. Ce livre est en bonne place dans ma bibliothèque et j'aime en compulser parfois les pages...
· Il y a presque 3 ans ·Louve