Syracuse
carmen-p
J’aimerais tant voir Syracuse,
L’île de Pâques et Kairouan
Et les grands oiseaux qui s’amusent
À glisser l’aile sous le vent…
Syracuse, le nid d’où je n’ai pas su prendre mon envol ! Cette ville n’a pas suffi à mon bonheur, et ce n’est pas seulement elle qui, pour moi et mes quinze ans, est devenue un paradis inaccessible. Elle, si proche, me semble tout autant éloignée que sa jumelle, celle qui flirte avec la mer Ionienne. Ces eaux profondes couvrent une région des plus sismiques, et moi je nage au cœur d’un tourbillon. La vigueur de mon âge me permet de ne pas sombrer, et je vois les murs d’enceinte, sans toutefois parvenir à m’en approcher.
Tel est mon cauchemar. Telle est ma réalité.
Le rêve ne me serait-il plus permis ? Syracuse ne vibrera plus jamais comme un sésame, on m’a retiré la clef de la cité et je n’y serai plus jamais le bienvenu.
M’amuser à glisser l’aile sous le vent de mes espérances dans cette prison qui n’en a pas le nom et d’où j’entends, à l’extérieur, les rafales du souffle de janvier qui, cette année comme les années précédentes, étend l’hiver sur l’état de New-York … et rejoindre en pensée la plus belle des villes Grecques ancrée sur le sol de Sicile, voilà ma seule échappatoire. De mon imaginaire surgissent les façades calcaires de l’île d’Ortigia que le soleil couchant enlumine.
Antique, était ma joie de vivre. Baroque, devient mon entêtement à vouloir quitter la froide Syracuse de mon enfance.
Ce n’est pas un pont qu’il me faudra franchir pour concrétiser mon rêve de voyage. Non, ce n’est pas un pont qui me sépare de la liberté… mais qui osera me tendre la main depuis le territoire où je me suis enfermé. Le découragement est un obstacle infranchissable, quand on ne connaît pas les rouages d’un système qui nous condamne.
Patience et bonne conduite, me dit-on, mais ce ne sont pas des qualités que l’on trouve chez un adolescent ! Même un nouveau-né participe à sa naissance. Me demander de m’abandonner à la situation actuelle, alors que l’urgence me pousse à vivre, à explorer de nouveaux horizons, est une entrave qui occasionne une douleur hors de toute mesure.
Je ne me suis jamais senti aussi prêt de mourir…
Carmen P.
L'imaginaire permet bien des libertés. J'aime le choix de cette zone géographique de la Sicile. Les insulaires se renferment volontiers sur leur île et leur culture. L'adolescent de ton texte veut en sortir, coûte que coûte. La douleur extrême qu'il ressent jusqu'à vouloir mourir est caractéristique des adolescents qui ont du mal à se "canaliser", qui brûlent du désir de vivre leur vie. Mais aussi cette accent tragique est typique de la culture sicilienne.
· Il y a presque 11 ans ·aile68
Mourir pour mieux renaître...
· Il y a presque 11 ans ·Frédéric Cogno
... mais bien sûr, je ne vais pas laisser mon personnage dans une telle confusion.
· Il y a presque 11 ans ·carmen-p
Mais c'est encore magnifique de pouvoir rêver! Ainsi les souvenirs brûlants ont encore le goût du feu de l'adolescence!!
· Il y a presque 11 ans ·Colette Bonnet Seigue
Il ne sait pas s'il peut se permettre de rêver. Il n'est pas en positon d'avoir des projets... mais cette chanson sera son mantra et le soutiendra.
· Il y a presque 11 ans ·carmen-p
Emprisonné dans son corps avec pour compagne la terrible douleur. La vie pourtant s'accroche aux pensées avides de voyages.
· Il y a presque 11 ans ·Un texte fort et bouleversant ! Merci Carmen pour ce partage qui interpelle !
nilo
Il y a longtemps que je voulais commencer à écrire cela, et puis un jour on se décide. Le début d'une nouvelle.... au rythme qui est le mien, il me faudra du temps pour la terminer. J'écrirai des séquences que j'articulerai ensuite.
· Il y a presque 11 ans ·carmen-p
C'est un beau début… Bonne continuation, je patienterai !
· Il y a presque 11 ans ·A bientôt.
nilo