Thérèse.

Hervé Lénervé

Thérèse de Lisieux ne savait pas lire, ce qui ne l’empêcha pas d’écrire.

Soulignons également qu'elle écrivait sans faute d'orthographe et sans rature, ce qui ne sera pas pour déplaire à Popol. Elle fit même un zéro faute à a dictée de Pivot. Mais une bonne orthographe ne suffit pas pour être canonisé, comme une mauvaise pour être carbonisé au bûcher des vanités.

Ce qui la rendit célèbre est le fait que ses ouvrages tel « Peau d'âme » fut publié à titre posthume. Ce qui démontre clairement qu'elle écrivait encore d'entre les morts, telle, elle avait écrit dans sa cellule, telle, elle continua dans son caveau.

Cloitrée très jeune au couvent, elle couva une docilité déconcertante. Surnommée « la fayote de la mère supérieure », elle ne rechigna jamais à satisfaire tous ses caprices des plus pervers. Comme celui de lui faire éplucher des lentilles après y avoir adjoint les grains d'un chapelet.

Leurs conversations relatées fit d'ailleurs grand bruit chez les « fourmis »* par ses publications. Pour exemple cet extrait d'« Entretiens avec ma mère. » parus chez « Théologie, mode d'emploi », mais jamais réédités.

-         Mère, pouvez-vous me tendre le sel ?

-         Tient mon enfant, mais attention à ne point en mettre plus qu'il ne sied.

-         Je serais circonspecte ma mère, n'ayez crainte !

Magnifique dialogue où toute la subtilité des propos transparait comme une évidence simple de la sublimation de nos visions obscures de l'insondable légèreté de l'âme bâtée.

Tant la mère était fallacieuse, tant Thérèse prenait tout au premier degré dans sa psychologie naïve et bienveillante du Monde. Tant et si bien qu'elle relata dans ses carnets.

-         Thérèse, mon enfant, sais-tu que Dieu existe ?

-         Ah bon ???

Thérèse était immaculée, mais sans conception, ni concession, elle était vierge de péchés. Le mal n'existait pas chez elle, car elle ne savait le distinguer chez autrui. Ainsi, elle relate en marge de son missel.

« Ce n'est pas grave, monsieur le curé, vous y arrivez la prochaine fois. »

Sans rancune, ni frustration Thérèse était la sainte nitouche de la foi. Elle fut l'exemple de la dévotion élevée au pinacle d'une religion chancelante sur ses appuis de verre Saint-Gobain, un autre grand mystique.

* « Fourmis » nom donné aux fidèles de la secte des fans de Thérèse de Lisieux.

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