Travaux manuels

Monsieur Le Président, Emmanuel, Manu,

Qu'importent les étiquettes au regard des enjeux environnementaux ?

À la limite du point de non-retour,  je suis au regret de jouer les Cassandre et prophétise que votre stature, toute jupitérienne soit-elle, ne vous sera d'aucune utilité. Nous serons tous devant le même constat de la scandaleuse inertie face aux enjeux de la planète et des écosystèmes négligés des maîtres d'un monde qui ne sera bientôt plus.

Manu, je ne suis pas sorti de la cuisse de Zeus, pas plus que de la prestigieuse école qui moule des élites biberonnées aux mêmes théories, idées et mécanismes qui datent d'un âge désormais révolu.

Le fait de ne pas être un énarque m'octroie la liberté de pouvoir penser par moi-même. Je n'ai pas à me caricaturer dans des postures éculées, ferrant du haut du Perchoir un public qui ne se veut plus dupe des miettes jetées en pâture à de pitoyables courtisans.

Manu, je n'ai certes pas votre intelligence et votre culture encyclopédique. Je ne suis pas entouré d'un aéropage qui me conseille pour prendre de sages décisions. Mon auditoire se résume à mes enfants que j'harangue affalé dans mon canapé.

Que dois-je leur dire quand nous allons nous promener hors des villes pour constater que la nature est devenue tout aussi stérile qu'un ruban de bitume ? Le silence des oiseaux ou l'absence d'un bourdonnement d'abeille me rendent tout autant inquiet qu'honteux de leur laisser les reliefs de notre égoïsme et de notre fourvoiement consumériste.

Manu, pourriez-vous m'expliquer un point ? Il n'a fallu que trois ans pour qu'émerge du projet Manhattan la première bombe atomique et mettre un terme à six des années parmi les plus sombres de l'Humanité. Je ne comprends pas pourquoi nous ne serions pas en mesure de mettre en œuvre dans ces délais la même énergie pour que, très vite, les doux rossignols et les merles moqueurs repeuplent nos campagnes.

Bien à vous.