Tueur de masse

Hervé Lénervé

Je cherche un auteur en mal d’inspiration, à cause d’une incompatibilité d’humeur avec le mien. Un esclavagiste exploiteur !

Bon débarras, connard !

***

Les States, Pays des drapeaux et des armes à feu.

- Accusé que plaidez-vous ?

- Non coupable, monsieur le Juge !

- Pardon ? Vous avez été interpelé avec un fusil qui avait tiré 20 fois et tué 16 jeunes-gens.

- Exact ! Vous avez raison, monsieur le Juge. Cela aurait pu être bien pire, si je n'avais pas réussi à en rater quatre. Je les ai épargnés. Et comme l'on dit : « Celui qui sauve un homme, sauve le Monde. Moi, j'ai sauvé quatre Mondes. Je suis un Juste !

- On verra ça, plus tard, pour les médailles. Vous nous dites, donc, que ce n'est pas vous qui avait tué ces seize victimes innocentes, alors ?

- Non ! Car vous l'avez dit, vous-même, monsieur le juge, c'est le fusil qui a tiré et tué, pas moi. Moi, je ne faisais que le soutenir en le dissuadant. Je suis innocent, le fusil est coupable !

- Le fusil n'est qu'un instrument sans volonté propre, il peut faire le mal comme le bien, quand il tue l'ennemi.

- Je ne suis qu'un bouc émissaire, monsieur le Juge ! C'est l'Etat qui fabrique et vend des fusils qui tuent, en libre-service, en temps de paix et qui se scandalise ensuite que les acheteurs les utilisent pour ce qu'ils ont été confectionnés. Je les aurais tués avec une poêle à frire, là, d'accord, ce n'aurait pas été pareil ! Mais là, non, j'accuse l'Etat d'avoir tué seize garçons et filles, dans la fleur de l'âge, qui étaient tous mes camarades et que j'aimais.

- On ne fait pas le procès de l'Etat, ici, mais le vôtre !

- Evidement, car La Société aux mains blanches s'en tire toujours. J'ACCUSE LE PAYS de transformer de bons gars, comme moi, en monstres sanguinaires.

- Donc, vous me demandez de mettre le Fusil, l'Etat, la Société et le Pays en prison.

- Oui ! Ainsi que des indemnités compensatoires pour les désagréments occasionnés.  Ce ne serait que justice et la Justice s'en sortirait grandie, votre nom aussi. Monsieur le Juge, soyez Juste !

- Très bien, je vais voir ce que je peux faire ! Mais vous, que je ne vous y reprenne plus. Allez, affaire suivante !

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