un doigt de poésie I

lanimelle

Un doigt de poésie

C’était assez sombre, les lumières étaient tamisées, j’étais là, les yeux posés sur tout ces corps mélangés, ce n’était ni beau, ni laid, leurs souffles rendaient le spectacle un peu plus captivant.
 
Je suis assise sur le lit près d’eux, je me sens animal, je me sens moi, je me sent avoir envie mais ni d’eux, ni des autres.

Comme à l’accoutumée, je décroche, je les invente beaux, je redessine les fesses de la brune, je grossis la queue du black, je vieilli le blond imberbe, les autres je ne m’en soucis pas, je créé un trio, j’invente des formes, des angles de vues, des tensions, des aspirations qu’ils devraient retenir, comme un long spasme qui vient du fond du ventre et qu’il ne faut pas lâcher maintenant, surtout pas maintenant.

Les deux hommes sont agiles, sont comme des toréros dans l’arène, ils veulent la mort de la belle, la petite mort, puis mille de ses petites morts, ils sont tendre, ils sont comme des amoureux, ils vont en elle avec leur mains, suppliant son ventre de s’abandonner dans leur paume, elle jouit, fort, brutalement un cri sort  pour aller dans reste du monde, ses lèvres sont gonflées, ses yeux acceptent le début des hostilités, elle s’allonge sur le black, foutu comme un dieu, voilà que derrière elle le jeune s’installe, ils ne se pénètrent pas, ils se caressent et je peux sentir battre le cœur de la belle, là entre ses jambes, là ou la vie palpite, là ou la sève est chaude, là ou toute la poésie peut exister.

Un homme me pose la main sur l’épaule, la réalité est là, je n’ai pas envie de baiser, je n’ai pas envie de ces corps qui cassent la beauté, je n’aime pas la médiocrité sexuelle.

Je lui dis que je n’ai pas envie de me faire prendre, que j’ai tant de chose dans la tête qui me comblent!

Il repart souriant, peut être un peu déçus de ne pas avoir vu mon cul.

Le spectacle continue, la réalité est comme une photo avec un mauvais cadrage, comme un film de série B, moi j’aime que les chefs d’œuvres! Je me trouve difficile, inadaptée…

Je me retrouve, je suis seule, derrière moi une voix viens me réciter des vers, me déverser des rimes en cascade, des mots d’amour, des images à décrypter, dans la bouche de l’homme des bijoux qui glissent dans mon cou et il dit « ce que cheveux » et il dit encore et encore, et puis son souffle vient un peu plus près, sa voix est comme un guide, je frissonne, je me serre et je vibre dans cette instant, derrière moi il pose sa main, sur mes hanches, sa chaleur déjà, le feu dans mon ventre aussi, je me pince les lèvres, les petites, les grosses,  je pose ma main pour sentir le désir, pour qu’il reste suspendu, pour qu’il survive à tout ce que je voudrai que le poète m‘inflige.

Il y a le monde, le reste du monde qui continu, je suis là, sans savoir qui tu es, je suis là, la main entre les cuisses, sans bouger, je voudrai que tu continues à me parler, je voudrai savoir jusqu’à quand je suis capable de te résister et de ne pas me retourner, les secondes sont comme un élastique tendu, j’ai envie de toi dans le silence, dans cette respiration que je n‘arrive pas à calmer, je veux continuer, je veux aller encore par ton souffle, laisser tes mots me mettre à nu, aller dans la décadence que tu me proposes, dans l’abime sensuel ou ta voix est un membre.

« Tu me montres ta chatte? » me balança un homme aviné, plutôt pas mal!

Putain de réalité de merde, j’ai presque failli jouir, mon sexe est en feu, vide, chaud, mouillé!

Le poète  a disparut, la réalité dégomme les poètes.

Je réponds au gars dommage mec,  ma chatte est en panne, en panne de réalité!

L’animelle

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