Une nouvelle visite sur ton profil, va voir

agnesi

Agnès ouvre la rubrique Messages.

« Bob a envoyé ce message parce que vous avez une attraction mutuelle dans Rencontres ! »

Bob — Bonsoir, prends le temps de bien lire ma fiche et, autrement, avec grand plaisir…

Agnès —  Oui, je suis allée sur votre profil (alors, entre temps, le facteur est passé pour vendre son calendrier et j'ai reçu un autre message, mais ça, c'est la vie...) et donc, vous êtes en couple et vous ne cherchez rien avec une femme. Ben, personne n'est parfait !

Agnès  —  Je m'interroge quand même. Vous devez bien chercher quelque chose. Ne serait-ce que discuter avec des gens, dire des conneries, zieuter des filles, non?

Bob —  Vous êtes intelligente, cela change sur ce site… Je veux une rencontre et pas d'un soir avec une femme qui accepte ma situation. Donc, j'ai marqué : je ne veux rien pour éviter tout et n'importe quoi… lol.

Bob —  Et si vous le souhaitez, invitez-moi a prendre un café... Ah oui, pas de virtuel, que du réel. Alors, mater en cam, pas mon truc… lol.

Agnès  —  Hey, Bob l'Eclair, imaginons, là, tout de suite que vous avez trouvé LA PERSONNE QU'IL VOUS FAUT, on va dire Dulcinée. Qu'est-ce que vous faites ? Imaginons. Entre deux rendez-vous de boulot, vous vous précipitez chez elle. Complètement confite de désirs, ruisselante et haletante, elle vous attend depuis des heures. Sa coiffure, ça va ? La manucure a-t-elle choisi la bonne couleur de vernis ? Son parfum, sensuel ? Ses dessous sont-ils suffisamment affriolants ? Elle tremble. Le café est-il assez chaud ? La couleur du canapé vous plaira-t-elle ? Elle a tout fait pour se mettre en valeur, donc, pas de panique de ce côté-là. Mais au fait, viendra-t-il ?

Agnès  —  Bob l'Eclair arrive à 15 heures en Porsche Cayman jaune citron. Merde, il n'a pas noté le code de Dulcinées dans son calepin. Il n’a qu’une demi-heure car son prochain rendez-vous est l’un de ses plus gros clients (au propre comme au figuré). Comment faire, comment faire ? Ben, y'a qu'à appeler Dulcinée sur son portable, lui dire qu'il est en bas de l'immeuble et qu'il a égaré le code.

Agnès  — Dulcinée est au summum d'une attente anxieuse et frénétique. Elle se rongerait bien les ongles mais il ne va pas aimer. Elle allumerait bien une clope mais, à tous les coups, le tabac l'indispose. Ils avaient rendez-vous à 15 heures et il est déjà 15 h 05. Avec tout ce qu'il lui a raconté sur ses horaires super tendus, elle sait qu'elle ne dispose que de très peu de temps pour le charmer

Agnès  — Notre jeune héros (Bob l'Eclair) tape en toute hâte un numéro de portable.

« - Allô, c'est Bob, j'ai égaré votre numéro de code mais je suis en bas de chez vous.

- Allô, Bob ? C'est Agnès au téléphone. Quel bon vent vous amène ? On n'avait pas rendez-vous. Je m'étonne que vous soyez en bas de chez moi car vous ne savez pas où j'habite mais passons, vous êtes encore en train de plaisanter. »

Agnès  — Bob l'Eclair commence à paniquer dur. Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? Il regarde sa montre : waou, 15h10. Il lui reste vingt minutes pour atteindre le cinquième étage (chez la fille), enfoncer la porte, s'emparer du corps alangui de Dulcinée, lui rouler un patin gigantesque et boire son café. Il n'imagine même pas les détails croustillants, le décolleté vertigineux, la mini jupe noire moulant sa croupe rebondie et offerte, ses lèvres pulpeuses et les immenses lacs noirs de ses yeux. Pas l'temps.

Agnès  — « -Allô, Bob, s'impatiente Agnès au bout du fil... Je ne vous entends pas. Qu'est-ce qui se passe ? » Bob l'Eclair vient de s'apercevoir qu'il s'est trompé de numéro de téléphone. Mais où est celui de Dulcinée ? Car il est maintenant 15h12. Il raccroche. Il fouille son agenda et retrouve, in extremis, les coordonnées de Dulcinée. Il appelle fébrilement. Une voix suave, à l'autre bout du fil. C'est Dulcinée. Enfin elle.

Agnès  — « - Hello, Bob, je vous attendais... ». Bob répond illico, à la limite de l'apoplexie, qu'il lui faut le numéro de code. 37B18, répond du tac au tac Dulcinée qui a compris intuitivement que la situation est critique. Bob fait le code, se jette dans l'ascenseur et arrive au cinquième. Il est 15h17. Dulcinée a entr'ouvert la porte de son petit appartement et son corps, sublime et parfumé, vêtu d'une toute petite robe noire, très échancrée, se tient dans l'embrasure. Ses grands yeux noirs interrogent Bob de toute leur intensité. Il entre. La porte claque et les a engouffrés.

Agnès  — Il est 15h25. Bob n'a pas eu le temps de placer un mot. La fille s'est jetée sur lui et sans même attendre une explication, elle a englouti le sexe érigé de Bob et lui pratique une fellation vertigineuse. Bob est scotché contre le chambranle de la porte d'entrée. Il voit une chevelure noire de jais s'agiter au niveau de sa ceinture. La fille est courbée, un genou à terre et officie avec une telle perfection que Bob sent qu'il est proche de l'orgasme. Il fixe les talons aiguille de la fille un instant puis ferme les yeux. Quelque chose explose entre les cuisses de Bob, et pendant l'espace d'un instant, l'éternité s'est immiscée en lui. Il s'aperçoit qu'un long hurlement l'a secoué pendant cinq secondes. La fille le regarde avec un large sourire et un tas d'étincelles dans les yeux. Bob s'est écroulé par terre, son costume trois pièces complètement froissé. Il ouvre les yeux. Merde, 15h30. Faut y aller !

Bob — Pas mal… lol.

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