Une teuf d’enfer

Hervé Lénervé

Samedi soir, je suis allé chez un voisin qui fêtait son anniversaire, une fête/an. En fait, j’y vais parce qu’il est impossible de dormir dans le quartier, cette nuit-là.

Donc, je me pointe, au débotté, en charentaises, il faut dire que l'on habite tous, des maisons dans des sentes, un mètre de large, aucune voiture ne passe. On ramène les courses à dos de femme.

Bref, j'arrive et je vois qu'ils avaient installé une scène dans leur jardin, entre le barbecue et le chat de maison.  Une scène minable, trois câbles qui serpentent, un ampli asthmatique, une batterie de dinette. Je me suis dit, je vais aller chercher ma guitare pour faire du bruit.

Putain, je suis tombé sur des pros, des virtuoses. Le bassiste, une tête de grenouille, grosses joues, grosses lèvres, gros yeux globuleux, mais avec un regard bienveillant sur son monde des marais, me demande, « t'es accordé en quoi, mec ? »

Il est marrant lui ! Je lui dis, en mi, au pif, un coup de bol, ça existe. Mais de toute façon, je n'étais accordé en rien. Bref, ils m'ont viré cinq fois du groupe. Je revenais toujours avec de fausses moustaches et de fausses postiches.

Puis, un voisin, genre grand blond qui ramène vos skis, me dit. « Elle est à toi la Strat, je peux te l'emprunter ? » Alors, méfiance, le mec qui se permet d'emprunter une guitare qui n'est pas la sienne, est au minima, une bête qui va vous humilier par son jeu virtuoséismique. Ça ne rate pas, c'était le cas. Il commence par me dérégler toute ma guitare en s'accordant avec les autres, quelle drôle d'idée ? Et après, c'est Woodstock.

Le genre grand blond qui fait regretter d'être venu sans sécateur. L'an prochain, j'amènerai mon coupe-branche. On verra bien s'ils feront toujours les Jimi, les musicos !

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