Va chier !

flolacanau

– Comment vas-tu ?

– Tu sais d'où ça vient, ça ?

– Quoi ça ?

– Ben le « comment ça va ? »

– De mon envie de prendre des nouvelles…

– Non, à l'origine c'était parce que les gens étaient en proie à d'horribles crises de constipation. Du coup, on te demandait si t'avais pu te soulager. Donc en toute logique à un « comment ça va ? », je devrais répondre : « écoute, pas trop mal, j'ai chié ! »

– Quand t'es au bout du rouleau, ça signifie que t'es dans l'excès contraire ?

– Tu ne vas plus oser me demander « comment ça va ? » si je me lance dans une diarrhée verbale. Donc, comment je vais… disons … neutre.

– Tiède ?

– Ouais c'est un peu ça, comme la vie en général, tiède et fadasse.

– Donc ça ne va pas ?

– Si je réfléchis, non, ça ne va pas, mais je me garde de le faire.

– Ouais, c'est tiède pour moi aussi. J'arrive pas à la neutralité d'humeur cependant. Quand c'est tiède, je ne peux m'empêcher de penser à la mort.

– La mort, c'est froid, pourtant.

– Non, c'est tiède. Quand c'est froid, la mort est déjà là depuis un bail. C'est tiède parce que tu ne ressens ni le chaud ni le froid. La mort, c'est la disparition des contrastes pour moi.

– J'allais neutre, et tu vas me faire aller mal. C'est vrai que la neutralité c'est mortel. Surtout moi qui suis un intense.

– Idem. S'il ne se passe rien, je trépasse. Je ne suis doué que pour la souffrance et la joie démesurées. Le reste ne doit pas durer très longtemps et me sert juste à reprendre mon souffle.

– Donc on va mal, mon pote.

– C'est ça, on est à l'article de la mort à patauger ainsi dans le tiède.

– Je te remercie de m'avoir traîné du neutre au mal. Je vais être d'une humeur massacrante.

– Au moins tu te sentiras vivre.

– Rappelle-moi de te répondre« va chier ! » la prochaine fois que tu me demanderas « comment ça va ? »

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