Vagues à l'âme.

lilii

Il y a toujours des badauds qui s'amassent sur les quais, dégainant leurs plus bels appareils photos. On aurait dit, des petits fantômes froissés sous leurs cirés bleu marine.

Le vent fouettait les joues avec la pluie piquante.  Autour de nous, le silence et le grondement de la mer se mélangeait.

Perchée à dix mètres de hauteur, j'étais quand même terrifiée. Au loin, des vagues se  dressaient lentement, d'abord petites et maladroites puis gigantesques, elles avalaient tout dans leur cœur centrifuge.

Les derniers réglages, quelques clics, les yeux rivés sur l'électronique et l'effervescence qui bullait autour des quais. Les badauds étaient prêts.

La vague fonçait, menaçante, sûre d'elle. Les flashs crépitaient. La vague roulait, montait et chacun se précipitait pour le meilleur angle.

Puis, dans un grondement profond, un râle des entrailles de la Terre, la vague se brisa en mille lames meurtrières pour s'abattre sur les curieux qui avaient franchi le seuil de l'inconscience. Puis, plus rien. La vague avait arraché et mangé, gloutonne, les alentours. La côte avait été croquée et saignait doucement. Le silence autour était effrayant et, seuls, comme des débris de carcasse, flottaient, calmes et balancés, s'en allant au loin, les badauds qui s'étaient amassés un peu trop près d'elle.

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