VORILUNE

Curieuse lune que celle-ci... imprévisible, au croissant demi-soleil. Jamais un corps céleste ne m'avait tant folâtrée. Je me méfie des intruses... lunes ou pas. Pourtant, elle s'agite et, sa pale lumière, me susurre le chant des sirènes d'Ulysse. Il sonne doux à mes oreilles. Que dois-je faire; dire; penser; danser; contempler; enfin... toute la litanie des «zer».

Voilà qu'une lune danse pour moi. Un carrousel de mouvements baladins sur musique névrotique. Serait-ce le cantique du cygne? Malgré moi, cette lune m'excite. Elle exacerbe mon clitoris. Ses syllabes saccagent mon "champ d'ôvaires." Je me noie dans quelques gouttes d'un sperme oublié.

Voilà qu'une lune me tend la main. Bigre, que me veut-elle? J'en demeure pétrifiée, telle la statue d'une pâque invertébrée. Une lune me confesse son désir... Dois-je appeler au secours. Mais qui? Sûrement pas ce soleil qui somnole toujours. Je tente le miaulement du Griffon... "Rien." J'aboie comme une chienne de faïence... "Rien." Je claque de la castagnette comme une portugaise en rut... "Rien." Alors, je n'ai plus le choix, j'affronte!

Elle se ruera sur moi et tentera de m'étrangler, de me violer. J'avoue une peur voisine de la couardise. Elle s'approche. Je la scrute de mon regard binoclard. Mince, ce qu'il fait chaud. Avant contact, je m'écris : «Que désires-tu lune? » «Devenir ton amie et t'embrasser avant de te grignoter, me répond-elle, heureuse.» «Laisse-moi lune, de lui dire, j'ai des amies, qui habitent d'autres galaxies. Elles chevaucheront des étoiles et t'écraseront de leurs sabots nocturnes.»

Curieuse lune que celle-ci... me prenant dans ses bras, son glaive transperce mon cœur battant à tout rompre. Je la dévisage comme une comète d'un d'aller-retour." Elle me sourit et, aphone, je ne peux que penser sa beauté.

Quel rêve étrange…  ne serais-je que l'apanage d'un sinistre souvenir? Et puis flûte! J'ai sommeil maintenant. Que la fête commence.