L'incurable curiosité
wildstyle
Il est des curiosités aux divers adjectifs. Celle de Lucile était mal placée. Heureusement qu'on ne lit pas dans les pensées, nous disons-nous.
Lucile avait pourtant cette faculté depuis la naissance. Elle ne s'était pas tout de suite rendue compte que les autres ne pouvaient pas faire pareil. Un jour de son enfance, elle posa une question à son père. Il ignorait la réponse et tenta de cacher sa gêne. Mais il se trahit en pensées, et Lucile comprit que tout un univers complémentaire lui était ouvert.
A dix-sept ans, elle adorait jouer de son pouvoir. Elle testait sans limites jusqu'où elle pouvait faire penser les gens. Elle posait mille et une questions et attendait, pour savoir à qui elle avait affaire. Aussi, c'était devenu banal à ses yeux que les gens se mentent avant tout à eux-mêmes. Elle pu tester amis, membres de sa famille, profs et adultes de tous âges. Elle jouissait de cette capacité d'une façon dérangeante. Sa soif d'en apprendre toujours plus n'avait pas de fin. Son don était une aire de jeu.
Quand, poussée un jour à l'extrême, sa curiosité se retourna contre elle, elle entendit les voix de tous les passants aux alentours. A trente et un ans, elle avait accumulé trop de bruit et ne parvenait plus à mettre en mode off toutes ces cacophonies. Elle avait perdu le contrôle. Une crise de nerfs lui ouvrit les portes de la psychiatrie. On l'étudia, on la bourra de médicaments, on testa sur elle toutes sortes de molécules afin de comprendre ce qui endormirait ce que les médecins appelèrent "schizophrénie". Elle décida de ne pas leur prouver ses capacités. En six ans, ils la brisèrent. C'était sa crise de foi. Elle douta de l'existence de son "don", puis l'oublia. Avait-elle rêvée et imaginée toute sa vie? Où commençait et s'arrêtait la "réalité"?
Jusqu'au jour où Lucile rencontra à l'hôpital un nouveau patient, qui devint son mentor. Il la guida dans la redécouverte d'elle-même. Elle décida de reprendre le pouvoir créateur de sa vie, et de se réattribuer son identité. Plus personne n'en décidera à sa place.
Avec un entraînement mental quotidien, méditations, visualisations et diverses techniques, elle transforma peu à peu sa sensibilité, et sa curiosité mal placée, en forces. Elle apprit à moduler et canaliser ces voix. C'est ainsi qu'elle pu entendre le silence.
Elle était devenue une femme libre.
02 octobre 2014
N.B. : petite frustration et insatisfaction de mon texte, et surtout de la fin, bâclée à mes yeux. Texte rédigé en vitesse pour le concours, et non retravaillé par la suite.
Un bel outil de transformation ! Très intéressant San-Ja... ça me plaît forcément ;)
· Il y a environ 10 ans ·Apolline
MERCI Apolline! Tes commentaires me vont toujours droit au coeur ;)
· Il y a environ 10 ans ·wildstyle