Vulgarité.

Quand j'étais jeune, je suis sorti avec une fille, car elle avait un beau cul et une belle tête aussi et puis, le reste trop de la balle, comme disait Gabin dans « Quai des brunes » à la blonde Morgan. Par contre, elle, ma copine, pas Morgan, était assez vulgaire dans sa façon de s'exprimer et dans ses manières, interdites aux moins de seize ans. Même,  Nadine de Rothschild n'aurait rien pu faire pour cette gourgandine dans ses règles régulières de bienséance, dispensées tous les vingt-huit jours.Un beau jour qui se révéla être mauvais, je me cassais, en me caressant, deux côtes assez proches, l'une de l'autre, par une ascendance filiale commune. Je vous épargne mon arbre généacostalgique, ainsi que les détails de l'accident, qui comme tout accident n'est qu'une synergie de concours de circonstances malheureuses ou maladroites ou les trois ensemble, pour finir par venir vous emmerder dans une tranquilité qui n'était guère appréciée, au demeurant. Seule la douleur réveille le plaisir de ne rien ressentir, ataraxie quand tu nous tiens ! Nous ne t'apprécions, du bois, jamais à ta juste valeur. Bref, ce beau jour, où je rencontrais ma copine d'alors, je lui dis après l'avoir embrassée tendrement et crier sauvagement de douleur à cette contorsion. En effet, elle était très grande et j'étais très petit, sans effet. Par contre, si je n'ai guère grandi avec les ans, elle, a bien dégrandi avec le temps. Je le sais, car nous nous croisons encore au hasard des aléas de nos trois vies parallèles. (Non ! Là, ce n'est point, encore une erreur arithmétique de style, mais je préfère penser que j'ai une vie supplémentaire de rattrapage, ça m'arrange.) Elle, mon ex copine, donc, a été amputée des deux pieds, en deux fois, à la suite de deux accidents cons. Je vous épargne les accidents, qui comme tout accident, ne sont qu'une synergie de concours…etc. Elle, toujours mon ex copine, se déplace à présent en fauteuil roulant ou en roulant sur un fauteuil à séant  ou encore sur deux béquilles en criant : « Putain de bordel de merde ! » à chaque pas, car cela lui fait très mal à ses mignons moignons. Mais revenons à notre histoire qui est, du reste, plutôt la mienne, car nous ne nous fréquentions pas encore, à l'époque. Je lui dis, donc, après l'avoir embrassée tendrement et crier sauvagement de douleur à cette contorsion.

-         Aie ! Excuse-moi ma colombe, je me suis cassé deux côtes sur le côté.

-         Putain ! Mais t'es con ? Ou quoi, dont ! T'es pas près de me baiser, alors !

Ma copine du moment ne crachait pas sur la chose. Elle était sans complexe par rapport au sexe et on peut le dire, sans avoir peur du « qu'en dira l'autre ! », qu'elle m'a tout appris sur la question, plus que les inquisiteurs qui m'ont très fait mal, pourtant ! Un, comment faire son lit au carré ! Heu, non, pardon, là je confonds avec l'armée. Un an sous les drapeaux dans de beaux draps. Mais revenons à la vie civile et à notre histoire, qui est, au demeurant, plutôt la mienne, car nous ne nous compromissions pas encore dans de sales trafics illicites. A moins que dissimulée sous un avatar ma belle amputée se cache sur WLW pour écrire.Dans ce cas, je lui dirai… mais seulement, m'entendra-t-elle, seulement ? Lira-t-elle ce message roulé dans une vulgaire bouteille de Romanée-Conti millésimée à 4000 € chez NICOLAS, lancée à la mer tant immense qu'elle devint Océan's Eleven ?« Non ! Je ne t'ai jamais oubliée, ma chérie, tu fais, comme l'amour, toujours partie, des doux souvenirs de mon existence. » Voilà c'est dit ! Attendez, j'ai déjà un message en commentaire… Mais est-ce-t-elle, vraiment-elle ? N'est-ce-t-elle point-virgule, une autre? « Putain ! T'es enfin réparé, mon coco ? On va pouvoir baiser, alors ! Pas trop tôt ! J'ai envie de prendre mon pied ! Bordel de merde ! »

Je pense que c'est bien-t-elle-même, la même, la mienne ! 

A l'occasion, j'en profite pour rappeler à mes annonceurs que je n'ai toujours rien touché pour le mois dernier.